Cinéma | JURASSIC WORLD : RENAISSANCE – 08/20

Par Taibbo

De Gareth Edwards
Avec Scarlett Johansson, Jonathan Bailey, Mahershala Ali

Chronique : Reboot de reboot, Jurassic World : Renaissance recycle ad nauseam les codes de la franchise jusqu’à lui en faire perdre toute sa saveur. Le film de Gareth Edward est le symbole d’une licence à bout de souffle incapable de se réinventer et qui s’éloigne film après film des standards imposés par le premier Jurassic Park.
À son crédit, une première partie sur l’océan particulièrement anxiogène mettant en scène une famille livrée à elle-même face au terrifiant – mais très numérique – Mosasaurus (on y reviendra). Renaissance parvient alors à jouer sur une menace imprévisible en empruntant les ressorts horrifiques de papa Steven (coucou Les Dents de la Mer). Malheureusement, ça ne durera pas… Dès que les protagonistes se retrouvent sur l’île, on cesse d’avoir peur pour eux, le scénario remplissant un cahier des charges sans surprise. Ceux qui doivent se faire croquer se font croquer, ceux qui doivent survivre survivent… Finalement ce qui surprend le plus est la qualité effroyable des CGIs. Comment a-t-on pu régresser visuellement à ce point en 30 ans ? Certes on n’est plus émerveillés par les dinosaures sur grand écrans depuis bien longtemps, mais là on est proche du foutage de gueule, les bestioles sont à peine plus crédibles que dans le documentaire de la BBC du début des années 2000, l’exactitude scientifique en moins. À aucun moment l’interaction entre les personnages et les dinosaures n’est crédible, on ne voit que les fonds verts et les incrustations des animaux à côté des acteurs en post-production. Une scène est particulièrement cruelle pour le film de Gareth Edward. Lorsque les immenses Titanosaures apparaissent enfin à l’écran à grand renfort de musique pompeuse, laissant bouche bée le docteur incarné par Jonathan Bailey, on n’y croit pas une seconde, les effets numériques se révélant terriblement mal intégrés aux décors. La comparaison avec la première rencontre entre Sam Neil, Laura Dern et les dinosaures dans Jurassic Park fait vraiment mal.
Au-delà de la déception visuelle et technologique, le fond est tout aussi désolant. Le scénario pourtant bavard repose sur des enjeux très pauvres, d’autant que l’idée de la modification génétique avait déjà été traitée dans un film précédent. Avec si peu à défendre, pas étonnant que les acteurs aient du mal à faire exister leurs personnages. Ils luttent (pas beaucoup ceci dit…) pour trouver un semblant de justesse malgré des dialogues banals et des situations improbables qui révèleront chez chacun d’entre eux un instinct de survie proche du néant.
A part cette demi-heure vraiment prenante en début de film, il n’y a pas grand-chose à sauver de cette Renaissance auto-proclamée. Mais la franchise a beau s’abîmer de film en film, elle continue d’amasser les milliards… Il faut donc sans doute s’attendre à un Jurassic City : le recommencement d’un nouveau début…

Synopsis : Cinq ans après JURASSIC WORLD : LE MONDE D’APRÈS, l’environnement de la planète s’est révélé hostile pour la plupart des dinosaures. Ceux qui subsistent vivent dans des zones équatoriales isolées, aux conditions proches de celles de leur ère d’origine. Parmi ces créatures terrifiantes, trois spécimens renferment peut-être la clé d’un remède capable de changer le destin de l’humanité.