Deuil estival avec la disparition de l'acteur Terence Stamp survenue ce 17 août 2025 à l'âge de 87 ans.
Né en 1938 à Londres, aîné de trois frères (Chris, le cadet deviendra le manager du groupe The Who entre 1966 et 1973), Terence Henry Stamp naît au sein d'une famille ouvrière dont le père charge le charbon dans la chaudière d'un remorqueur. La famille vit sous les bombes durant la Seconde Guerre Mondiale. La famille est très modeste et le jeune Terence fait le choix très tôt de quitter l'école pour aller travailler. Il obtient un poste de coursier dans une agence de publicité et gravit doucement les échelons mais il obtient finalement une bourse qui le pousse à reprendre ses études dans une école d'Art Dramatique. Il partage alors un petit appartement en colocation avec un certain Michael Caine alors encore inconnu.
Il joue un peu au théâtre et obtient un second rôle important avec une autre débutante, Sarah Miles, dans "Le Verdict" (1962) de Peter Glenville aux côté des stars Simone Signoret et Laurence Olivier. Il est alors remarqué par Peter Ustinov, acteur-réalisateur qui déclare alors qu'il faut "utiliser son visage pur avant que le jeune homme perde son innocence". Ustinov le choisit donc pour le rôle principal de son film "Billy Budd" (1962 - ci-dessous) avec Robert Ryan et Melvyn Douglas où il est un jeune marin. Le film est un succès et surtout il reçoit plusieurs nominations et gagne le Golden Globe 1963 de la révélation masculine ce qui lui ouvre grand les portes de la reconnaissance internationale.
Il est choisi ensuite pour jour "L'Obsédé" (1965) de William Wyler où il joue une jeune homme perturbé qui kidnappe la femme qui l'obsède, rôle pour lequel il est salué et confirme son talent. Il participe à la comédie d'espionnage "Modesty Blaise" (1966) de Joseph Losey avec Monica Vitti et Dirk Bogarde, puis joue dans l'adaptation littéraire "Loin de la Foule Déchaînée" (1967) de John Schlesinger avec Julie Christie, incarne un petit voleur dans "Pas de Larmes pour Joy" (1967 - ci-dessous) de Ken Loach, mais entre temps il connaît aussi quelques désillusions comme le rôle du photographe pour "Blow-Up" (1966) de Michelangelo Antonioni qui lui avait promis le rôle avant de choisir finalement David Hemmings, ou le rôle d'un certain James Bond pour remplacer Sean Connery après "On ne vit que Deux Fois" (1967) de Lewis Gilbert.
Malgré tout il remplace au pied levé la star Robert Redford pour le western atypique dans "El Gringo" (1968 - ci-dessous) de Silvio Narizzano avec Karl Malden avant d'incarner un invité mystérieux qui s'incruste au sein d'une famille dans "Théorème" (1968) de Pier Paolo Pasolini avec notamment Silvana Mangano, puis joue une acteur bisexuel et drogué dans le sketch "Ne pariez pas votre Tête avec le Diable" de Federico Fellini dans film collectif "Histoires Extraordinaires" (1968).
Entre temps l'acteur est devenue une icône du dandysme du Swingin London, séduit entre autre Joan Collins et surtout Jean Schrimpton (ensemble ci-dessous), alors mannequin la mieux payée au monde. Mais leur relation ne dure pas, juste après avoir incarné Rimbaud face à Verlaine alias Jean-Claude Brialy dans "Une Saison en Enfer" (1971) de Nelo Risi, alors que la top model qualifie leur relation de "ennuyeuse" l'acteur prend du recul et se retire dans un ashram en Asie.
Il revient dans un film improbable avec le film d'anticipation "Hu-Man" (1975) de Jérôme Laperrousaz avec tout de même Jeanne Moreau où dans son propre rôle il cherche à voyager dans le temps dans un processus qui doit débuter au Mont-Saint-Michel (?!), puis fait face à Laura Antonelli et Marcello Mastroianni dans le drame historique "Divine Créature" (1975), incarne Edgar Allan Poe dans "Black-Out" (1977) de Philippe Mordacq, participe à "Rencontres avec des Hommes Remarquables" (1977) de Peter Brook d'après l'autobiographie du philosophe Georges Gurdjieff, retrouve en tant que partenaire Peter Ustinov dans le téléfilm "Le Voleur de Bagdad" (1978) de Clive Donner, puis incarne le général Zod dans la superproduction "Superman" (1978 - ci-dessous) de Richard Donner face à Christopher Reeve ou Marlon Brando suivi logiquement de "Superman 2" (1980) de Richard Lester.
Il connaît quelques échecs comme "Le Mystère de l'Île aux Monstres" (1981) de Juan Piquer Simon ou "Meurtre au Vatican" (1982) de Marcello Aliprandi mais retrouve des critiques dithyrambiques avec le joli succès de "The Hit" (1984 - ci-dessous) de Stephen Frears avec John Hurt et Tim Roth.
