
Se faire pigeonner
Amandine Pigeon, galérienne de 26 ans, sans emploi et endettée jusqu’aux dents, zone dans Bruxelles. Son gros penchant pour le jeu l’amène à prendre des risques inconsidérés et à rencontrer des personnages aussi hauts en couleur qu’elle-même.
Les adeptes de la série belge culte « Strip tease » ne devraient pas être déçus par cette galerie de personnages aussi improbables les uns que les autres en suivant Amandine caméra à l’épaule en trip documentaire. Les deux frères réalisateurs Harpo et Lenny Guit brouillent sans cesse les frontières entre réalité et fiction. A l’image de son héroïne, ce film pique les yeux et fait mal aux oreilles dès le début. On se dit même : « mais c’est quoi ce film d’amateur » ; mais ce n’est qu’une illusion de non maitrise. Et très vite cette première impression laisse place à une pensée plus positive car sous cette surface un peu grossière se cache une fine qualité d’écriture des dialogues et du scénario et une mise en scène maline soucieuse des détails. Il convient d’aller plus loin que ce qu’il peut montrer de superficialité : la cacophonie est revendiquée, l’esprit cartoon invoqué et une touche intello gaucho assumée. La référence à la comédie italienne « Affreux, sales et méchants », non galvaudée, définie bien cette comédie sociale ; véritable manifeste flamboyant des loosers. Dans cette approche casse gueule de la misère, on pouvait aussi craindre que très vite le film fasse pchit ; mais il tient la longueur ; son format hyper resserré, centré sur l’essentiel l’y aide.
Cette pépite belge est un film OVNI comme on en voit peu au cinéma ; à la limite de la bienséance. Et puis on y retrouve aussi Catherine Ringer dans un rôle à sa mesure.
Une très belle surprise.
Sorti en 2025
Ma note: 15/20