Après avoir été assistant de quelques grands noms du cinéma italien comme Gillo Pontecorvo, Sergio Leone ou Sergio Corbucci, Franco Giraldi s'est lancé logiquement dans le western spaghetti avec "Sept Ecossais du Texas" (1966) sous le pseudo Frank Garfield, ce qui était plus vendu pour un genre qu'encore tout le monde considérait comme un genre purement américain ; n'oublions pas que Sergio Leone était crédité sous le pseudo de Bob Robertson à l'époque de "Pour une Poignée de Dollars" (1964). Franco Giraldi va signer en tout quatre westerns spaghettis d'affilés avant de reprendre son véritable nom pour quatre autres films dans d'autres genres. Le réalisateur-scénariste collabore au scénario avec Sandro Continenza à qui ont doit entre autre "Dommage que tu sois une Canaille" (1955) de Alessandro Blasetti ou "La Marche sur Rome" (1962) de Dino Risi, Augusto Finocchi qui a co-écrit juste avant "Trois Cavaliers pour Fort Yuma" (1966), puis "Un Shérif à Abattre" (1967) et "Deux Pistolets pour un Lâche" (1969) tous trois de Giorgio Ferroni, Guseppe Mangione co-auteur de "Le Bourreau de Venise" (1953) de Gian Paolo Callegari puis surtout, Fernando De Leo, sans doute le plus fameux scénariste des années 60 en Italie et qui sera à son apogée avec sa "trilogie du Milieu" (1972-1973)... Au lendemain de la Guerre de Sécession, le fondateur de la firme Pinkerton, spécialiste de sécurité et agence de détective privée, propose à son ami Tom Cooper une mission qu'il refuse. Mais quand Pinkerton se fait assassiner juste après Tom Cooper décide d'enquêter de retrouver les coupables et par là même comprendre comment un bataillon entier de soldats de l'Union a disparu...
Tom Cooper alias Sugar Colt est incarné par Jack Betts, alors inconnu après quelques apparitions télévisuels, on le retrouvera dans plusieurs spaghetti encore dont "Django et Sartana" (1970), "Sartana le Redoutable" (1970) et "Nevada Kid" (1971) tous trois de Demofilo Fidani puis aussitôt après dans "Trois Salopards, Une Poignée d'Or" (1967) de Maurizio Lucidi retrouvant après ces deux derniers l'acteur Jeff Cameron. Citons ensuite Soledad Miranda actrice fétiche de Jesus Franco dans une dizaine de films entre "Mariquita, Fille de Tabarin" (1960) à "Vampyros Lesbos" (1971) avec entre temps "Les Cents Fusils" (1969) de Tom Gries ou "Rio Hondo" (1968) de José Briz Méndez dans lequel il retrouvera son partenaire Victor Israel également gueule connue des westerns spaghettis et qui retrouvera dans un tout autre genre avec "Le Phare du Bout du Monde" (1971) de Kevin Billington son partenaire Luis Barboo vu dans "Pour une Poignée de Dollars" (1964) de Sergio Leone ou "Colorado" (1966) de Sergio Sollima, puis retrouvera dans "Les Tueurs de l'Ouest" (1967) de Eugenio Martin et "Dieu Pardonne... Moi Pas !" (1967) de Giuseppe Colizzi l'acteur Frank Brana qui retrouve et retrouvera aussi José Canalejas dans "Et pour Quelques Dollars de Plus" (1965) de Sergio Leone, "Les Dollars du Nebraska" (1966) de Antonio Roman et Mario Bava et "Clayton l'Implacable" (1968) de Paolo Bianchini. Citons encore Giuliano Raffaelli vu dans "Six Femmes pour l'Assassin" (1964) de Mario Bava, "Mon Nom est Pécos" (1966) de Maurizio Lucidi ou "Le Goût de la Vengeance" (1970) de Mario Costa, Gina Rovere vue dans "Le Pigeon" (1958) et "Larmes de Joie" (1960) tous deux de Mario Monicelli ou "Dieu Pardonne... Moi Pas !" (1967), Erno Crisa aperçue dans "Dédée d'Anvers" (1947) de Yves Allégret, "L'Or de Naples" (1954) de Vittorio De Sica et "Plein Soleil" (1960) de René Clément, Valentino Macchi apparu ensuite dans "La Mégère Appriviosée" (1967) de Franco Zeffirelli ou "Fantômes à l'Italienne" (1967) de Renato Castellani, Nazzareno Zamperla aperçu dans "Un Pistolet pour Ringo" (1965) de Duccio Tessari et retrouve son réalisateur après "Sept Ecossais du Texas" (1966) à l'instar de George Rigaud connu pour "Fantomas" (1932) de Paul Fejos et sinon pour avoir croiser Alain Delon entre "La Tulipe Noire" (1963) de Christian-Jaque et "Les Centurions" (1966) de Mark Robson... La présence de Pinkerton au début du film est anecdotique, reposant sur un nom qui marqué son temps et son époque mais qui reste accessoire dans le récit du film. Il est donc un commanditaire éconduit dont la mort soudaine réveille la curiosité teintée forcément d'une toute petite envie de vengeance pour Cooper/Ketts. D'emblée ce héros se comporte comme une dilettante voir, si on n'était pas au far-west, en dandy inconséquent. Et bientôt on apprend un peu mieux à connaître ce pistolero (forcément !) qui débute sa mission en pied tendre, et on pense alors fortement à la série TV culte "Les Mystères de l'Ouest" (1965-1969), série contemporaine à succès qui ne peut qu'avoir inspiré les scénaristes tant les références restent limpides.
Ainsi Tom Cooper mêle en quelque sorte les deux personnalités de Artemus Gordon et James T. West (incarnés respectivement par Ross Martin et Robert Conrad), à la fois donc adepte du déguisement avec dérision, puis agent opérationnel d'action et séducteur impénitent. Deux en un qui permet un bel équilibre entre fantaisie et dramaturgie même si quelques passages sont d'une maladresse qui frise le ridicule... ATTENTION SPOILERS !... le plus flagrant et risible quand Tom Cooper démasqué, annonce solennellement qu'il est "Sugar Colt" de telle façon qu'on s'attend à ce qu'il soit connu et craint, alors que l'annonce est déjà involontairement risible quand les autres protagonistes semblent se demander qui c'est ça devient juste pathétique, sinon la séquence du gaz dans le saloon est tout simplement inutile car n'ouvre sur aucune évolution de l'intrigue.. FIN SPOILERS !... Dommage car sinon l'intrigue est plutôt plaisante, avec un petit suspense, en filigrane les relents de la Guerre de Sécession, des gueules patibulaires à souhait et en prime deux charmeuses de saloon. Rien d'exceptionnel donc mais un bon spaghetti qui tente de se démarquer du canevas habituel.
Note :
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