Il accepte d'être non crédité pour incarner le Diable dans "La Compagnie des Loups" (1984) de Neil Jordan, il est un hôte qui disparaît mystérieusement dans "Link" (1985) de Richard Franklin avec Elizabeth Shue, joue dans le polar judiciaire "L'Affaire Chelsea Deardon" (1986) de Ivan Reitman face à Robert Redford et Darryl Hannah, incarne un prince dans "Le Sicilien" (1987) de Michael Cimino face à Christophe Lambert, est un des rouages de "Wall Street" (1987 - ci-dessous) de Oliver Stone avec Michael Douglas, Charlie Sheen et y retrouvant Darryl Hannah, joue un second rôle face à James Caan dans le film de SF "Futur Immédiat, Los Angeles 1991" (1988) de Graham Baker, puis enfin il est le grand propriétaire John Tunstall dans le western "Young Guns" (1988) de Christopher Cain où il croise tout une nouvelle génération avec Emilio Estevez, Kiefer sutherland, Lou Diamond Phillips ou Dermot Mulroney et retrouve aussi Charlie Sheen.
L'acteur devient réalisateur avec "Stranger in the House" (1990) qui passe inaperçu, tourne en Espagne "Bettenebros" (1991) de Pilar Miro, retourne au polar hollywoodien avec "L'Affaire Karen McCoy" (1993) de Russell Mulcahy avec Kim Basinger et Val Kilmer, puis surtout il trouve le rôle d'une vie en drag queen dans l'inénarrable "Priscilla, Folle du Désert" (1994) de Stephan Elliott avec ses "copines" Hugo Weaving et Guy Pearce.
Il joue un éditeur piégé dans "Tiré à Part" (1996) de Bernard Rapp, il est un guide matrimonial dans "Bliss" (1997) de Lance Young, il retrouve les sommets avec le polar "L'Anglais" (1998 - ci-dessous) de Steven Soderbergh où il sort de prison et part trouver qui a tué sa fille, un film qui reprend en flash-back quelques passages du film "Pas de Larmes pour Joy" (1967) de Ken Loach.
Il participe à la comédie hollywoodienne "Bowfinger, Roi d'Hollywood" (1999) de Frank Oz avec Steve Martin et Eddie Murphy, participe ensuite au Space Opera "La Menace Fantome" (1999) de George Lucas et enchaîne avec un autre film de SF "Planète Rouge" (2000) de Antony Hoffman avec Carrie-Anne Moss et retrouvant Val Kilmer, retrouve la France et séduit Charlotte Gainsbourg dans "Ma Femme est une Actrice" (2001) et de et avec Yvan Attal, fait un caméo non crédité dans "Full Frontal" (2002) de Steven Soderbergh, retrouve Eddie Murphy pour la comédie loufoque "Le Manoir Hanté et les 999 Fantômes" (2003) de Rob Minkoff, il est le papa de Tara Reid face au prétendant Ashton Kutcher dans "Mon Boss, sa Fille et Moi" (2003 - ci-dessous) de David Zucker.
L'acteur trouve de moins en moins de rôle principal, abonné aux seconds rôles voir au troisième de prestige. Il rencontre Gary Oldman et Robert Carlyle dans "Dead Fish" (2004) de Charley Stadler, rencontre Jennifer Garner alias "Elektra" (2004) de Rob Bowman, il fait face à James McAvoy et Angelina Jolie dans "Wanted : Choisis ton Destin" (2008) de Timur Bekmambetov, retrouve la comédie d'espionnage avec l'adaptation d'une série TV culte "Max la Menace" (2008) de Peter Segal avec Steve Carrell et Anne Hathaway, poursuit dans le rire avec "Yes Man" (2009 - ci-dessous) de Peyton Reed avec Jim Carrey puis retourne au drame historique dans le sous-estimé "Walkyrie" (2009) de Bryan Singer au sein d'un casting pestigieux emmené par Tom Cruise.
Il retrouve le monde de l'espionnage dans "L'Agence" (2011) de George Nolfi avec Matt Damon et Emily Blunt, il retrouve surtout un rôle principal dans la petite comédie indépendante "Song for Marion" (2013 - ci-dessous) de Paul Andrew Williams avec Vanessa Redgrave et Gemma Arterton, il est mêlé à une arnaque dans l'art avec "Art of the Steal" (2013) de Jonathan Sobol avec Kurt Russell et Matt Dillon, puis tourne dans le biopic artistique "Big Eyes" (2014) de Tim Burton avec Amy Adams et Christoph Waltz, et retrouve aussitôt après le même réalisateur pour "Miss Peregrine et les Enfants Particuliers" (2016) avec Eva Green.
Il tourne dans le drame "Holodomor, la Grande Famine Ukrainienne" (2017) de George Mendeluk, incarne dieu Odin dans "Viking Destiny" (2018) de David L.G. Hugues, participe à l'enquête farfelue de "Murder Mystery" (2019) de Kyle Newacheck avec Adam Sandler, Jennifer Aniston et retrouve Gemma Arterton, puis enfin il tourne son ultime film avec l'excellent "Last Night in Soho" (2021- ci-dessous) de Edgar Wright avec Thomazin McKenzie et Anya Taylor-Joy.
Si l'acteur a connu une période faste en tant que dandy séducteur du Swinging London il n'aura épousé qu'une seule femme, une pharmacienne de 35 ans sa cadette de 2002 à 2008.
L'acteur aura écumé plus de 6 décennies de cinéma, dans tous les genres, tous les styles, et aura marqué le Septième Art de son visage impassible et son regard bleu acier.
Terence Stamp est mort ce dimanche 17 août 2025 chez lui à Londres à l'âge de 87 ans.