Une fois n’est pas coutume... Je ne vais pas être d’accord avec Sélénie, et de beaucoup ! Après un premier opus extraordinaire, mêlant habilement synopsis original, humour mordant et interprétation brillante, suivi d’un deuxième film en demi-teinte et d’un troisième franchement catastrophique, cette conclusion annoncée de Bridget Jones laissait présager le pire. Et pourtant, dans le petit monde incertain des suites, voilà une belle surprise.
Bridget est désormais maman de deux enfants, nés de son histoire avec l’incomparable Mark Darcy... mais celui-ci est décédé. Devenue veuve, elle peine à faire face à la réalité. En mode pyjama permanent, même pour amener les enfants à l'école, les cheveux en bataille et toujours aussi maladroite, elle tente tant bien que mal de reprendre pied, entourée de ses fidèles et quelque peu envahissants amis. Le film suit alors sa tentative de renaître à la vie : trouver un nouvel équilibre, un travail, et peut-être, un nouvel amour.
Renée Zellweger reprend avec tendresse et maturité le rôle emblématique de Bridget, marquée par les épreuves, mais toujours aussi touchante. Certes, on regrettera un visage un peu figé par la chirurgie, qui empêche parfois de transmettre pleinement les émotions comme auparavant — un constat malheureusement partagé par de nombreux acteurs. Malgré cela, Bridget reste elle-même : toujours un peu immature, toujours gaffeuse, mais profondément humaine. Ce quatrième film met en lumière ce fragile équilibre entre la femme mûre et la femme qui veut encore croire aux possibles, et surtout à l’amour.
Les personnages secondaires jouent leur rôle avec justesse, accompagnant l’évolution de Bridget vers une véritable conclusion de son histoire, avec un clin d’œil au premier film. Mention spéciale à Hugh Grant, de retour dans la peau d’un séducteur fané, presque repenti, toujours borderline, qui apporte une touche d’ironie bienvenue.
Le bémol majeur du film reste sans doute son ancrage dans l’époque post-MeToo, qui semble avoir gommé une partie de l’impertinence et du ton irrévérencieux qui faisaient le charme des premiers volets. Certaines scènes paraissent autocensurées, les dialogues manquent parfois de piquant, et la trame générale devient un peu trop mielleuse pour sembler vraie.
Mais le véritable cœur du film, c’est le traitement du deuil. La perte de Mark Darcy est abordée avec une justesse surprenante, à travers les yeux de Bridget, mais aussi ceux de son fils. Mark reste une présence constante, un souvenir vivant. Le film alterne ainsi des moments de tendresse sincère, de nostalgie douce, et parfois, de profonde tristesse.
Alors oui, le rythme accuse beaucoup de lenteurs, l’humour est moins présent qu’à l’époque du journal, mais on retrouve quand même l’essence même de Bridget Jones : une femme imparfaite, drôle, et attachante. Bridget Jones 4 ne sera jamais un grand film, mais il reste une jolie romance, touchante et sincère — parfaite pour les cœurs tendres.
Note :
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