Nouveau film du réalisateur islandais Baltasar Kormakur à qui on doit entre autre "101 Reykjavik" (2000) ou "Jar City" (2006), et qui s'est particulièrement spécialisé dans le film d'aventure ou d'action en partant à Hollywood avec par exemple "2 Guns" (2013), "Everest" (2015) ou son dernier en date "Beast" (2022). Notons que ce film est le premier film islandais pour le cinéaste depuis "Le Serment d'Hippocrate" (2016). Pour son nouveau projet le réalisateur-scénariste surprend son monde avec une romance à travers les décennies en adaptant le roman le plus vendu en Islande l'année de la Pandémie avec "Sneerting" (2020 - non sorti en France) de Olature Johann Olafson qui co-écrit le scénario... Au crépuscule de sa vie, Kristofer se met en tête de retrouver la trace de Miko, son premier amour de jeunesse. Il s'envole alors à Londres à la recherche du petit restaurant japonais où ils se sont rencontrés cinquante ans plus tôt. Il ne s'agit que d'une étape, Kristofer va devoir aller jusqu'au bout du monde...
Kristofer est joué jeune par le fils du réalisateur, Palmi Kormakur Baltasarsson essentiellement vu chez son père avec "Crime City" (2005), "Bruoguminn" (2008), "Etat de Choc" (2010) et "A la Dérive" (2018), puis plus âgé par Egill Olafsson vu notamment dans "Wallpaper : an Erotic Love Story" (1992) de Julius Kemp, "Les Enfants de la Nature" (1996) et "Les Anges de l'Univers" (2000) tous deux de de Fridrik Thor Fridriksson et retrouve Kormakur après la série TV "Trapped" (2015-2021). La nippone Miko est interprétée jeune par Köki remarquée dans "Ushikubi Village" (2022) de Takashi Shimizu ou "Tornado" (2025) de John Maclean, et plus âgée par Yoko Narahashi aperçue dans "Mémoires d'une Geisha" (2005) de Rob Marshall et "Crimes de Guerre" (2012) de Peter Webber mais elle est surtout assistante de production en charge du casting depuis son premier travail sur "Empire du Soleil" (1987) de Steven Spielberg. Citons ensuite Masahiro Motoki vu dans "Four Days of Snow and Blood" (1989) de Hideo Gosha, "The Bird People in China" (1998) et le magnifique "Departures" (2008) de Yojiro Takita, Ruth Sheen actrice fétiche de Mike Leigh sur cinq films entre "Secrets et Mensonges" (1996) et "Mr Turner" (2014), Masatoshi Nakamura apparu dans "Opération Hong-Kong" (1973) de Henry Levin et David Lowell Rich, "Crimes de Guerre" (2012) de Peter Webber ou plus récemment "Sunset Sunrise" (2025) de Yoshiyuki Kishi, Meg Kubota vue dans "The Forest" (2016) de Jason Zada, Sigurdur Ingvarsson remarqué dans la série TV "Killing Eve" (2018-2022), Akshaye Khanna acteur bollywoodien vu dans "Section 375" (2019) de Ajay Bahl, "Police Society" (2023) de Nida Manzoor ou "My Dear F***ing Prince" (2023) de Matthew Lopez, Eiji Mihara aperçu dans "Spectre" (2013) de Sam Mendes, Maria Ellingsen qui retrouve après "Des Chevaux et des Hommes" (2014) son réalisateur et partenaire Benedikt Erlingsson qui a auparavant fait l'acteur dans "Le Director" (2007) de Lars Von Trier et "Volcano" (2011) de Runar Runarsson avant de passer derrière la caméra avec aussi "Woman at War" (2018)... Précisons que le personnage de Kristofer a été particulièrement enrichi par son interprète puisque le destin de Kristoffer fait écho à la vie de Eigill Olafson dont la mère a quitté son père pour son premier amour avec qui elle a fini sa vie, de surcroît, l'acteur a appris sur le tournage qu'il souffrait de la maladie de Parkinson, l'équipe a dû composer avec la maladie mais cette dernière a aussi, malgré le drame, donné plus de profondeur au personnage... Le film est un mélo dans la grande tradition du genre mais qui s'enrichit d'une petite histoire dans la grande Histoire qu'on attendait pas forcément. Evidemment, l'idylle concernant une jeune femme japonaise et d'un islandais dans le Londres de la fin des années 60 on s'attend logiquement à un message sur la tolérance. La narration est construite avec des allers-retours entre passé et présent, passant régulièrement entre 1969 et 2020. Le contexte social en 1969 est un peu simpliste et caricatural, puis finalement très accessoire mais le choix "professionnel" du jeune islandais s'avère intéressant. On savoure d'un côté le jeu de séduction léger et subtil d'un côté et cette approche de la culture nippone.
Et en même temps on s'interroge sur quelques points... ATTENTION SPOILERS !... il est étonnant que le jeune étudiant n'est jamais de lien, de communication ou de référence à sa famille en Islande... FIN SPOILERS !... Le contexte post-atomique japonais prend toute la place et aborde ainsi un sujet complexe rarement vu au cinéma avec les Hibakusha (Tout savoir ICI !). On apprécie toute la finesse et la délicatesse de cette idylle touchante en 1969 comme cette quête en 2020 d'un vieil homme qui espère rattraper, peut-être, un demi-siècle sans l'amour de sa vie. C'est sans doute trop subtil avec un rythme un peu trop sage et monocorde mais ça fonctionne car le contexte social et historique reste aussi passionnant qu'émouvant. On frôle aussi le pathos et/ou une dimension trop sirupeuse, mais c'est compensé par l'osmose au sein du couple qui fonctionne à merveille, aussi bien en 1969 qu'en 2020. Le film est aussi délicat qu'élégant, la fin nous foudroie entre joie et tristesse, espoir et fatalité. Le réalisateur ne nous avait pas habitué à tant d'émotion. Un joli film auquel il manque juste un peu d'aspérité pour atteindre les sommets du genre. Un très beau moment.
Note :
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