Last Stop : Yuma County (2025) de Francis Galluppi

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Premier long métrage de Francis Galluppi après plusieurs courts métrages comme "Palm Drive" (2017), "High Desert Hell" (2019) et "The Gemini Project" (2020). Le réalisateur-scénariste a ce projet en tête depuis plusieurs années, après une première expérience de production avortée après des différends artistiques le salut est arrivé grâce au producteur James Claeys dont l'unique expérience auparavant a été la production du petit film d'horreur "Candy Corn" (2019) de Josh Hasty. Néanmoins il a proposé de vendre sa propre maison pour clore le budget, ce que le cinéaste a fini par accepter pour obtenir au final un budget de 1 million de dollars. Tourné en 2023, et sorti dans la foulée en avant-première à Austin (Texas) le film a cumulé les festivals du monde entier durant plusieurs mois. Le bouche à oreille a été long mais doucement le film fait parlé de lui jusqu'à obtenir une sorti en salle limitée aux Etats-Unis au printemps 2024 avant sa sortie en streaming et BluRay dès l'été 2024. Présenté au festival Reims Polar 2024 le film obtient le prix du public ce qui lui ouvre la voie pour une sortie en France qui s'avère donc tardive. Précisons que l'élément déclencheur et central de l'intrigue est venu lors des repérages, quand le cinéaste est tombé sur le Four Aces, petite station service/resto/hotel à Lancaster, banlieue de Los Angeles. Le film est interdit aux Etats-Unis au moins de 17 ans non accompagné (Classé R)... Dans les années 1970, dans le comté désertique de Yuma en Arizona, la station-service est à sec. Des clients patientent  dans une ambiance étouffante dans la partie restaurant quand soudain deux braqueurs font irruption... 

Le VRP en coutellerie est incarné par Jim Cummings vu dans ses propres films "Thunder Road" (2018) et "The Wolf of Snow Hollow" (2020) et plus récemment dans "Halloween Kills" (2021) de David Gordon Green. Citons ensuite Jocelin Donahue aperçue dans "The House of the Devil" (2009) de Ti West, "Insidious : Chapitre 2" (2013) de James Wan ou "Doctor Sleep" (2020) de Mike Flanagan, Sierra McCormick surtout apparue dans des séries TV avec surtout "Section Genius" (2011-2014) mais aperçue aussi sur grand écran avec "Ramona et Beezus" (2010) de Elizabeth Allen ou "The Vast of Night" (2019) de Andrew Patterson, Connor Paolo vu dans "Mystic River" (2003) de Clint Eastwood, "Alexandre" (2004) de Oliver Stone ou "Outlaws and Angels" (2016) de J.T. Mollner, Robin Bartlett aperçu dans "Shutter Island" (2010) de Martin Scorcese, "Inside Llewyn Davis" (2013) des frères Coen ou "The Fabelmans" (2022) de Steven Spielberg, Sam Huntington aperçu dans "Superman Returns" (2066) de Bryan Singer ou "Sully" (2016) de Clint Eastwood, Barbara Crampton remarquée dans "Body Double" (1984) de Brian De Palma et "Re-Animator" (1985) de Stuart Gordon et apparue plus discrètement ensuite par exemple dans "You're Next" (2011) de Adam Wingard ou "The Lords of Salem" (2012) de Rob Zombie, Faizon Love aperçu dans "Blue Crush" (2002) de John Stockwell ou "Thérapie de Couples" (2009) de Peter Billingsley, Richard Brake vu entre autre dans "La Mort de Staline" (2017) de Armando Iannucci, "Les Frères Sisters" (2018) de Jacques Audiard ou "Les Intrus " (2023) de Renny Harlin, Gene Jones apparu dans "No Country for a Old Men" (2007) des frères Coen, "Les Huit Salopards" (2015) de Quentin Tarantino ou "Killers of the Flower Moon" (2023) de Martin Scorcese après lequel il retrouve son partenaire Michael Abbott Jr. vu récemment dans "The Bikeriders" (2024) de Jeff Nichols, puis enfin Nicholas Logan aperçu dans "I Care a Lot" (2021) de J Blakeson... Ce film se situe dans le sous-genre du néo-western, polar qui reprend les codes du western classique et le transcende dans un patchwork mêlant drame, action et humour noir voir fataliste dans un contexte de far-west 2.0 entre "U-Turn" (1997) de Oliver Stone et "No Country for a Old Men" (2007) des frères Coen avec une bonne pincée de Tarantino. Mais ici on reste dans les seventies avec le grain d'image, les décors, les personnages, cet ouest américain entre deux époques ou braquer une banque à l'ancienne est encore possible. Malgré les références néo-western évidentes et merveilleusement mis en image et intégrées de façon cohérente dans le récit le réalisateur-scénariste rend un hommage appuyé également à Alfred Hitchcock notamment subtilement à "La Corde" (1948) via les personnages de Charlie et Gavin, puis plus directement à "Psychose" (1960), clin d'oeil respectif au crime parfait et au motel.

L'histoire avance lentement mais non sans rythme, alors que les personnages arrivent progressivement on remarque qu'il se passe toujours quelque chose, si ce n'est dans l'action des personnages c'est dans les réactions plus émotionnelles. Au fur et à mesure que la tension monte subrepticement on se demande qui va s'en sortir indemne, et comment et tout l'intérêt du film réside dans ce "suspense" jusqu'arrive la scène phare du film, et pas de spoilers ici car elle est décrite dans le dossier de presse, à savoir une fusillade d'une efficacité redoutable qui évite l'écueil du jeu de massacre à tirs illimités avec une transposition du règlement de compte à Ok Corral  dans sa version réelle soit une douzaine de coups en quelques secondes ni plus ni moins, effet spectaculaire garanti sans esbrouffe et avec un réalisme technique idéal. Le cinéaste use d'un ralenti savamment limité a contrario d'un John Woo virevoltant, et utilise des effets visuels "à l'ancienne" qui accentue cette authenticité et cet ancrage dans les années 70. Une des meilleures fusillades du cinéma depuis longtemps. Par contre, la dernière partie qui suit est sans doute un peu longue, les tenants et aboutissants sont désormais connus et on a l'impression que le réalisateur-scénariste a eu plus de difficultés à savoir comment terminer son film. Ajoutons un casting assez génial, sans grande star pour vampiriser l'écran mais avec de vraies gueules de cinéma avec mention spéciale à Jocelyn Donahue alias Charlotte et Nicholas Logan alias Travis. En conclusion, un superbe néo-western qui a tout pour devenir culte. Un très bon moment.

Note :    

16/20