Dracula (2025) de Luc Besson

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après un long métrage passé inaperçu avec des acteurs amateurs "June and John", voici le retour du ponte du cinéma français Luc Besson pour son 20ème long métrage de fiction et qui tente toujours de revenir à la qualité de ses films des années 80-90 comme "Nikita" (1990) ou "Léon" (1994) ou de refaire un succès comme "Lucy" (2014).L'idée lui serait venue en discussion avec l'acteur Caleb Landry-Jones sur la production du film "DogMan" (2023), Besson évoquant avec lui les rôles potentiels qui lui conviendraient le mieux et c'est alors qu'est sorti du lot la créature Dracula. Evidemment une bonne idée car quoi de mieux a priori de piocher dans les valeurs sûres du cinéma, les grands mythes avec une énième adaptation du célèbre roman "Dracula" (1897) de Bram Stoker ? Mais c'est aussi une gageure car il y a eu déjà de nombreuses adaptations dont plusieurs grands films indéniables, sans compter les variations comme le tout récent et fameux "Nosferatu" (2024) de Robert Eggers. Besson affirme que sa version se distingue des autres en délaissant l'aspect horrifique pour se pencher plus sur la dimension romantique du mythe et la quête de son épouse, mais le cinéaste semble oublier un peu le chef d'oeuvre "Dracula" (1992) de Francis Ford Coppola. Le réalisateur-scénariste collabore à nouveau avec son épouse et productrice Virginie Besson-Silla pour un budget de 45 millions de dollars, soit le film le plus cher de l'année mais bien en-deça des 197 millions de son échec commercial "Valerian et la Cité des Mille Planètes" (2017)... XVème siècle, le prince Vladimir renie Dieu après la perte brutale de son épouse, et hérite d'une malédiction qui lui apporte force et vie éternelle. Condamné à traverser les siècles, celui qui est devenu le comte Dracula n'aura de cesse de retrouver celle qui incarnera son amour perdu... 

Le rôle titre est donc incarné par Caleb Landry-Jones vu dans "Nitram" (2021) et "Harvest" (2024) avec entre temps "DogMan" (2023). Le prêtre est joué par Christoph Waltz star culte de "Inglourious Basterds" (2009) et "Django Unchained" (2012) tous deux de Quentin Tarantino et qui va croiser un autre monstre cette année avec bientôt "Frankenstein" (2025) de Guillermo Del Toro tandis que les belles ensorcelées sont jouées par l'iralienne Matilda De Angelis vue dans "Un Dragon en forme de Nuage" (2021) de Sergio Castellitto, "Braquer Mussolini" (2022) de Renato De Maria et "Fuori" (2025) de Mario Martone, et l'américaine Zoë Bleu figurante sur "The Bling Ring" (2013) de Sofia Coppola puis vue dans "Signs of Love" (2022) de Clarence Fuller et "Gonzo Girl" (2023) de Patricia Arquette, sa tante et donc soeur de sa mère Rosanna Arquette qui jouait dans "Le Grand Bleu" (1988) de Luc Besson. Citons ensuite l'autrichien Haymon Maria Buttinger vu dans "Guerrière" (2013) de David Wnendt ou "The Captain - l'Usurpateur" (2017) de Robert Schwentke, le franco-tchèque Ivan Franek qui retrouve Luc Besson après "Anna" (2019) et vu entre temps dans "OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire" (2021) de et avec Nicolas Bedos et "Les Trois Mousquetaires" (2023) de Martin Bourboulon, Guillaume de Tonquédec plus habitué aux comédies comme "L'Esprit de Famille" (2020) et "Délicieux" (2023) tous deux de Eric Besnard, puis Raphael Luce apparu dans les séries TV "The First Lady" (2022) ou "Stranger Things" (2022)... Dans son équipe le réalisateur retrouve son fidèle Chef Décorateur depuis ses débuts Hugues Tissandier, il fait appel à nouveau à l'armurier britannique Terry English après leur collaboration sur "Jeanne d'Arc" (1999), mais le cinéaste collabore pour la première fois avec le compositeur Danny Elfman connu notamment pour sa fructueuse collaboration avec Tim Burton... Précisons que le film a été tourné aux studios Dark Matter en région parisienne et en milieu naturel sur la région de Kuhmo en Finlande... Le scénariste Luc Besson réinvente le mythe, pourquoi pas, d'abord avec Paris plutôt que Londres, et pas de Déméter ou d'achat immobilier et avec de petites gargouilles sympathiques, puis le scénariste se prend les pieds dans le tapis avec quelques incohérences et/ou des idées pompées allègrement...

Pour les copiés-collés les plus flagrants et on aura un Dracula mortifère qui renvoie grossièrement à celui du chef d'oeuvre de Coppola dans sa version 1992, et l'affiche elle-même qui s'inspire de certaines affiches du tout récent "Nosferatu" (2025), mais sur ce point on avouera que plusieurs sociétés se foulent pas et refont sans cesse des ersatz. Pour les incohérences il y a les gargouilles... ATTENTION SPOILERS !... idée bonne au départ mais le style ninja non, et l'épilogue avec des gosses peint grossièrement en gris ?!... FIN SPOILERS !... la plus flagrante est comment Dracula/Landry-Jones retrouve Elizabeta/Bleu (sosie de Lily Collins en plus pulpeuse), pas vraiment de spoilers ici on connaît tous l'histoire ! Où comment Dracula découvre la photo de Mina/Elizabeta dans le médaillon du pauvre M. Harker/Abid puis ensuite Maria/De Angelis qui lui dit que c'est elle qui l'a découverte (?!)... D'ailleurs niveau jeu cette dernière est en surjeu constant au point qu'on frôle l'overdose, M. Harker/Abid est sans charisme, le prêtre/Waltz est en mode cacheton et, désolé M. Besson mais le talentueux Landry-Jones n'est pas fait pour ce rôle ! Le réalisateur lui soigne au moins l'image et la photographie, avec quelques plans sublimes comme la chevauchée fougueuse de Elizabeta dans la neige immaculée ou le maquillage de Dracula en vieil immortel, certe copié mais stylé avec talent, assez pour excuser. Le plus gênant finalement c'est que Dracula manque ici totalement de vices et/ou de volonté ultime, il est un être romantique fou amoureux qui se repend sans peine, et non, après plusieurs siècles sanguinaires non il ne peut être aussi vierge et aussi peu dément. En conclusion une version singulière qui a le mérite de tenter autre chose, mais qui reste bancale et maladroite voire inaboutie et surtout qui souffre des comparaisons évidentes et logiques avec les grands prédecesseurs.

Note :                 

10/20