Casier Judiciaire (1938) de Fritz Lang

Maître du cinéma allemand avec des films majeurs comme "Metropolis" (1927) et "M le Maudit" (1931), Fritz Lang s'expatrie pour fuir le nazisme et, après un passage par la France avec "Liliom" (1934) il migre vers Hollywood où il réussit à s'installer avec ses premiers films "Furie" (1936) et "J'ai le Droit de Vivre" (1937). Sur ce projet ce n'est pas lui qui était prévu au départ mais le réalisateur de "La Reine du Jazz" (1926) ou "Le Petit Ministre" (1934) et surtout connu plus tard pour "Taïkoun" (1947) et "Sinbad le Marin" (1947). Le scénario est écrit par Norman Krasna à qui on devra entre autre "Joies Matrimoniales" (1941) de Alfred Hitchcock ou "Le Milliardaire" (1960) de George Cukor, et Virginia Van Upp dont le titre de gloire sera de produire après des années comme scénariste le chef d'oeuvre "Gilda" (1946) de Charles Vidor. Mais lorsque le choix du casting se porta sur Sylvia Sydney, une des plus grandes stars de son époque, la star imposa un changement de réalisateur au bénéfice de Fritz Lang. Malgré son affiche prestigieuse et le cinéaste allemand aux commandes le film sera le premier échec de l'une comme de l'autre... Joe travaille dans un grand magasin, en liberté conditionnel, ce dernier est embauché par un directeur qui croit au pardon et à la seconde chance. Il a alors pour collègues plusieurs autres repris de justice. Il tombe amoureux d'une collègue, Helen, mais si il lui avoue son passé en croyant qu'elle est honnête, Helen lui cache qu'elle est aussi une épris de justice. Quand Joe l'apprend, se sentant trahi et déçu il prévoit de participer au cambriolage du magasin... 

Ainsi, Helen est incarnée par Sylvia Sidney qui retrouve justement Fritz Lang donc après ses premiers films américains "Furie" (1936) et "J'ai le Droit de Vivre" (1937) avec entre temps "Agent Secret" (1936) de Alfred Hitchcock, tandis que son partenaire Joe est joué par George Raft star de "Scarface" (1932) de Howard Hawks et vu notamment dans "La Clé de Verre" (1935) de Frank Tuttle ou "Âmes à la Mer" (1937) de Henry Hathaway. Citons ensuite Guinn "Big Boy" Williams vu dans "L'Intruse" (1930) de F.W. Murnau, "Liliom" (1930) de Frank Borzage et retrouvant Fritz Lang et Sylvia Sidney après "J'ai le Droit de Vivre" (1937) à l'instar de Barton MacLane qui retrouve aussi après "La Ruée Fantastique" (1933) de Henry Hathaway son partenaire Harry Carey star du Muet avec pas moins d'une trentaine de films sous la direction de D.W. Griffith ou de John Ford dont il sera un ami et pour qui son fils Harry Carey Jr sera aussi un fidèle notamment aux cotés de John Wayne, l'acteur retrouve également après "Le Doigt qui Accuse" (1936) de James Patrick Hogan l'acteur Robert Cummings puis l'actrice Ellen Drew vue la même année dans "La Huitième Femme de Barbe-Bleue" (1938) de Ernst Lubitsch, Rsocoe Karns vu dans "Voyage sans Retour" (1932) de Tay Garnett ou "Après Nous le Déluge" (1933) de Howard Hawks et retrouve après "New-York-Miami" (1934) de Frank Capra son partenaire Arthur Hoyt qui retrouve Fritz Lang et Sylvia Sidney après "Furie" (1936) et après "L'Extravagant M. Deeds" (1936) de Frank Capra son autre partenaire Warren Hymer qui retrouve aussi plusieurs autres camarades après "Voyage sans Retour" (1932) et "J'ai le Droit de Vivre" (1937), Cecil Cunningham vu dans "Blonde Vénus" (1932) de Josef Von Sternberg ou "Cette Sacré Vérité" (1937) de Leo McCarey, puis enfin Willard Robertson vu dans "Je suis un Evadé" (1932) de Mervyn LeRoy et "Le Dernier des Mohicans" (1936) de George B. Seitz... Le film pêche d'entrée par une première partie fouillie, qui manque de compréhension dans les tenants et aboutissants, sans mise en place comme si l'histoire se précipitait sans prendre le temps d'apprendre à connaître les personnages et/ou de comprendre les enjeux. Paradoxalement, le film ne dure que 1h30, on se dit qu'il y aurait pu avoir 5-10mn de plus dans sa première partie mais ensuite on a pourtant l'impression que le film dure plus longtemps.

Néanmoins, dès que le couple se met ensemble l'histoire devient plus fluide et intéressante. Outre la dimension comédie sentimentale somme toute assez classique on savoure la façon dont le film se soustrait au fameux code Hays (Tout savoir ICI !) sur le fait surtout qu'il est interdit dans un film qu'un couple non marié puisse coucher ensemble et encore moins avoir d'enfant. Sur ce point on reconnaît tout le talent de Fritz Lang pour "nager en eaux troubles et c'est bien là le grand intérêt du film. La démonstration finale de l'institutrice, très morale et scolaire permet a contrario de compenser cette audace. Un film intéressant qui allie la créativité de l'artiste au politiquement correct qu'impose la censure. 

Note :                 

Casier Judiciaire (1938) Fritz LangCasier Judiciaire (1938) Fritz Lang

11/20

MERCI à Rimini Editions pour ce coffret DVD-BluRay toujours d'une qualité impeccable, avec en prime un long interview idéal pour nourrir notre cinéphilie.