Le retour des frères Michael et Danny Philippou, ex-youtubeurs, remarqués avec leur premier long métrage "La Main" (2023) qui était déjà un film d'horreur et qui a cartonné amassant plus de 92 millions de dollars. Pour leur histoire le duo s'est fortement inspirés des faits divers les plus glauques qu'ils ont pu trouver sur les banlieues américaines en y ajoutant un personnage de jeune ado aveugle : "La petite soeur d'un de nos amis est aveugle et un jour, elle a voulu aller prendre le bus par elle-même. Ses parents se sont alarmés et ont refusé. Elle essayait de leur faire comprendre qu'elle allait devoir apprendre à se débrouiller seule, qu'ils devaient arrêter de la couver. Elle voulait être indépendante." Les deux réalisateurs-scénarsites citent ensuite trois films comme références ultimes pour leur histoire, "Qu'est-il arrivé à Baby jane ?" (1962) de Robert Aldrich pour l'intimité recluse, "Shining" (1980) de Stanley Kubrick pour le mystère et le surréalisme, puis "Parasite" (2019) de Bong Joon-Ho pour l'univers familial étrange. Comme pour "La Main" le film est interdit au moins de 16 ans à sa sortie en salles... Un frère et une soeur arrive dans une nouvelle famille d'accueil au sein d'une maison isolée. Une nouvelle page qui se tourne mais ils vont découvrir un rituel terrifiant...
En tête d'affiche il y a la mère d'accueil jouée par Sally Hawkins vue entre autre dans "Le Rêve de Cassandre" (2007) et "Blue Jasmine" (2013) tous deux de Woody Allen, "La Forme de l'Eau" (2017) de Guillermo Del Toro ou plus récemment son dernier film en date "Wonka" (2023) de Paul King. Citons ensuite Billy Barratt apparu dans plusieurs séries TV dont "Invasion" (2021) et aperçu dans les films "Music in my Life" (2019) de Gurinder Chadha ou "Crater" (2023) de Patrick Alvarez, Sora Wong alias Piper dans son premier rôle, le très jeune Jonah Wren Phillips remarqué dans la série TV "Human Error" (2024) et le film "How to Make Gravy" (2024) de Nick Waterman, Stephen Phillips apparu surtout dans des séries TV surtout "Winners & Losers" (2011-2014) et peu de films dont "Exit" (2011) de Jon Hewitt, "Killer Elite" (2011) de Gary McKendry et "Subject" (2022) de Tristan Barr, Sally Anne Upton vue essentiellement dans la série TV "Les Voisins" (2008-2022), le jeune Mischa Heywood remarquée dans la série TV "The Wonder Gang" (2021), Olga Miller qui a fait surtout de la figuration comme dans "Gatsby le Magnifique" (2013) de Baz Luhrmann ou "La Planète des Singes : le Nouveau Royaume" (2024) de Wes Ball mais elle est surtout connue comme une cascadeuse expérimentée, Alina Bellchambers remarquée dans "Hello, Au Revoir" (2021) de Jason Croot, puis enfin Kathryn Adams apparue dans la série TV "The Clearing" (2023)... Le générique et prologue nous immerge dans l'horreur la plus totale, passant d'images presque subliminales évoquant les tueurs en séries ou les sectes psychopathes au drame familial le plus commun et le plus tragique. Le ton est donné, le film va forcément être terrible et morbide avec une fratrie brisée mais soudée qui va être accueillie par une femme qu'on devine d'emblée qu'elle ne peut être sainte d'esprit, ou est-ce nous qui jugeons trop vite ?! Surtout, vu que cette dame est jouée par l'excellente Sally Hawkins on se dit que son apparente fragilité cache aussi une faille et une douceur qui la rend compréhensive pour ces deux jeunes orphelins, un jeune homme qui est impatient d'atteindre sa majorité pour devenir le tuteur officiel de sa jeune demi-soeur aveugle (malvoyante plutôt) ; grand bravo pour le casting, outre la tête d'affiche, le jeune Jonah Wren Philips est impressionnant tout en intériorité, et la tout aussi jeune Sora Wrong qui est réellement aveugle nous bluffe dans un rôle physique où elle a forcément pris des risques. Vu les effets visuels trash et la violence du récit on est d'autant plus scotché devant l'audace et l'efficacité de l'ensemble.
L'histoire débute vite, et chaque détail a très vite son importance, du pamplemousse aux secrets du grand frère en passant pas le mutisme du petit gars en passant par une femme qui oscille constamment entre exubérance joyeuse et crise dépressive, tandis que la seule qui semble posée et patiente reste la petite ado malvoyante qui va réagir un peu tard malgré tout. Ce qui sauve le film vraiment est que les réalisateurs évitent judicieusement l'écueil habituel du genre, de la tierce personne responsable qui ne veut rien entendre ou comprendre jusqu'à la bêtise. La violence dans la première partie arrive dans un surréalisme qui foudroie autant par la détresse dont cela témoigne que par la rage qui éveille le pire. La dimension fantastique est bien présente, mais ne dépasse pas la ligne jaune qui virerait le film vers de la SF, on se rappelle des faits divers qui laissent tout aussi pantois. Le gore se révèle par une agressivité frontale qui nous fait détourner les yeux, et c'est rare ! Très bon point pour le maquillage et les effets visuels avec plusieurs séquences éprouvantes (ATTENTION aux âmes sensibles !), des images chocs qui n'ont d'égales que le plan glauque d'une âme déchirée et, finalement, la plus aveugle n'est pas celle qu'on croit. On mettra un seul bémol sur les origines et/ou le processus initial qui ont amené à la tentative au centre du récit qui restent trop flous ou trop occultés. Outre les films cités plus haut par les cinéastes nous aurons une petite pensée de notre côté pour "Insensibles" (2012) de Juan Carlos Medina. En conclusion, un des 2-3 meilleurs films d'horreur de ces années 2020, à conseiller fortement si vous avez l'oeil avisé et le coeur solide.
Note :