Tori et Lokita sont deux frères et sœurs venus d’Afrique ; l’aînée cherche sa régularisation auprès des services belges alors que le cadet est déjà en situation légale. Il faut aussi envoyer de l’argent au pays qui attend un retour sur investissement de la personne pour laquelle on a payé le voyage ; mais surtout il y a tous ces adultes fermant les yeux sur le drame qui se joue (les institutions publique) et surtout ceux profitant du désarroi des jeunes migrants pour alimenter trafic et prostitution. Une des beautés du film est de nous faire croire à cette relation fraternelle ; tous deux liés à la vie à la mort sont de faux frères et sœurs et pourtant ils sont soudés comme personne. Ce lien reste mystérieux, mais tellement puissant ; ils sont les inventeurs de cette relation et la rende imperméable aux assauts de la société. Après c’est problématique que tous les adultes, a contrario, soient salauds et méchants en face d’enfants gentils et faibles ; les Dardenne nous avaient habitués à plus subtil et moins didactique. Même si le geste est louable et empli d’humanisme, car on est touché par ces deux jeunes confrontés à l’âpreté des rapports humains loin de chez eux ; la société ne leur fait pas de cadeau. Le film est rude comme leur existence. Les deux jeunes acteurs néophytes Pablo Schils et Joely Mbundu sont époustouflants. Dans le dernier tiers, le film rentre dans une mécanique type thriller ; on sent que le scénario est bien cadenassé et qu’aucune échappatoire n’est possible, et c’est une de mes réserves sur le film qui de fait perd de sa puissance et de sa crédibilité. Pourquoi vouloir autant accabler ces jeunes enfants et le spectateur par capillarité ? Donc pour moi la fin programmatique est trop racoleuse, et me déçoit.
Sorti en 2022
Ma note: 13/20