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Pourquoi voir Le Jaguar ?
Considéré comme maître incontesté de la comédie française pour ses œuvres comiques, Francis Veber est un cinéaste français qui a connu de beaux succès avec La Chèvre, Les Compères et Les Fugitifs, trois films où Pierre Richard était associé à Gérard Depardieu.
Son plus grand triomphe est venu avec Le Dîner de cons (1998), adapté de sa pièce de 1993, qui a attiré plus de 9 millions de spectateurs en France et a remporté trois César (meilleur scénario, meilleur acteur pour Jacques Villeret, meilleur acteur dans un second rôle pour Daniel Prévost).
Le style de Francis Veber allie dialogues percutants et situations comiques à base de quiproquos qui dégénèrent, le tout saupoudré d'une certaine satire sociale, les films de Francis Veber ne serait rien sans des duo marquant, Pierre Richard/Gérard Depardieu, Jacques Villeret/Thierry Lhermitte, Pierre Richard/Bernard Blier, Michel Serrault/Ugo Tognazzi, Jacques Brel/Lino Ventura, Jean Reno/Patrick Bruel.
Dans les films de Francis Veber, les duos sont au cœur de la dynamique comique, souvent basés sur des contrastes entre deux personnages que tout oppose, des personnages qui sont forcés de coexister dans des situations absurdes, ces duos reposent sur une alchimie où l’un est généralement un homme ordinaire, un peu maladroit ou naïf, et l’autre tout son contraire, fort en apparence et sur de lui.
C'est après avoir réalisé Sur la corde raide (Out on a limb), film américain sorti en 1992 aux États-Unis (film qui a été un échec commercial lors de sa sortie américaine), que Francis Veber revient en France pour tourné Le Jaguar.
Considéré comme un remake de La Chèvre, Le Jaguar est l'occasion de voir un duo inconnu jusqu'alors se donner la réplique, Jean Reno (Les Visiteurs, Léon) et Patrick Bruel (La Maison assassinée, L'Union sacrée), un duo qui s’inscrit dans la tradition des duos que tout oppose.
Francis Veber nous embarque ici dans une aventure exotique qui flirte avec le fantastique et livre par la même occasion un plaidoyer écologique pour la sauvegarde de la foret amazonienne, on suit François Perrin (Patrick Bruel), un joueur endetté, qui va faire la rencontre de Wanù (Harrison Lowe), un chaman d'Amazonie et son interprète, Jean Campana (Jean Reno) à Paris, où ils promeuvent la préservation de la forêt amazonienne.
Après un rituel inattendu, Wanù, croyant que François Perrin est "l'élu", lui confie la mission de récupérer son âme volée par Kumaré (Danny Trejo) en Amazonie, Perrin, cherchant à fuir ses créanciers, accepte à contrecœur, en Amazonie, il découvre une force surnaturelle qui se manifeste en lui dans des situations dangereuses, le menant à affronter Kumaré et à vivre une aventure pleine d'humour et de chaos.
Le Jaguar est un film bien moins célèbre que des œuvres comme Le Dîner de cons ou La Chèvre, néanmoins cette aventure mérite d'être (re)découverte, ce buddy movie qui mélange comédie, aventure et fantastique, reste un film fidèle au style de son réalisateur, le scénario est bien rythmé même si quelque peu prévisible, le film a tout de même le mérite de faire voyager le spectateur en Amazonie, ce qui est plutôt rare dans le paysage cinématographique Français.
Les décors amazoniens, filmés au Brésil, sont un véritable atout pour le film, la jungle, les rivières et les villages indigènes offrent une véritable immersion, une immersion, magnifié par la photographie de Luciano Tovoli, la bande originale signée par Vladimir Cosma accompagne parfaitement l'aventure de ce duo improbable.
Comme beaucoup d'œuvres de Francis Veber, l'essence même du film repose sur un duo d'acteurs, ici Jean Reno et Patrick Bruel, les deux comédiens ont la lourde tache de faire oublier un autre duo culte, Pierre Richard/Gérard Depardieu.
Jean Reno interprète ici le rôle de Campana, ce rôle de baroudeur impassible lui va comme un gant, sa présence imposante apportent un réel plus, surtout les scènes d’action et de tension, en ce qui concerne Patrick Bruel c'est beaucoup moins évident, il incarne Perrin mais ne parvient pas à égaler le génie comique de Pierre Richard, Patrick Bruel est un chanteur mais il n'en demeure pas moins un excellent comédien, surtout dans des rôles dramatiques ou romantiques.
Les seconds rôles sont composés de Harrison Lowe, il apporte une touche de mystère, Patricia Velásquez, elle illumine l’écran par sa présence, Danny Trejo, alors quasi-inconnu, interprète un méchant charismatique.
Le Jaguar n’est pas le meilleur film de Francis Veber, mais il mérite d'être (re)découvert, un film mêle plutôt habilement comédie et aventure teintée de fantastique, une œuvre qui ne manquait pas d'ambition, contrairement à certains films français d'aujourd'hui.
Dans les années 1990, le cinéma français osait encore réaliser des films qui dépaysaient les spectateurs, une époque aujourd'hui révolue, donc rien de mieux que de se (re)plonger dans la jungle amazonienne en compagnie de Jean Reno et Patrick Bruel, Le Jaguar est un divertissement sympathique et honnête qui vaut le largement le détour.