Premier long métrage de Nathalie Najem, connue jusqu'ici comme scénariste notamment de "Gaspard va au Mariage" (2017) de Antony Cordier, "Pétaouchnok" (2022) de Edouard Deluc ou "La Ligne" (2023) de Ursula Meier. La cinéaste a voulu aborder un sujet d'actualité grave mais trop souvent vu par le même angle, à savoir un homme "méchant dès la première image" et une femme simplement "aveuglée". Cette fois elle a donc voulu une histoire plus ambigüe avec surtout deux portraits de femmes qui ne sont pas des victimes passives ni trop héroïsées. La réalisatrice-scénariste co-signe son scénario avec Mariette Désert qui a écrit entre autre "Un Poison Violent" (2010) et "Suzanne" (2013) tous deux de Katell Quillévéré, Olivier Gorce qui a co-écrit les films "La Loi du Marché" (2015) et "En Guerre" (2018) tous deux de Stephane Brizé. Parmi les influences, la cinéaste avoue s'être inspirée de "La Balade Sauvage" (1973) de Terrence Malick pour la lumière et ses compositions naturelles, et pour les scènes de tension surtout "French Connection" (1971) de William Friedkin et aussi "L'Impasse" (1993) de Brian De Palma....
Nice, de nos jours. Laura, la trentaine, essaie de se reconstruire après une relation tumultueuse avec Joachim. Elle mène une vie en apparence tranquille en élevant seule sa petite fille. Mais quand Shirine, lanouevelle compagne de Joachim à un accident, son passé ressurgit. Les deux femmes vont peu à peu se soutenir face à la violence d'un même homme... Laura est jouée par Zita Hanrot vue dans "A mon Seul Désir" (2023) de Lucie Borleteau, "L'Homme Debout" (2023) de Florence Vignon et "Ad Vitam" (2025) de Rodolphe Lauga, Shirine est jouée par Alexia Chardard révélée dans le dyptique "Mektoub my Love" (2016-2018) de Abdellatif Kechiche et vue dans "Barbaque" (2021) de et avec Fabrice Eboué ou "Les Amandiers" (2022) de Valeria Bruni-Tedeschi, tandis que Joachim est incarné par Bastien Bouillon vu dans "Le Comte de Monte-Cristo" (2024) de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, "Monsieur Aznavour" (2024) de Grand Corps Malade et Mehdi idir ou "Partir un Jour" (2025) de Amélie Bonnin. Citons ensuite Marianne Basler vue dans "Amanda" (2018) de Mikhaël Hers ou "Jeanne du Barry" (2023) de et avec Maïwenn, Aurélien Gabrielli apparue dans "Fratè" (2022) de Karole Rocher et Barbara Biancardi ou "Voleuses" (2023) de et avec Mélanie Laurent, Salim Talbi vu dans "Broadway" (2022) de Christos Massalas ou "Animals" (2023) de Nabil Ben Yadir, puis Anaël Guez aperçue dans "Tu Choisiras la Vie" (2023) de Stephane Freiss... Le sujet est toujours brûlant, et on pense logiquement au chef d'oeuvre du genre avec "Jusqu'à la Garde" (2018) de Xavier Legrand, à la différence près que cette fois l'homme n'est pas "normal" et simplement violent physiquement, mais un junkie paumé avec une bonne dose de pervers narcissique (comme on dit). Il y a donc une dimension médicale qui pourrait faire dire que ce n'est pas sa faute, c'est la drogue qui parle ! Mais quoi qu'il en soit, tous les autres paramètres se retrouvent par contre un cran en-deça du magnifique et tragique film de Xavier Legrand. Ici la tension est bien moindre, le danger moins palpable et moins assuré. Néanmoins le côté "fragile" et psychologiquement peu stable de Joachim/Bouillon apporte aussi un danger plus insidieux, plus aléatoire, qui repose essentiellement sur la manipulation ou le chantage plutôt que sur la menace physique.
Le scénario passe d'abord beaucoup de temps sur le quotidien de Laura/Zantot, alors que pour Shirine/Chardard on apprend juste un peu sur son travail ce qui crée un décalage, par là même il est dommage qu'on n'apprend rien sur la relation passée entre Laura et Joachim outre leur petite fille - adorable petite Maya Hirsbein - ce qui ne permet pas de créer un lien tangible entre les deux femmes. Le vrai soucis du film réside dans un soucis de rythme, trop monocorde, sans montée en puissance réelle outre 2-3 passages marquants... ATTENTION SPOILERS !... on perçoit vite que Joachim n'est pas un danger mortel, il reste un junkie, donc loser, au gabarit peu impressionnant, qui serait presque excusable pour une gifle (réelle lors du tournage !)... FIN SPOILERS !... Par contre, le choix de tourner en liberté dans des lieux publics sans avertissement au près du public crée des véritables scènes hyper réalistes où on constate la lâcheté des uns ou l'indifférence des autres. On a honte de nos concitoyens. La relation des deux femmes est intéressantes également, liée par une sorte de sororité mais qui ne peut ou ne va pas devenir une amitié, le lien est une douleur et/ou une honte qui laisse malgré tout une certaine distance. Le plus gros défaut arrive à la fin... ATTENTION SPOILERS !... arrestation débile, il suffit d'attendre 1-2mn max et il sort tout seul, sans compter que le policier aurait le temps de prévenir et attendre les collègues... FIN SPOILERS !... Le film reste plein d'acuité, pertinent et lucide avec une belle description du chemin à parcourir vers le courage et la résilience. Finalement ce film est un très bon contrepoint à "Jusqu'à la Garde" (2018). Note indulgente !
Note :