Le projet est acquis par la Filmways, société de production de Martin Ransohoff derrière par exemple "Topkapi" (1964) de Jules Dassin ou "Le Chevalier des Sables" (1965) de Vincente Minnelli, il s'agit d'une adaptation du roman éponyme (1963) de Richard Jessup dont le scénario est signé de Terry Southern conun pour avoir écrit "Docteur Folamour" (1964) de Stanley Kubrick et "L'Obsédé" (1965) de William Wyler, puis de Ring Ladrner Jr. connu pour ses "femmes" "Laura" (1944) et "Ambre" (1947) tous deux de Otto Preminger. Au départ le projet est proposé à Sam Peckinpah tout juste sorti de son western "Major Dundee" (1965) qui opte pour un Noir et Blanc qui ne convainc pas les producteurs, puis qui improvise des scènes plus ou moins érotiques avec Sharon Tate qui devait avoir ici premier rôle principal. Ainsi, Peckinpah est finalement renvoyé, le casting légèrement modifié (pauvre Sharon Tate...)et la réalisation est offerte à Norman Jewison lancé grâce au couple Tony Curtis-Janet Leigh qui le choisissent pour "Des Ennuis à la Pelle" (1962), et qui ne parvient pas encore à sortir du lot malgré quelques films, mais ce sera chose faîte grâce à ce film avant de confirmer un talent certain avec les futurs chefs d'oeuvre "Dans la Chaleur de la Nuit" (1967) et "L'Affaire Thomas Crown" (1968). Précisons que le type de poker dans le film est le Stud à cinq cartes, surnommé ensuite le Cincinnati Kid, le jeu est alors à son apogée et le succès du film poussera le World Series of Poker à choisir ce mode de jeu pour les championnats du monde entre 1971 et 1974 avant d'être supplanter par le Texas Hold'Em... Dans les années 1930, Eric Stoner est un brillant joueur de poker en Nouvelle-Orléans. Afin de fortifier sa réputation son manager profite du passage en ville de Lance Howard, une star dans le domaine, pour arranger une partie d'anthologie entre les deux hommes...
Eric Stoner alias Le Kid est incarné part Steve McQueen devenu un star grâce aux succès de "Les Sept Mercenaires" (1960) et "La Grande Evasion" (1962) tous deux de John Sturges. Citons ensuite les autres joueurs comme Karl Malden qui retrouvera la star juste après dans "Nevada Smith" (1966) de Henry Hathaway, retrouve après "Baby Doll" (1956) de Elia Kazan l'acteur Rip Torn apparu également dans "Doux Oiseaux de Jeunesse" (1962) de Richard Brooks, et retrouve aussi aussi après "Les Cheyennes" (1964) de John Ford son partenaire Edward G. Robinson monstre sacré dont on peut citer "Le Petit César" (1931) de Mervyn LeRoy, "Assurance sur la Mort" (1944) de Billy Wilder ou "Le Criminel" (1946) et avec Orson Welles. Le héros est également bien entourée avec Tuesday Weld remarquée dans "Une Seconde Jeunesse" (1960) de Blake Edwards et "La Dernière Bagarre" (1963) de Ralph Nelson, Ann-Margret (en lieu et place de Sharon Tate) remarquée dans "L'Amour en Quatrième Vitesse" (1964) de George Sidney et "Les Tueurs de San Francisco" (1965) de Ralph Nelson, puis Joan Blondell star des années 30-40 vue entre autre dans "L'Ennemi Public" (1931) de William A. Wellman, "Un Homme a Disparu" (1937) de Michael Curtiz, "Le Charlatan" (1947) de Edmund Goulding ou "La Blonde Explosive" (1957) de Frank Tashlin. Citons encore Cab Calloway jazzman connu et apparu au cinéma dès les années 30 mais sa présence la plus mythique reste dans "The Blues Brothers" (1980) de John Landis, Jack Weston aperçu dans "Je veux Vivre !" (1958) de Robert Wise ou "Mirage de la Vie" (1959) de Douglas Sirk, Jeff Corey vu notamment dans "Femme de Feu" (1947) de André De Toth, "Le Convoi Maudit" (1950) de Roy Rowland ou "De Sang-Froid" (1967) de Richard Brooks, Karl Swenson qui est entré à la postérité surtout pour son rôle de revérend dans la série TV culte "La Petite Maison dans la Prairie" (1974-1978), auparavant remarqué dans de très nombreux westerns des années 50-60 dont, ironie du sort, la même année dans "Major Dundee" (1965) après lequel il retrouve son partenaire Dub Taylor qui va devenir un fidèle de Peckinpah pour entre retrouver Steve McQueen dans "Guet-Apens" (1972), Emile Genest apparu dans "Massacre pour un Fauve" (1963) de Phil Karlson ou "L'Incroyable Randonnée" (1963) de Fletcher Marckle, Irene Tedrow vue dans "Fille d'Artistes" (1943) de Anthony Mann, "La Voleuse d'Amour" (1951) de John Cromwell ou "Tonnerre Apache" (1961) de Jospeh Newman, Dud Taylor, puis enfin Milton Selzer futur grand second rôle déjà aperçu dans "Le Grand Sam" (1960) de Henry Hathaway ou "Pas de Printemps pour Marnie" (1964) de Alfred Hitchcock... Pour l'anecdote, Steve McQueen a voulu imposer pour le rôle de Lancey Howard la star Spencer Tracy mais celui-ci refusa. Il fut alors remplacé par Edward G. Robinson qui, ironie du sort, était doublé en V.F. par Serge Nadaud, voix habituelle de Tracy... La musique est signée de Lalo Schifrin encore à ses débuts après sa remarquable B.O. de "Les Félins" (1964) de René Clément, et retrouvera Steve McQueen pour la B.O. de "Bullitt" (1968) de Peter Yates. Néanmoins, la chanson de la fin est chanté et signé d'un certain Ray Charles...
Le début est assez classique mais les pions se mettent en place doucement, d'abord avec une ambiance idéale, adéquate de néo-western et les éléments inhérents au genre et à l'époque (tripot enfumé, gueules patibulaires), puis un casting aux petits oignons avec la classe cool attitude de Steve McQueen évidemment, le sournois Karl Malden, le ponte Edward G. Robinson, ou la vénéneuse vamp Ann Margret, seule déçoit un peu la trop sage et ingénue Tuesday Weld. Le film est un pendant poker au chef d'oeuvre basé sur le billard "L'Arnaqueur" (1960) de Robert Rossen avec l'autre cool man Paul Newman. Il s'agit du premier vrai film qui repose sur le poker en ligne directrice, et c'est ainsi le premier film référence sur le sujet, pour décrire un poker fiable dans une atmosphère tendue, pesant et remplit des murmures enfumés de la salle. On peut avoir le sensation qu'il n'y a pas de suspens (c'est Steve McQueen tout de même !) mais ça reste tendu et de multitudes de détails dans les comportements instillent doutes et soupçons. Le film reste un must du genre grâce à la mise en scène qui instaure un climax spécifique. Il manque sans doute un profil psychologique plus fort (à l'instar de "L'Arnaqueur") pour convaincre pleinement mais ça reste un grand filmà conseiller et à voir.
Note :