L'Épreuve du Feu (2025) de Aurélien Peyre

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Premier long métrage de Aurélien Peyre à qui on doit les courts métrages "La Bande à Juliette" (2016) et "Coqueluche" (2018), et c'est ce dernier que le cinéaste veut retravailler : "Le point de départ est le même, une fille qui rejoint son petit copain sur une île où il passe ses vacances depuis qu'il est petit, et comment le regard amoureux du garçon se transforme au contact de ses amis et de leur point de vue classiste. Je voulais refilmer cette histoire différemment, en donnant davantage de densité aux personnages que j'avais ébauchés." Le réalisateur-scénariste retravaille donc son scénario mais demande à la fin l'aide d'une scénariste plus aguerrie, Charlotte Sanson qui entre autre écrit pour la série TV "Hippocrate" (2021), ou le film "Comment je suis devenu Super-Héros" (2021) de Douglas Attal. Le jeune cinéaste reçoit le soutien d'un grand producteur, Bruno Levy qui est derrière les films de réalisateurs comme Cédric Klapisch ou Anne Le Ny... Hugo, 19 ans, arrive comme chaque année sur une petite île bretonne où il passe ses vacances depuis l'enfance. Mais cette année c'est un peu différent, Hugo s'est transformé physiquement, et surtout il est accompagné de Queen, sa petite amie esthéticienne dont le style de ses ongles interminables et la verve détonnent avec la discrétion et la réserve de Hugo et interrogent ses amis de l'île...

La petite amie Queen est incarnée par une inconnue, Anja Verderosa, a priori petite influençeuse du net, tandis que Hugo est par contre joué par un des jeunes acteurs de la nouvelle génération, Félix Lefebvre vu dans "Été 85" (2020) de François Ozon, "La Passagère" (2022) de Héloïse Pelloquet ou "Ni Chaînes Ni Maîtres" (2024) de Simon Moutaïrou, il retrouve après "L'Heure de la Sortie" (2018) de Sébastien Marnier son partenaire Victor Bonnel vu ensuite dans "La Nuée" (2020) de Just Philippot. Citons ensuite Suzanne Jouannet remarquée dans "Les Choses Humaines" (2021) de Yvan Attal et "la Voie Royale" (2023) de Frédéric Mermoud, Sarah Henochsberg vue dans "Les Jeunes Amants" (2021) de Carine Tardieu ou "Les Amandiers" (2022) de Valeria Bruni-Tedeschi, Nolan Masraf aperçu dans "La Gravité" (2022) de Cédric Ido, Jules Porier remarqué dans "Madre" (2019) de Rodrigo Sorogoyen, "Simone, le Voyage du Siècle" (2022) de Olivier Dahan et "La Nuit du 12" (2022) de Dominik Moll, Aurélien Vacher aperçu dans "On a failli être Amies" (2014) de Anne Le Ny et retrouve son réalisateur après le court "La Bande à Juliette" (2016) ainsi que l'acteur Phénix Brossard vu ensuite dans "Vaurien" (2018) de Mehdi Senoussi, "Little Joe" (2019) de Jessica Hausner ou "Flo" (2023) de Géraldine Danon... Si le film s'inscrit dans le teen movie estival on est moins dans "La Boum" (1980-1982) de Claude Pinoteau ou "Les Beaux Gosses" que dans "Les Amours Imaginaires" (2010) de Xavier Dolan, "Lila dit Ca" (2005) de Ziad Doueiri voir même "Une Fille Facile" (2019) d e Rebecca Zlotowski auquel on pense plusieurs fois. Mais Aurélien Peyre pousse son film sur l'adolescence jusqu'au bout puisque pas un adulte n'apparaît dans le film. Pour faire plaisir à quelques-uns on pourrait parler de "adulescent" peut-être, mais ça reste donc bel et bien des ados, plutôt autonomes mais le réalisateur-scénariste instille bien dans le récit plusieurs éléments qui confirment que ces enfants sont encore sous l'autorité des parents ("maman", "bateau de papa", maison de grand-mère"... etc...). Mine de rien cette absence d'adultes responsables impose une atmosphère particulière, pesante, comme si finalement on savait que la sécurité était moins assurée, moins palpable ce qui se confirme quand Hugo/Lefebvre s'inquiète de revoir ses "amis" d'enfance. Par là même l'histoire se retrouve sur une île, accentuant ce côté huis clos insulaire où les secours éventuels sont forcément éloignés. Le climax reste alors particulier, pas malsain pour autant mais pas serein non plus.

On comprend que Hugo/Lefebvre est en pleine reconstruction physique et forcément psychologique, qui a bien du mal encore à croire qu'il a pu séduire Queen/Verderosa, ses "amis" ont encore plus de mal à comprendre et s'ils saluent la version "BG" de Hugo ils ont encore du mal à l'intégrer à leur groupe pas aidés sans doute par une petite amie légèrement exubérante mais surtout trop éloignée de leur monde. La semaine de vacances devient pour Hugo un challenge pour se faire enfin accepter, s'accepter et accepter son histoire avec Queen tandis qu'on se demande constamment qui dans la bande est sincère ou non jusqu'à un twist où l'émotion se fait aussi forte qu'authentique. Un dénouement qui foudroie tant il confirme que tous ces jeunes sont bien dans la bêtise adolescente ultime, comme le dit Queen avant même de tout savoir : "c'est méchant, ce n'est pas drôle". Le film est une joie surprise, un drame adolescent juste et subtil, qui casse justement les codes facilement comiques, qui casse aussi les clichés du genre où la plus touchante et finalement la plus humaine est la plus "simple" et sincère. Très bon point pour les dialogues, sans Wallah et wesh et autres termes devenus omniprésents mais loin d'être généraliste, mais aussi dans les échanges entre gênance et violence inouïe sont plus efficaces qu'un uppercut parfois. Un film à conseiller.

Note :                 

15/20