THE STUDIO S01 (AppleTV+) – 15/20 : Satire assez jubilatoire d’Hollywood et des studios américains ,The Studio balade frénétiquement sa caméra d’un personnage à l’autre, que les cymbales d’une musique jazzy accompagnent très à propos. La mise en scène est sophistiquée, bardée de plans-séquence, dont l’un compose un épisode entier (génial). La série bénéficie d’une production value assez exceptionnelle. L’écriture est piquante et drôle, et offre des moments assez mémorables (le congrès de médecins, le casting de Kool Aid, le CinemaCon…) et peut compter sur l’abatage d’un Seth Rogen parfait en Studio Executive insupportable de fatuité. Ça fuse, ça gueule, ça hurle, ça n’arrête pas 10 secondes, mais le format court des épisodes rend tout ça parfaitement digeste. On y croise aussi un nombre assez hallucinant de guests dans leur propre rôle et se prêtant au jeu de l’auto-dérision (Scorsese, Howard, Greta Lee, Theron, les 2 Efron, Zoé Kravitz..). Ça fonctionne d’autant plus qu’on a aucun mal à faire la part des choses avec les acteurs qui jouent, eux, un rôle (Rogen donc, Hahn, Cranston), ce qui est assez miraculeux. The Studio est peut-être un brin élitiste mais très bien vu et remarquablement exécuté.
SURCOMPENSATION S01 (Prime Video) – 14/20 : Série post-ado trashouille et souvent irrésistible sur le coming-out, Surcompensation est un peu le neveu queer et malpoli d’American Pie. Le pitch est assez classique, le beau gosse sportif du lycée arrive à l’université et force le trait de la virilité pour ne pas sortir du placard. Déjà vu, mais pas forcément de cette manière. La série enchaine quiproquos, situations hilarantes et grands moments de gênance. Les dialogues sont tour à tour idiots ou inspirés, on rigole beaucoup et on s’attache aux personnages, mais Surcompensation est aussi une satire à peine voilée d’une Amérique viriliste où cherche de nouveau à triompher le mâle alpha. Cela résonne particulièrement dans l’Amérique de Trump 2. Elle assume et amplifie les clichés pour mieux les tordre et porter une charge contre la masculinité toxique. Mais le principal reste qu’on se marre! Et on veut la suite.
THE LAST OF US S02 (HBO MAX) – 14,5/20 : La deuxième saison s’avère d’une puissance formelle et émotionnelle toute aussi rare que la première, portée par les partitions habitées de Bella Ramsey, Pedro Pascal et Isabela Merced, parfaite en Dina. Toujours très fidèle au jeu, elle en amplifie les ressorts dramatiques, en particulier la relation Ellie / Joel, particulièrement émouvante. Elle est également très juste lorsqu’elle traite des rapports « géopolitiques » et idéologiques qui animent ce monde postapocalyptique où s’affrontent Wolfs et Seraphites.
Et elle n’oublie pas de faire peur, même si on aurait aimé un peu plus de zombies (l’épisode 2, déjà culte, régale sur le sujet ceci dit). Sa limite réside sans doute dans sa parfaite adaptation, qui réserve peu de surprises aux gamers et donc génère un peu de frustration, d’autant plus que cette saison 2 s’achève au milieu du récit du jeu Last of us 2. Point positif : on peut s’attendre à une saison 3 épique et intense.