13 jours, 13 nuits - Focus Cinéma

Pourquoi voir 13 jours, 13 nuits ?
En mai 2021, les talibans lancent une offensive majeure profitant du retrait des troupes américaines et de l'OTAN, après l'accord de Doha signé le 29 février 2020 entre les États-Unis et les talibans, cet accord prévoyait le retrait complet des forces de l'OTAN d'ici mai 2021, en échange d'engagements antiterroristes des talibans.
L'Armée nationale afghane, dépendante du soutien aérien américain, s'effondre rapidement, en août 2021, seules deux unités restent opérationnelles à Kaboul, la capitale étant encerclée après la prise de villes comme Hérat, Kandahar et Mazar-i-Sharif.
Les talibans entrent dans Kaboul sans combattre, après avoir ordonné à leurs troupes de stopper leur progression pour négocier un transfert pacifique du pouvoir, le président Ashraf Ghani démissionne et fuit le pays, se réfugiant aux Émirats arabes unis, les talibans entrent dans le palais présidentiel, refusant tout gouvernement de transition et annoncent le rétablissement de l'Émirat islamique d'Afghanistan.
Suite au départ du président et à l'effondrement de l'Etat, l'aéroport international de Kaboul devient le théâtre d'un chaos massif, des milliers d'Afghans tentant de fuir le pays par peur des talibans, les vols commerciaux sont annulés, l'espace aérien est fermé au trafic civil et les forces américaines et de l'OTAN sécurisent l'aéroport pour évacuer leurs ressortissants et certains Afghans (journalistes, activistes, collaborateurs).
Entre le 14 et le 30 août, plus de 123 000 civils sont évacués, dans la plus grande opération d'évacuation non combattante de l'histoire militaire américaine, au milieu de ce chaos, la France est le dernier pays à maintenir son ambassade ouverte à Kaboul.
13 jours, 13 nuits s'intéresse à l'exfiltration de centaines de personnes de l'ambassade de France en Afghanistan, lors de la chute de Kaboul en août 2021, le réalisateur Martin Bourboulon (Eiffel, Les Trois Mousquetaires) adapte l'autobiographie, 13 jours, 13 nuits dans l’enfer de Kaboul de Mohamed Bida.
Né le 1er janvier 1962 en Algérie, fils d'un harki ayant servi dans l'armée française pendant la guerre d'Algérie, Mohamed Bida est un commandant de police français, en 2016 il a été nommé attaché adjoint à la sécurité intérieure à l'ambassade de France en Afghanistan.
C'est à ce poste que le commandant Bida a acquis une renommée internationale pour son rôle lors de la chute de Kaboul aux mains des talibans le 15 août 2021, alors en poste à l'ambassade de France, il a coordonné l'évacuation de 142 ressortissants français et de 2 630 Afghans pendant 13 jours et 13 nuits, en collaboration avec une petite équipe de policiers d'élite du RAID et l'ambassadeur David Martinon.
Confronté à des conditions chaotiques, notamment aux points de contrôle talibans et à un attentat à la bombe à l'aéroport le 26 août, le commandant Bida a négocié avec les forces talibanes et organisé des convois pour exfiltrer les réfugiés, ses efforts ont permis de sauver des milliers de personnes, dont des membres du personnel de l'ambassade, des titulaires de visas et des Afghans vulnérables, malgré des risques immenses.
Dès les premières minutes, 13 jours, 13 nuits impose une tension palpable, le spectateur assiste à la chute de toutes les institutions d'un pays provoquant ainsi le chaos et la panique de la population, grâce à une photographie soignée et un sens du cadre, le cinéaste capte cette atmosphère si particulière de fin d'un monde.
Grace à une camera qui colle au plus près des protagonistes, Roschdy Zem en tête, impeccable au passage, le spectateur éprouve une tension qui devient de plus en plus suffocante au fur et à mesure du déroulement de l'opération.
Les scènes de négociations tendues avec les talibans transmettent une tension palpable, comme les personnages, les spectateurs sont dans l'angoisse d’une situation où chaque décision ou mot peut tout faire basculer.
La tension est maintenue par un rythme soutenu et des séquences d’action bien orchestrées, dans toute fois être un film de guerre hollywoodien, ici le cinéaste retranscrit une action tout à fait credible, plus basée sur la tension que sur les fusillades et explosions à tout va.
Martin Bourboulon excelle dans ces moments où il filme la détresse, la foule de civils afghans pressés contre les grilles de l’ambassade de France, dernier rempart contre le chaos, le sauvetage d'un informateur, le convoi de bus, des scènes qui sont montrées avec une force implacable, le cinéaste se concentre avant tout sur les moments d'humanités dénués de tout héroïsme, juste des actes humains.
Roschdy Zem livre une prestation impeccable en commandant Bida, un homme confronté à des choix impossibles, qui doit vivre ou mourir, il interprète avec justesse et retenue, l’humanisme, les doutes et le calme d’un homme confronté à une mission vouée à l'échec sur le papier.
Grâce à sa présence magnétique, le cinéaste filme à plusieurs reprises le comédien silencieux, car comme dit l'adage, une image vaut mieux que mille mots.
Lyna Khoudri et Sidse Babett Knudsen brillent également, malgré des rôles parfois sous-développés, leur présence confère une dimension humaine au film, même si le scénario privilégie l’action et la tension plutôt que la psychologie des personnages.
En adaptant les mémoires du commandant Mohamed Bida, le réalisateur Martin Bourboulon transforme un événement géopolitique complexe en un thriller accessible, comme a pu le faire Ben Affleck avec Argo, mais en conservant une sensibilité toute française.
13 jours, 13 nuits est un thriller géopolitique efficace, porté par une mise en scène maîtrisée et des performances solides, le film de Martin Bourboulon ne révolutionne pas le genre et manque quelque peu de profondeur dans son écriture, néanmoins il réussit à captiver par son intensité et son réalisme, offrant une immersion saisissante dans un pays qui se métamorphose en temps réel et rend hommages à ces hommes et ces femmes qui ont tout risqué pour sauver des milliers de vies.
Un film made in France efficace

Synopsis :

Kaboul, 15 août 2021, alors que les troupes américaines se préparent à quitter l’Afghanistan, les Talibans s’emparent de la capitale, plongeant la ville dans le chaos.
Des milliers d’Afghans affluent vers l’ambassade de France, dernier refuge encore protégé, le commandant Mohamed Bida et ses hommes, chargés de la sécurité, se retrouvent pris au piège avec des centaines de civils à évacuer.
Face à l’urgence, Bida décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi périlleux vers l’aéroport, aidé par Eva, une jeune humanitaire franco-afghane, une course contre la montre s’engage pour sauver ces vies dans un climat de peur, de violence et d’incertitude, alors que la menace terroriste plane.

Anecdotes :

13 jours 13 nuits a été présenté en hors-compétition au Festival de Cannes 2025.

13 jours, 13 nuits a été tourné au Maroc, plus précisément à Casablanca.

Le personnage d'Eva (Lyna Khoudri) est fictif, l'interprète qui a assisté Mohamed Bida dans ses négociations avec les talibans est Wali Mohammadi, juriste et traducteur franco-afghan.

Afin de coller à la réalité, 10 000 figurants ont participé au film.