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Pourquoi voir Pluie noire ?
Le 6 août 1945 à 8h15 le ciel est clair au dessus de la ville d’Hiroshima, au Japon jusqu'à ce qu'un bombardier américain B-29, nommé Enola Gay, largue une bombe atomique surnommée "Little Boy", en 43 secondes, elle explose à 600 mètres d’altitude, libérant une énergie équivalente à 15 000 tonnes de TNT, 80 000 personnes meurent sur le coup et environ 140 000 morts au total jusqu'à la fin de l’année 1945, à cause des brûlures, blessures et surtout aux effets de la radioactivité.
La ville d'Hiroshima est anéantie sur un rayon de plusieurs kilomètres, le 9 août 1945, une seconde bombe est larguée sur la ville de Nagasaki, le 15 août, le Japon capitule mettant ainsi fin à La Seconde Guerre mondiale.
Les États-Unis voulaient forcer une reddition rapide du Japon sans invasion terrestre, afin d'éviter non seulement d'importante pertes humaines et montrer leur puissance au monde, notamment à l’URSS, la ville d'Hiroshima a malheureusement servit de test pour voir les effets de cette arme destructrice.
Hiroshima n’est pas seulement un événement militaire, c’est un traumatisme national et mondial, une ville qui a subi pour la toute première fois l'utilisation de la bombe atomique et a vu sa population civile anéantie à court et long terme.
Né en 1926 et décédé en 2006, Shōhei Imamura est l’un des plus grands réalisateurs japonais du XXème siècle mais également l'un des plus inclassables, à la différence de cinéastes comme Ozu, Mizoguchi ou Kurosawa, Imamura a toujours cherché à filmer la société japonaise mais surtout ceux en marge, très loin de la carte postale.
Il aime explorer le Japon qu’on ne montre pas sur grand écran, les japonais broyés par la société, les oubliés, les bas-fonds, les traditions archaïques, il ne supporte pas la vision lisse et propre dictée par la culture japonaise.
Le cinéaste s'intéresse à l'espèce humaine, ces pulsions, sa force d'abnégation, son courage, son adaptabilité, il observe sans à aucun moment juger, une vision très proche du documentaire, d'ailleurs le cinéaste mêle souvent documentaire et fiction.
Shōhei Imamura commencé sa carrière au cinéma comme assistant réalisateur chez Ozu, mais s’éloigne très vite de son style, qu’il trouve trop rigide, trop propre, trop bourgeois, le réalisateur avait d'ailleurs déclaré : «J’ai toujours voulu filmer les entrailles de la société japonaise.»
Par la suite il devient un des grands noms de la nouvelle vague japonaise dans les années 1960, aux côtés de Nagisa Ōshima ou Seijun Suzuki, il est l'un des rares cinéastes à offrir au monde un regard unique sur le Japon d’après-guerre.
Ici le réalisateur adapte sur grand écran le roman homonyme de l’écrivain japonais Masuji Ibuse (La Salamandre, Les Cheveux blancs), le film suit Yasuko (Yoshiko Tanaka), une jeune femme qui a survécu à la bombe atomique mais va être marquée par les retombées radioactives, appelées "pluie noire", avec son oncle Shigematsu et sa tante Shigeko, ils vont traverser la campagne japonaise et voir les dégâts qu'a infligé la bombe, des dégâts visibles et d'autres enfouis au plus profond de l'être.
Avec Pluie noire, Shōhei Imamura s'intéresse aux hibakusha, au Japon, les survivants de la bombe atomique sont appelés les hibakusha (exposés à la bombe), les survivants du bombardement atomique d’Hiroshima et de Nagasaki, qui ont été victimes des premiers effets de la bombe mais également des retombées radiatives, il explore ici leur maladie ainsi que la marginalisation sociale dont ils ont été victimes.
Comme un documentaire, le réalisateur filme sans juger ou prendre parti, il montre au monde la vérité des effets dévastateurs de la bombe atomique sur la population, une population qui a été trois fois victime, la première à cause de l'explosion de la bombe (souffle, brulure, effondrement de bâtiment), la deuxième due aux radiations et la troisième concerne l’injustice qu'ont subi les survivants, rejetés par la société.
Les performances des acteurs sont remarquable. Yoshiko Tanaka, dans le rôle de Yasuko, incarne une fragilité mêlée de dignité, tandis que Kazuo Kitamura et Etsuko Ichihara, apportent une gravité émouvante à leurs rôles de parents adoptifs. Imamura donne à chaque personnage une humanité complexe, évitant les archétypes de victimes héroïques ou de martyrs.
Shōhei Imamura s'emploie a montrer l'invisible, tant la radioactivité qui détruit le corps à petit feu, que le rejet des victimes qui fait autant de dégât, le réalisateur montre le combat des irradiés pour une vie normale, comme le montre la quête de Yasuko pour trouver un mari malgré un "certificat de bonne santé", le film fait également référence à des événements historiques, tels que la reddition japonaise du 2 septembre 1945, l'Appel de Stockholm pour le désarmement nucléaire en 1950 et la guerre de Corée (1950-1953).
Dans le film l'oncle de Yasuko déclare : "même une paix injuste vaut mieux qu'une guerre juste", le cinéaste assoit son film avec un message pacifiste qui résonne encore aujourd'hui avec les associations de hibakusha, officiellement 650 000 à l'époque (aujourd'hui 136 000), qui militent pour la paix et le désarmement des armes nucléaire dans le monde, un monde qui est joue toujours avec le feu.
Pluie noire est une œuvre mémorielle qui permet de non seulement réfléchir aux conséquences de la bombe atomique mais également à l'humanité qui a permis qu'une telle chose se produise, ainsi que le rejet d'une population qui n'avait rien demandé, une expérience cinématographique bouleversante, portée par une mise/^en scène rigoureuse et des performances inoubliables malgré un rythme exigeant.
Un chef d'œuvre
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Synopsis :
Yasuko a survécu à la bombe atomique mais va être marquée par les retombées radioactives, appelées "pluie noire", avec son oncle Shigematsu et sa tante Shigeko, ils vont traverser la campagne japonaise et voir les dégâts qu'a infligé la bombe, des dégâts visibles et d'autres enfouis au plus profond de l'être.
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Anecdotes :
Le titre Pluie noire fait référence aux retombées radioactives qui ont contaminé les survivants.
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Le film est sorti en 1989, la même année que la mort de l’empereur Hirohito.
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Afin d'être le plus réaliste possible, le cinéaste a visionné tous les documentaires disponibles sur Hiroshima, visité le Musée du mémorial de la Paix, rencontré des hibakusha et consulté le journal intime qui a inspiré le roman.
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Le film a été tourné en noir et blanc, une décision délibérée pour refléter la sobriété et la gravité de l’histoire.
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