Les Dents de la Mer 3 (1983) de Joe Alves

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après le succès monial de "Les Dents de la Mer" (1975) de Steven Spielberg suivi à moindre mesure par "Les Dents de la Mer 2" (1978) de Jeannot Szwarc les producteurs veulent tirer encore sur la corde du tiroir caisse mais cette fois ils envisagent une troisième opus plus parodique qui serait intitulé "Requin : 3, Humain : 0" (?!) mais finalement Universal refuse ce projet qui serait pour eux une erreur. Finalement la réalisation est offerte à Joe Alves, Assistant réalisateur et chef décorateur des deux premiers opus, tandis qu'il est décidé que cette nouvelle histoire se focalisera sur les enfants du shérif Brody. Le scénario est écrit par Carl Gottlieb présent depuis le début de la saga en collaboration avec Richard Matheson remarqué depuis ses débuts sur le chef d'oeuvre "L'Homme qui Rétrécit" (1957) de Jack Arnold et fidèle ensuite du maître Roger Corman, sur une histoire de base signée de Guerdon Trueblood réalisateur de "The Candy Snatchers" (1973) et scénariste entre autre de "La Loi de la Haine" (1976) de Andrew V. McLaglen et "Les Fourmis" (1977) de Robert Scheerer. Le grand changement est que le film est prévu en relief suite à un engouement du moment et les succès des films d'horreur "Meurtres en 3 Dimensions" (1982) de Steve Miner et "Amityville 3D : le Démon" (1983) de Richard Fleischer. Le film est éreinté par les critiques mais avec un budget de 18 millions de dollars (moindre que le n°2 ce qui donne une idée de la confiance des producteurs) le film reste un petit succès engrangeant plus de 88 millions de dollars au box-office mondial. Malgré une baisse conséquente vis à vis des deux premiers films les producteurs vont, malheureusement, y croire assez pour lancer un quatrième film. Si les débuts de la 3D séduisent une partie du public la technique a ses limites lors de sa sortie en vidéo où le film est logiquement sans effet 3D. Il faudra attendre 2016 pour que le film ressorte en DVD compatible avec certains téléviseurs 3D... Les fils du shérif Brody ont grandi et se sont exilés en Floride. L'aîné travaille désormais dans un parc marin alors même qu'il est sujet à une peur de l'eau suite aux événements tragiques de Amity. Mais amoureux d'une collègue il finit par la soutenir en recueillant un requin dans leur parc. Malheureusement quand le requin meurt accidentellement ils comprennent qu'il était en fait le bébé d'une mère requin bien plus imposante qui a réussi à pénétrer dans le parc aquatique... 

