Dupieux en mode « Piano ! », que nenni !!!
Pour son 14ème film et son 9ème en 7 ans seulement (Waouw !!!, c’est plus du cinéma mais une série), Dupieux vomit à nouveau notre époque formidable avec un humour féroce sans égal. Ici, à travers l’histoire d’une influenceuse célèbre, il brosse une satire au vitriol des réseaux sociaux et des médias en mode comédie très noire. On pourrait même parfois penser à « Fargo » des Coen. Magali, ou Magaloche pour son assistant personnel ou plutôt son esclave, publie des vidéos performatives depuis sa jeunesse dans lesquelles elle se mutile et qui ont un succès phénoménal sur le web. Des vidéos d’une vacuité extrême et d’une bêtise sans nom mais rapportant des millions à sa star ; Adèle Exarchopoulos est sidérante dans ce rôle de « Jackass » contemporaine ; alliée à un Jérome Commandeur au diapason, le duo fonctionne à merveille. Ajoutons à ces deux-là , une Sandrine Kiberlain et un Karim Leklou à contre-emploi ; le casting et la direction d’acteur méritent déjà le détour. Tous participent au bras d’honneur fait à notre époque ; Dupieux, cynique et misanthrope comme jamais, renoue avec la veine pastiche de film d’horreur de certains de ses films. Comme marque de fabrique pour dénoncer sans être réac’ , il utilise toujours l’absurde, le grotesque et le baroque. Lui, l’homme-orchestre (scénariste, cadreur, monteur, compositeur) se met aussi en abime sur ce film. L’artiste est présenté comme quelqu’un qui ne travaille pas ; une forme d’auto-commentaire sur sa propre mécanique créative faite de films suffisamment simples et minimaux en terme de fabrication pour être produit en six mois seulement. Il tacle aussi les journalistes lors de cette scène entre Kimberlain et Exarchopoulos, et leur obession à réclamer des explications et des justifications aux artistes au lieu de partager simplement son ressenti subjectif. Alors que ce qui fait le sel de son cinéma est que son œuvre tend à ressembler aux « Nouvelles histoires extraordinaires » d’Edgar Allan Poe ; il faut de plus en plus voir Dupieux comme un nouvelliste noir et morbide. Chaque film est une plongée abyssale et une expérience inédite… de plus ou moins bon goût, plus ou moins abouti, mais toujours plaisante car faisant débat.
Sorti en 2025
Ma note: 14/20