Pulp Fiction (1994) de Quentin Tarantino

Second long métrage après "Reservoir Dogs" (1992) de Quentin Tarantino, mais son 4ème en tant que scénariste puisqu'il a signé également "True Romance" (1993) de Tony Scott et "Tueurs Nés" (1994) de Oliver Stone, qui ont tous la même base, un scénario dense et riche, co-écrit avec Roger Avary, et qui a dû être scindé en plusieurs parties afin de financer d'abord le premier film de Tarantino. Ainsi, la dernière partie réécrite donne une sorte de quatrième volet et qui était prévu comme un "Black Mask movie" se référant à un pulp magazine connu outre-Atlantique. Si le nom de Tarantino commence à faire un buzz après les trois films précédemment cités et sortis en salles, l'arrivée au casting de la star Bruce Willis libère des fonds et permet à la production d'obtenir un budget de plus de 11 millions de dollars. Le film est aussi le premier film produit par Tarantino via sa société A Ban Apart fondé en 1991, nommé ainsi en honneur au film "Bande à Part" (1964) de Jean-Luc Godard. Le film est présenté au Festival de Cannes où il reçoit la Palme d'Or ce qui lance la carrière fabuleuse du film. C'est pourtant à partir de là que Tarantino et Avary vont se brouiller, à propos du crédit au scénario. Alors que Avary se lance la même année en solo en réalisant et signant "Killing Zoe" (1994), Tarantino gagne le Golden Globe du meilleur scénario omettant de remercier son acolyte. Par la suite le film est lauréat du meilleur scénario mais en créditant les deux auteurs cette fois aux Oscars et aux BAFTA. Le film est un succès critique et public amassant 215 millions de dollars au box-office Monde dont 2,9 millions d'entrées France. Le film devient également une des trois ventes les plus rentables en vidéo après "Terminator 2" (1991) de James Cameron et "Danse avec les Loups" (1990) de et avec Kevin Costner. La postérité confirme le statut du film qui devient culte, l'American Film Institute classera d'ailleurs le film dans la plupart de ses classements des meilleurs films. Le film est interdit au moins de 17 ans non accompagné aux Etats-Unis, au moins de 12 ans en France... Plusieurs truands plus ou moins professionnels se croisent et s'entrecroisent durant quelques jours. Il y a Marsellus Wallace, caïd qui truque un match de boxe de Butch, qui demande aussi à un de ses gars de servir de cavalier à son épouse Mia qui veut sortir. Mais Butch ne se couche pas comme prévu, tandis que Vincent et Jules, après une mission, se retrouvent dans une cafeteria qui se fait braquer par un couple façon "Tueurs Nés" de pacotille... 

Vincent Vega est joué par John Travolta qui était alors dans le creu de la vague après pourtant un début de carrière prometteur entre "Carrie au Bal du Diable" (1976) et "Blow Out" (1981) tous deux de Brian de Palma, son compère Jules Winnfield est joué par Samuel L. Jackson qui avait un rôle secondaire dans "True Romance" (1993) et qui sera un des acteurs fétiches de Tarantino sur la plupart de ses films jusqu'à "les Huit Salopards" (2015), et retrouve et retrouvera dans "Alarme Fatale" (1993) de Gene Quintano, "Une Journée en Enfer" (1995) de John McTiernan et la trilogie "Incassable" (2000-2019) de M. Night Shyamalan son partenaire Bruce Willis qui lui-même retrouve aussi Travolta après les deux premiers "Allô Maman Ici Bébé" (1989-1990) de Amy Herckerling où le premier prêtait sa voix au bébé Mickey face au baby-sitter/papa Travolta. Citons ensuite Ving Rhames qui retrouvera L. Jackson après "Kiss of Death" (1995) de Barbet Schoeder et "Hors d'Atteinte" (1998) de Steven Soderbergh, puis retrouve apr-s "Le Vol de l'Intruder" (1991) de John Milius l'actrice Rosanna Arquette qui remplace ainsi sa soeur Patricia Arquette qui était dans "True Romance" (1993), elle retrouvera dans "Le Suspect Idéal" (1997) de Jonas Pate l'acteur Tim Roth alias M. Orange dans "Reservoir Dogs" (1992) et qui retrouvera encore Tarantino pour "Les Huit Salopards" (2015) et "Once Upon a Time in Hollywood" (2019), vu la même année dans l'excellent "Little Odessa" (1994) de James Gray il retrouvera aussi dans "Rob Roy" (1995) de Michael Caton-Jones l'acteur Eric Stoltz qui, ironie du sort sera surtout vu chez Roger Avary avec "Killing Zoe" (1994), "Les Lois de l'Attraction" (2002) et "Lucky Day" (2019), Tim Roth retrouvera également dans "Vatel" (2000) de Roland Joffé l'actrice Uma Thurman future Mariée dans "Kill Bill" (2003-2004) de Tarantino et qui retrouve après "Henry and June" (1990) Maria de Medeiros vue dans "Sylvestre" (1982) de Joao César Monteiro ou "Macho" (1993) de Bigas Luna, Harvey Keitel déjà dans "Reservoir Dogs" (1992) et retrouvera Tarantino dans "Une Nuit en Enfer" (1996) de Robert Rodriguez et pour un caméo vocal dans "Inglourious Basterds" (2009), il retrouvera aussi Bruce Willis dans "Moonrise Kingdom" (2012) de Wes Anderson, puis entre "Bad Lieutenant" (1992) de Abel Ferrara et "Copland" (1997) de James Mangold il retrouve Paul Calderon qui retrouve aussi de son côté L. Jackson après "Mélodie pour un Meurter" (1989) de Harold Becker puis plus tard "Hors d'Atteinte" (1998) de Steven Soderbergh où jouera aussi Ving Rhames, ce dernier retrouvera encore dans "les Ailes de l'Enfer" (1997) de Simon West l'inénarrable Steve Buscemi ici en caméo Buddy Holly, après avoir été M. Pink dans "Reservoir Dogs" (1992) il retrouve donc une troisième fois Keitel après aussi "Soleil Levant" (1993) de Philip Kaufman, puis retrouvera Willis dans "Armageddon" (1998) de Michael Bay, Willis qui sera dans "Planète Terreur" (2007) de Robert Rodriguez dans lequel il retrouvera comme acteur Quentin Tarantino qui s'offre un caméo dans quasi tous ses films depuis "Reservoir Dogs" (1992) et qui jouera pour d'autres aussi comme dans "Girl 6" (1996) de Spike Lee ou "Sukiyashi Western Django" (2007) de Takashi Miike.

