Ainsi naquit l’info en continu
5 septembre 1972, Munich, la prise d’otages de la délégation Israélienne dans le village olympique est suivi au plus près par les chaines américaines ; Tim Fehlbaum nous immerge dans la régie et la direction éditoriale de ABC qui va couvrir en direct et en continu ces 24 heures. En mode huis clos avec les techniciens, les journalistes de terrain et la rédaction ; on va vivre de l’intérieur les prises de décision sur la façon dont sera couvert cet événement ; en mode direct, ce qui sera une première mondiale et posera définitivement les jalons de ce type d’info dont les chaines nous abreuvent aujourd’hui. Au-delà de la prouesse technique pour réaliser ce coup de maitre éditorial, ce film est une véritable mise en abyme de ce que nous vivons aujourd’hui : les choix éditoriaux et la façon de couvrir l’actualité ; l’audience et le performatif prenant souvent le pas sur l’éthique. C’est le moment où la frontière entre devoir d’informer et désir du sensationnalisme se brouillait définitivement et conduira à d’autres dérives type la couverture du drame de l’hyper casher par BFM. Cela pose vraiment la question de la responsabilité de ceux qui font l’info, des conséquences de leurs actes et des sanctions possibles ; car tout pouvoir nécessite un contre-pouvoir. Ce docu fiction est tourné comme un thriller, mais un thriller sur l’information, laissant l’atrocité de cet attentat en arrière-plan. Immersif, on est placé dans le rôle de celui qui choisit que montrer ou ne pas montrer. Après avoir vu ce film, tout spectateur doit s’interroger sur son propre rapport aux images.
Un film qu’il faudrait montrer dans tous les lycées pour aiguiser l’esprit critique des plus jeunes par le biais d’une immersion au cœur du réacteur de l’information en pleine construction. Informer c’est choisir un point de vue et placer le regard de celui qui observe.
Sorti en 2025
Ma note: 15/20