Quatrième long métrage de Ari Aster après les films d'horreur "Hérédité" (2018), "Midsommar" (2019) et "Beau is Afraid" (2023). L'idée est venue au cinéaste après réflexion durant la période où deux faits monopolisaient l'actualité, le Covid et le meurtre raciste de George Floyd aux Etats-Unis. Ari Aster assume les casquettes de Producteur-réalisateur-scénariste...
Mai 2020 à Eddington une petite ville du Nouveau-Mexique, alors que la pandémie de Covid complique le quotidien de tout le monde, une confrontation s'envenime entre le shérif et le maire au point où les habitants choisissent leur camp transformant la ville en véritable poudrière... Le maire est interprété par Pedro Pascal vu récemment dans "Drive-Away Dolls" (2024) de Ethan Coen, "Gladiator 2" (2024) de Ridley Scott et "Materialists" (2025) de Celine Song, tandis que le shérif est incarné par Joaquin Phoenix qui retrouve son réalisateur de "Beau is Afraid" (2023), vu depuis dans le navrant "Napoléon" (2023) de Ridley Scott et l'autre déception "Joker : Folie à Deux" (2024) de Todd Phillips puis retrouve après "L'Homme Irrationnel" (2015) de Woody Allen sa partenaire Emma Stone vue dernièrement dans "Pauvres Créatures" (2023) et "Kinds of Kindness" (2024) tous deux de Yorgos Lanthimos. Citons ensuite Austin Butler vu dans "Elvis" (2022) de Baz Luhrmann, "The Bikeriders" (2024) de Jeff Nichols et "Dune, Deuxième Partie" (2024) de Denis Villeneuve et retrouve après "Once Upon a Time in Hollywood" (2019) de Quentin Tarantino l'acteur Clifton Collins Jr. vu dans "Nightmare Alley" (2021) de Guillermo Del Toro ou "After Yang" (2021) de Kogonada, puis enfin Luke Grimes vu dans "American Sniper" (2015) de Clint Eastwood, la trilogie niaise "Cinquante Nuances..." (2015-2018) initié par Sam Taylor-Wood et "Les Sept Mercenaires" (2016) de Antoine Fuqua... Le choix du lieu n'est pas anodin, Ari Aster a choisi une région où il a vécu son enfance, mais aussi et surtout un des Etats à la fois peu peuplé et très hétérogène d'un point de vue racial et social dont la présence des Pueblos, amérindiens qui possèdent leur propre système judiciaire, et l'Etat reste dans l'iconographie populaire ancré dans le far-west. Le choix de l'époque n'est pas anodin non plus, le Covid et ses restrictions poussent aux extrêmes et exacerbent les émotions. Dans la première partie le réalisateur place d'emblée les soucis locaux, la guéguerre entre le shérif et le maire qu'on devine plus personnel que politique, les relents racistes, les jalousies de carrière ou amoureuses, et puis le plus récent et d'actualité avec le port du masque sanitaire et enfin un cas plus insidieux comme les dérives sectaires que Ari Aster avait abordé plus frontalement dans "Midsommar" (2019).
Le climax anxiogène s'installe doucement dans un rythme lancinant où on se demande quand est-ce que l'intrigue va s'emballer, une question qui nous taraude quand on commence à déceler que le casting est trompeur et donc la promo également. En effet, seul le shérif alias Joaquin Phoenix est omniprésent et porte le film, les autres apparaissent tout au plus 10-15mn à l'écran et pour une importance plus ou moins notable dans le récit. Austin Butler (qui joue un pendant de son personnage dans "Once Upon a Time in Hollywood" en 2019 de Quentin Tarantino), Emma Stone ou Pedro Pascal sont donc sous-exploitées. Le récit monte en puissance assez brusquement vers un jeu de massacre attendu mais surréaliste, qui aurait mieux fonctionné avec une satire plus fantaisiste alors que le style est réaliste et sérieux. L'épilogue finit de tuer toute vraisemblance... ATTENTION SPOILERS !... un jeu de massacre digne d'un film de guerre ou post-apocalyptique, deux survivants "incroyable mais vrai", et une absence totale d'enquête et une impunité policière et judiciaire inouïe... FIN SPOILERS !... Dommage, car le réalisateur-scénariste décrit de façon judicieuse et lucide une Amérique en perdition ou chacun prêche pour sa paroisse (religion, Républicains vs Démocrates, Black Lives Matter... etc...) et dont le paramètre exponentiel commun est le pouvoir incontrôlable des réseaux sociaux. Ainsi, Ari Aster signe une fois encore une histoire passionnante et prenante mais traitée de façon pas toujours probante et sans aucun doute trop longue ; 20 bonnes minutes en moins auraient offert plus de densité et de force. Un potentiel énorme donc, mais pas toujours convaincant.
Note :
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