Citons encore Amanda Plummer (fille de l'acteur Christopher Plummer) vue dans "Le Monde selon Garp" (1982) de George Roy Hill ou "The Fisher King" (1991) de Terry Gilliam, Christopher Walken qui retrouve Tarantino après "True Romance" (1993) de Tony Scott dans un rôle qui faot évidemment écho à son personnage dans "Voyage au Bout de l'Enfer" (1978) de Michael Cimino, Bronagh Gallagher révélation de "The Commitments" (1991) de Alan Parker, Peter Greene révélé dans "The Mask" (1994) de Chuck Russell, Joseph Pilato apparu dans "Zombie" (1978) et "Le Jour des Morts-Vivants" (1985) tous deux de George A. Romero, Robert Arquette frère des soeurs Arquette et de David Arquette qui va devenir ensuite effectuer une transition pour devenir Alexis Arquette, puis enfin Lawrence Bender en caméo pour le producteur de Tarantino depuis "Reservoir Dogs" (1992) jusqu'au "Inglourious Basterds" (2009)... Tarantino réinvente le film choral et le polar avec un scénario aussi dense qu'alambiqué mais cohérent et d'une rare fluidité. Dans un montage narratif non linéaire on suit plusieurs protagonistes qui se croisent et s'entrecroisent entre destin, chance ou malchance, accident ou bavure. Le film est chapitré en six parties dont l'ordre dans le film est différent de l'ordre chronologique et ce n'est pas anodin. Ce choix narratif permet évidemment de donner un rythme alternatif, et donne un intérêt à multiple niveau puisque tous les personnages vont être d'une manière ou une autre en relation  directe ou indirecte avec les autres. On savoure d'emblée les dialogues effervescents, qui fait la pette comme le sel du cinéma de Tarantino. Des dialogues influencé par le romancier Elmore Leonard dixit Tarantino, mais comme si ils étaient mis sous stupéfiants. Le cinéaste use et abuse de la pop culture comme dans lors du concours de danse avec des références nombreuses avec entre autre Marylin Monroe ou Buddy Holly, mais on pourra aussi percevoir des clins d'oeil à la blaxploitation, Roger Corman ou Sonny Chiba.

On peut aussi savourer les liens inter-films tarantinesque, notons par exemple le fait de le Vincent Vega alias Michael Madsen dans "Reservoir Dogs" (1992) serait le frère de Vic Vega laias John Travolta, à l'instar de Dimmick/Tarantino qui serait le frère du Dimmick/Keitel de "Reservoir Dpgs" (1992) également. Le scénario est particulièrement riche avec trois intrigues qui s'imbriquent mais avec comme ligne directrice une mallette bien mystérieuse ; au départ elle devait contenir les diamants volés dans "Reservoir Dpgs" (1992), mais finalement elle contient une sorte de trésor inouï, impalpable et fascinant, un fantasme qui reste un Macguffin dont Tarantino dit : "Quoi que vous pensiez au sujet du contenu de cette valise, dites-vous que vous avez raison." Une mallette dont le contenu quasi mystique renvoie aussi (peut-être !) à une théorie autour de Marsellus Wallace et son pansement derrière la tête, en effet une légende raconte que le diable prend l'âme d'une personne par l'arrière de la tête. Le film est un long métrage cohérent et diablement malin. Des dialogues ciselés et denses, semés de scènes mythiques qui n'oublient jamais d'unir avec malice dialogues et cadrages, des acteurs en osmose totale pour des personnages haut en couleurs, tous aussi dingues les uns que les autres. Le twist, le sermon de Jules/L. Jackson, la sodomie, la dose d'adrénaline, le coup de feu "accidentel"... etc... Autant de scènes marquantes, autant de moments magiques où le film s'inscrit dans la liste des chefs d'oeuvres incontournables. Tarantino impose définitivement son nom au Panthéon du Septième Art avec ce film aussi culte que populaire. A conseiller, à voir et à revoir...

Note :                 

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20/20