Co-production italo-britannique, et non pas américaine comme certains le pensent Mais Paramount n'est que distributeur, et derrière il y a le nabab Dino De laurentiis producteur entre autre de "La Strada" (1954) de Federico Fellini, "Waterloo" (1970) de Sergueï Bondartchouk ou "Les Trois Jours du Condor" (1975) de Sydney Pollack. Toujours aussi opportuniste qu'instinctif le producteur surfe sur le flot du succès mondial "Les Dents de la Mer" (1975) de Steven Spielberg ; ironie du sort, "Orca" est justement le nom du bateau de pêche de Quint alias Robert Shaw dans le film de Spielberg. L'histoire est signée de Luciano Vincenzoni et Sergio Donati, deux des plus fameux scénaristes italiens des années 60-70 et qui ont notamment travaillé pour Sergio Leone, respectivement sur "Le Bon, la Brute et le Truand" (1966) et "Il était une Fois dans l'Ouest" (1968), puis en duo sur "Et pour Quelques Dollars de Plus" (1965) et "Il était une Fois la Révolution" (1971). Il existe un roman (1977) de Arthur Herzog III, mais il ne s'agit pas d'une adaptation mais d'une novélisation du scénario écrite pendant le tournage du film. Co-production oblige, si les italiens sont à l'écriture, la réalisation est confiée au britannique Michael Anderson auquel on doit "les Briseurs de Barrages" (1955), "Le Tour du Monde en Quatre -Vingt Jours" (1956), "Opération Crossbow" (1965) ou "L'Âge de Cristal" (1976). Avec son équipage le capitaine Nolan pêche le requin. Alors qu'un des équipiers tombés en mer est attaqué par un requin il est sauvé par un orque qui tue le squale. Nolan et son équipage est éberlué par la violence de l'attaque et décide de capturer un specimen d'épaulard, l'autre nom de l'orque. Râtant sa cible en ne blessant qu'un aileron d'un mâle le harpon blesse par contre mortellement la femelle s'en suit une agonie effroyable. Nolan rencontre alors une scientifique spécialisée dans les épaulards, ainsi qu'un autochtone qui le mettent en garde contre l'intelligence supérieure d'un orque et des légendes qui font que la vengeance d'un orque serait à prendre au sérieux...
Le capitaine Nolan est incarné par Richard Harris vu notamment dans "Un Homme nommé Cheval" (1969) de Elliott Silverstein, "Traître sur Commande" (1970) de Martin Ritt, "La Rose et la Flèche" (1976) de Richard Lester, puis retrouvera dans "Tarzan, l'Homme Singe" (1981) de John Derek la fille de ce dernier, Bo Derek ici dans son premier rôle qui jouera encore pour son père dans "Bolero" (1984) et elle retrouvera Michael Anderson pour "Amour Fantôme" (1990). La scientifique est interprétée par Charlotte Rampling vue dans "Les Damnés" (1969) de Luchino Visconti, "Portier de Nuit" (1974) de Liliana Cavani ou "La Chair de l'Orchidée" (1975) de Patrice Chéreau, tandis que l'autochtone est joué par Will Sampson géant amérindien remarqué dans "Vol au-dessus d'un Nid de Coucou" (1975) de Milos Forman, puis vu dans "Buffalo Bill et les Indiens" (1976) de Robert Altman, "Josey Wales, Hors-La-Loi" (1976) de et avec Clint Eastwood et "Le Bison Blanc" (1977) de Jack Lee Thompson. Citons ensuite Keenan Wynn apparu dans "La Soif du Mal" (1958) de Orson Welles, "Docteur Folamour" (1964) de Stanley Kubrick ou "Il était une Fois dans l'Ouest" (1968) et qui juste après retrouvera des eaux carnivores avec "Piranhas" (1978) de Joe Dante, Robert Carradine vu dans "les Cowboys" (1972) de Mark Rydell ou "Mean Streets" (1973) de Martin Scorcese, puis enfin Don "Red" Barry acteur fétiche de George Sherman dans pas moins d'une douzaine de films mais aussi dans "Seuls les Anges ont des Ailes" (1939) de Howard Hawks, "L'Homme aux Colts d'Or" (1959) de Edward Dmytryk ou "Johnny s'en Va-t-en Guerre" (1971) de Dalton Trumbo... Notons que la musique est signée du maestro Ennio Morricone, qui reste assez discrète sur ce film mais précisons que la chanson finale, composée par lui et interprétée par Carol Connors ne figure étonnament pas dans la B.O. du film. Logiquement le réflexe est de comparer ce film avec "Les Dents de la Mer" (1975) de Spielberg, en remarquant surtout deux paramètres ; d'abord la vengeance du père Orque qui renvoie surtout au plus mauvais de la saga originelle "Les Dents de la Mer 4 : la Revanche" (1987) de Joseph Sargent à la différence près que le Requin va une fois de plus perdre le combat. Ensuite "Orca" à l'avantage d'être plus précis, plus fidèle et plus réaliste sur l'animal lui-même, ainsi il faut rappeler par exemple que non le requin n'est pas un tueur d'hommes et que le requin dans la saga initiée par Spielberg est un animatronique, alors que dans "Orca" toutes les infos zoologique concernant l'épaulard (orque) sont véridiques à l'exception près des larmes, et que l'utilisation de maquettes animatroniques ont été beaucoup plus limitées et donc la plupart des orques sont de vrais animaux.
Mais le film "Orca" est moins centré sur le genre film d'horreur, et opte pour une dimension naturaliste et psychologique bien plus forte que dans le film de Spielberg, qui compense par contre par une mise en scène, une tension et un climax bien plus efficace. Michael Anderson signe un film qui s'avère plus intéressante menant un parallèle psychologique entre l'épaulard vengeur et un capitaine pêcheur ce qui rapproche le film non pas de "Les Dents de la Mer" (1975-1987) mais surtout de "Moby Dick" (1956) de John Huston, d'après le magnifique roman éponyme (1851) de Herman Melville. Orca est ainsi le roi des océans en lieu et place du cachalot Moby Dick, tandis que le capitaine Nolan est un pendant du capitaine Achab. Enfin on apprécie le fait que l'épaulard se venge de façon aussi méthodiquement que le ferais un humain, ainsi il tue les proches pour toucher encore plus Nolan/Harris, les pleurs de l'orque sont certes invraisemblables, mais permettent de nous émouvoir et créer ainsi une sorte d'équilibre avec Nolan qui reste antipathique mais forcément humain. Le face à face se façonne donc comme un réel duel entre deux individus d'intelligence supérieure, et en cela reste plus passionnant que le film de Spielberg. Si le film reste moins "gore" que les "sharks movies" néanmoins la séquence au début de l'"accouchement" est particulièrement effroyable, attention aux âmes sensibles. Le film pêche juste par une mise en scène plus académique et un style moins spectaculaire. Un très bon film donc qui mérite bien plus que d'être dans l'ombre de son "aîné".
Note :
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