Homme de théâtre de nombreuses années, le franco-québecois Guillaume de Fontenay revient après son premier long métrage "Sympathie pour le Diable" (2019) avec un projet dont il n'est pas à l'origine. C'est Marc Stanimirovic, son producteur déjà sur le précédent, qui lui propose un scénario signé de Matt Alexander, auteur plus habitué pourtant aux comédies avec ce qui reste sans doute son meilleur travail sur "Le Boulet" (2002) de Alain Berberian, et suivi des plus médiocres "Je te Veux moi Non Plus" (2021) de Rodolphe Lauga ou le post-apocalyptique "Survivre" (2024) de Frédéric Jardin tous deux des productions de Marc Stanimirovic. Le réalisateur accepte à la condition de réorienter le script vers un "Jason Bourne au fémininé : "Barh, comme Bourne, n'est pas une figure vengeresse assoiffée de sang. Ce que nous avons développé chez cette femme membre de la cellule Alpha, c'est sa dimension morale qui la conduit à quitter la DGSE." Le cinéaste a insisté pour ancrer son film dans un hyper réalisme et s'est donc entouré de spécialistes, avec Alain Chouet ex-chef du renseignement de sécurité à la DGSE, Vincent Nouzille auteur du livre "Les Tueurs de la République" (2015), et Guillaume Dasquié documentariste spécialiste des réseaux d'influence... Siracine Badh est une ex-agente de la DGSE qu'elle a quitté suite à une opération tendancieuse. Retirée des affaires elle vit secrètement désormais au Maroc jusqu'au jour où son mari Ilias devient la cible d'un cartel. Elle va alors reprendre le chemin de la violence pour éliminer les membres du réseau...
Siracine est incarnée par Marine Vacth remarquée dans "Jeune et Jolie" (2013) et "L'Amant Double" (2017) tous deux de François Ozon et qu'on n'avait plus vu depuis "Mascarade" (2022) de Nicolas Bedos. Son époux est joué par Salim Kechiouche vu surtout chez Abdellatif Kechiche avec "La Vie d'Adèle" (2013) et le dyptique "Mektoub my Love" (2017-2019), et retrouve après "Voyoucratie" (2016) de Fabrice Garçon et Kevin Ossona et "Qu'un Sang Impur..." (2019) de Abdel Raouf Dafri son partenaire Hichem Yacoubi qui retrouve aussi après "Un Prophète" (2009) de Jacques Audiard et "Le Caire Confidentiel" (2017) de Tarik Saleh l'acteur Slimane Dazi qui retrouve après "La Voie du Serpent" (2024) de Kiyoshi Kurosawa l'acteur Grégoire Colin vu dans "Le Vourdalak" (2023) de Adrien Beau ou "La Mer au Loin" (2024) de Saïd Hamich et retrouve également après "La Vénus d'Argent" (2023) de Héléna Klotz son partenaire Niels Schneider qui retrouve son réalisateur après "Sympathie pour le Diable" (2019) et retrouve après "Sentinelle Sud" (2022) de Mathieu Gerault son autre partenaire Sofian Khammes qui retrouve Slimane Dazi après "Chouf" (2015) de Karim Dridi, puis citons Emmanuelle Bercot vue récemment dans "Les Trois Fantastiques" (2024) de Michael Dichter ou "L'Esprit Coubertin" (2024) de Jérémie Sein, puis Lionel Abelanskivu entre autre dans "Le Larbin" (2024) de Alexandre Charlot et Franck Magnier et "Finalement" (2024) de Claude Lelouch... Le film s'ouvre sur un flash-back, une opération létale dans une maison précise en Syrie (tournée au Maroc) qui s'inspire d'une attaque réelle qui s'est déroulée en 2018 et tourné en seulement en 1h30 afin de rendre palpable l'urgence et la tension. Le réalisateur avour s'être inspirée de "Zero Dark Thirty" (2013) de Kathryn Bigelow. Mais évidemment ce "Jason Bourne au féminin" n'a strictement rien à voir avec la saga "Jason Bourne" (2002-2016), et si le cinéaste précise qu'il veut faire de son héroïne autre chose qu'une tueuse vengeresse force est de constater que quoi qu'il arrive elle part pourtant en quête de vengeance. Ainsi Badh/Vacth s'inscrit plutôt dans la veine des action woman hollywoodienne aux côtés par exemple de "Ava" (2020) de Tate Taylor, "Bloody Milkshake" (2021) de Navot Papushado, "Jolt" (2021) de Tanya Wexler, "Kate" (2021) de Cédric Nicolas-Troyan, "The Mother" (2023) de Niki Caro, et même le tout récent "Ballerina" (2025) de Len Wiseman. Dès la scène d'ouverture on est déçu, tellement vu de prologue action bien plus réussi, plus immersive et plus efficace qu'on se dit qu'on est encore dans un film français qui n'est pas à la hauteur de ses ambitions. Le pire arrive quand on se rappelle les volontés du cinéaste et ses déclarations sur ce qu'il voulait avec ce qu'on a au final à l'image. Premièrement avec "Je tenais à ce côté immersif parce que, dans les scènes d'action, si on sent la chorégraphie, on perd en véracité. La dimension rugueuse, brute, crue, du tournage à l'épaule donne aux séquences une incroyable authenticité et j'avais le désir profond de projeter le spectateur dans un rouleau compresseur hyper réaliste." ; ok mais on sent bien la chorégraphie, comme souvent même dans les meilleurs films du genre et ça participe aussi parfois à ce côté impressionnant qui nous scotche au siège. La caméra à l'épaule n'est pas un gadget, et quand cela est mal utilisée on oscille entre mal de tête et/ou effet clippesque qui gâche, justement, le travail sur la chorégraphie des combats. Malheureusement c'est ce qui se passe ici.
En effet, les gunfights sont convenus ou déjà vu mille fois, pas une once de créativité et ce caméra à l'épaule est constamment beaucoup trop près des personnages, des gros plans qui annihilent toute fluidité dans les duels. Puis on remarque que le coordinateur des cascades est Alexandre Vu, excellent cascadeur à la filmo solide mais en coordinateur bien moins intéressant comme on a aussi pu le constater entre autre sur le récent "Ad Vitam" (2025) de Rodolphe Lauga, en témoigne entre autre cette poursuite à moto tout aussi mauvaise, ennuyeuse, mal cadrée... etc... Il est vrai que tout le monde ne peut pas être chez 007, Tom Cruise et consorts. Ensuite le cinéaste et sa monteuse Mathilde Van de Moortel déjà sur son précédent film, ont voulu "un film de 1h24 ultra-efficace, sans plans superflus", ce qui est là aussi bien décevant... ATTENTION SPOILERS !... Par exemple en quoi l'exécution sommaire et brutale au début par les deux fils est-elle nécessaire et en lien avec l'intrigue ?! Cette ultime scène où elle roule à moto pour seulement croiser du regard son ex-supérieure, en quoi est-ce légitime et/ou logique ?!... FIN SPOILERS !... Le film surnage grâce à un arrière-plan géo-politique assez tendancieux pour optimiser la tension, une Marina Vacth qui fait le job et une présence aussi ténébreuse que peu sous-exploitée de Niels Scnheider. Au final un énième film d'action sans grand intérêt, surtout sans assez de talent pour donner de l'ampleur et du panache à cet erstaz du genre.
Note :