Le enfants ayant grandi les acteurs ne sont donc pas les mêmes que dans les deux premiers films, tandis qu'aucun autre personnage ou acteur des deux premiers n'apparaît dans ce film. Ainsi, le fils cadet Sean Brody est joué par John Putch, vu ensuite dans "Garçon Choc pour Nana Chic" (1985) de Rob Reiner mais qui ne réussira pas à percer en tant qu'acteur et finit par devenir réalisateur sans réussir également dont le titre phare reste le nanard "American  Pie : les Sex Commandements" (2009), puis l'aîné Mike Brody est incarné par Dennis Quaid remarqué déjà dans "La Bande des Quatre" (1979) de Peter Yates ou "Le Gang des Frères James" (1980) de Walter Hill et qui va devenir une star avec la même année "L'Etoffe des Héros" (1983) de Philip Kaufman confirmé avec "L'Aventure Intérieure" (1987) de Joe Dante ou "Great Balls of Fire !" (1989) de Jim McBride. Sa collègue et petite amie est jouée par Bess Armstrong remarquée dans "Les Quatre Saisons" (1981) de Alan Alda et "Les Aventuriers du Bout du Monde" (1983) de Brian G. Hutton et vue ensuite dans "Serial Mother" (1994) et "Pecker" (1998) tous deux de John Waters. Citons ensuite Simon MacCorkindale aperçu dans "Mort sur le Nil" (1978) de John Guillermin ou "Le Mystère des Sables" (1979) de Tony Maylam mais qui sera surtout connu à la télévision malgré l'échec de sa série TV "Manimal" (1983) avec laquelle il aurait dû devenir une star, Louis Gossett Jr. totu juste oscarisé pour "Officier et Gentleman" (1982) de Taylor Hackford et qui entre dans sa décennie à succès avec entre autre la franchise "Aigle de Fer" (1986-1995) initiée par Sidney J. Furie, Lea Thompson vue ensuite dans "L'Aube Rouge" (1984) de John Milius et surtout la saga "Retour vers le Futur" (1985-1990) de Robert Zemeckis, puis P.H. Moriarty  vu dans "Scum" (1979) de Alan Clarke, "Racket : du sang sur la Tamise" (1980) de John Mackenzie ou plus tard "Arnaques, Crimes et Botaniques" (1998) de Guy Ritchie... L'idée même d'occulter le shérif Brody pour se focaliser sur les deux fils n'est pas très judicieuse, d'autant plus que les deux fils se sont exilés en Floride soit à des milliers de kilomètres de Amity ce qui rend une quelconque vengeance de squale complètement invraisemblable. Mais il est vrai que si les producteurs voulaient au départ que le requin signe la résurrection de celui électrocuté dans le précédent film, cette fois il s'agit d'une mère pour nous laisser croire à une vengeance maternelle alors qu'elle n'est jamais explicite, le fait même que le requin soit enfermé dans le parc aquatique peut suffire à vouloir simplement sortir du bassin et rejoindre simplement la mer. Mais déjà, le postulat est complètement stupide puisqu'il est complètement inimaginable de croire qu'un requin de 9 mètres puisse pénétrer dans le parc sans que personne ne voit quoi que ce soit. Comme les deux premiers films, les informations zoologiques sont toujours ineptes et sans intérêt pour les passionnés. Ce qui n'empêche pas ce nouveau film d'aller encore plus loin dans le n'importe quoi, citons par exemple le requin qui rugit sous l'eau ou le requin qui nage en marche arrière ce qui est impossible.

Même la musique est décevante, cette fois signée de Alan Parker, connu comme musicien de studio pour des stars tels que David Bowie, Elton John ou Serge Gainsbourg et qui prouve par la suite qu'être un as dans un studio ne veut pas dire être un compositeur de films talentueux ce que prouve ensuite une carrière cinéma limité malgré quelques films comme "Une Affaire de Famille" (1987) de John Hough ou "Gilbert Grape" (1993) de Lasse Hallström ; précisons que le musicien a partiellement plagié des extraits du "Sacre du Printemps" de Stravinsky et de la "Turangalîla-Symphonie" de Olivier Messiaen. Mais le film est un ratage surtout parce qu'il se démarque trop des deux premiers opus avec un récit trop différent à tous points de vue. Le scénariste Richard Matheson lui-même déclarera : "Je suis un bon conteur et j'ai écrit un bon plan et un bon scénario. Et s'ils avaient bien fait et s'il avait été réalisé par quelqu'un qui savait mettre en scène, je pense que cela aurait été un excellent film. Jaws 3-D était la seule chose que Joe Alves ait jamais réalisée ; l'homme est un chef décorateur très qualifié, mais en tant que réalisateur, non. Et la soi-disant 3D n'a fait que rendre le film trouble - cela n'a eu aucun effet. C'était une perte de temps." En effet, le résultat fait que la carrière de Joe Alves s'arrêtera quasiment à l'issue. Le pire reste la 3D qui à l'époque n'est assurément pas à un niveau respectable. Outre le lunettes polarisantes lors des séances on ne peut qu'être gêner par les images à l'écran, pas numériques forcément  mais en collage et incrustation qui ne peuvent passer le temps et paraissent désormais bien ridicules. 

Note : 

05/20