Lire Lolita à Téhéran

Lire Lolita TéhéranLire Nabokov ou Austen plutôt que voir Riklis

Derrière le titre « Lire Lolita à Téhéran », on s’attend à deux choses majeures : montrer au combien la littérature et la lecture en groupe peuvent fédérer et accroitre l’intelligence collective jusqu’à l’émancipation ; et évoquant le roman de Nabokov, voir un film un peu subversif. Et sur ces deux points on sort très frustré du film. Ceux qui espèrent voir un « Cercle des poètes disparus » à Téhéran seront déçus, car le groupe de femmes participant à ces lectures clandestines dans la capitale de la République Islamique d’Iran a du mal à prendre corps. Le chapitrage du film par des grands romans sur la femme devient vite secondaire voire accessoire et finira même par disparaitre. La forme aurait pu être audacieuse, mais elle est plate, convenue et devient et ennuyeuse. Donc ni de subversion ni d’emballement autour de ce groupe un peu fictif visant seulement à démontrer méthodiquement les effets ravageurs des dictats religieux du régime en place. Tout cela reste illustratif ; on peut défendre la dénonciation portée par le film et ses actrices iraniennes en exil, Golshifteh Farahni en tête, on aurait aimé un film moins sage. Cela tient en grande partie à la mise en scène ronronnante de l’israélien Eran Riklis. Lui qui m’avait ému avec « Les citronniers », qui sait si bien filmer la sororité, loupe ce qu’il sait pourtant faire ; et ne présente un contexte politique qu’en mode arrière-plan flou. Rasoulof dans « Les graines du figuier sauvage », moins scolaire et plus frontal pour présenter la brutalité du pouvoir islamiste, se révèle bien plus profond.

Un film très démonstratif où tout ce qui est dit est montré et appuyé. Peu de cinéma, peu de fond : beaucoup d’ennui.

Sorti en 2025

Ma note: 9/20