Reines (2024) de Yasmine Benkiran

Premier long métrage de la marocaine Yasmine Benkiran après ses courts métrages "L'Heure d'Hiver" (2018) et "Fraya" (2022)... Casablanca, Zineb s'évade de prison pour sauver sa fille de la garde de l'Etat. Mais les choses se compliquent rapidement lorsqu'elle prend en otage Asma, la conductrice d'un camion. La police aux trousses, les trois femmes se lancent dans une cavale dangereuse à travers l'Atlas, ses roches rouges et ses déserts brûlants... 

La fugitive Zineb est incarnée par Nisrin Erradi vue dans les films "Les Ailes de l'Amour" (2011) de Abdelhai Laraki, "Malak" (2012) de Abdeslam Kelai ou "Adam" (2019) de Maryam Touzani et récemment "Les Femmes du Pavillon J" (2022) de Mohamed Nadif, sa fille est jouée par la jeune Rayhan Guaran dans son premier rôle, tandis que la conductrice Asma est jouée par Nisrine Benchara après des apparitions dans les courts métrages "Test !" (2017) de Reda Lahmouid et "Sukar" (2020) de Ilias Dupuis-El Faris. Citons ensuite Jalila Talemsi vue dans "Monsters "(2018) de Aksel Rifman, "Nomades" (2019) de Olivier Coussemacq et retrouve Nisrin Erradi après "Les Femmes du Pavillon J" (2022), Hamid Nider vue dans "La Moitié du Ciel" (2015) de Abdelkader Lagtaa et "Myopia" (2020) de Sanaa Akroud, Aderrahim Tamimi aperçu dans "Abdelinho" (2021) de Hicham Ayouch, Salima Benhmoumem vue dans "Femmes... et Femmes" (1999) de Saâd Chraïbi, "Juanita de Tanger" (2005) de Farida Benlyazid ou "L'Orchestre des Aveugles" (2014) de Mohamed Mouftakir, Hasan Badidah vu dans "The End" (2011) et "C'est eux les Chiens..." (2013) de Hicham Lasri, "Mimosas, la Voie de l'Atlas" (2016) de Oliver Laxe ou "Addour" (2017) de Ahmed Baidou, puis enfin Ghassan El hakim vu dans "Paulette" (2012) de Jérôme Enrico ou "Le Gouffre" (2016) de Vincent Le Port... Le film débute mal avec une visite prison qui ne sent pas bon le réalisme, et surtout d'emblée on constate que l'actrice Nisrin Erradi ne fait pas dans la dentelle avec un surjeu badass qui ne va pas aider à nous toucher. Zineb/Erradi est une criminelle qui s'assume au point d'apprendre à sa fillette de tenir une arme ou de voler depuis son plus jeune âge a priori, bref elle ne transpire pas l'empathie. La fillette est obnubilée par les djinns, ce qui peut être intéressant pour la suite du récit, tandis que la conductrice n'aime pas son époux mais étant jeune marié on espère en apprendre plus sur elle.

Et puis il y a le duo de flics, un vieux proche de la retraite et une femme, un duo détonant surtout dans un pays musulman on s'attend donc là aussi à des personnages intéressants. Très vite on pense à un Thelma et Louise dans l'Atlas marocain, film culte du genre avec le film "Thelma et Louise" (1991) de Ridley Scott qui a été assurément une référence. Mais on remarque tout aussi vite des incohérences, des réactions peu naturelles ou illogiques de la part des personnages et surtoutde Zineb : par exemple, en fuite pourtant Zineb ne s'inquiète pas que sa conductrice Asma roule constamment au ralenti, parle fort et sans discrétion dès le début alors qu'elle ne connaît pas Asma. Par là même on est censé croire à une séductrice imparable et à des hommes qui craquent pour un chewing-gum (?!). On remarque aussi plusieurs faux raccords grossiers comme des voitures de police qui disparaissent et réapparaissent alors que les routes sont à perte de vue. Mais finalement tout ça ce sont des détails, qui restent bénins quand le pire est que le scénario ne tient pas ses promesses. En effet, le duo de flics n'est pas approfondis, on ne saura rien de Asma qui reste une faire valoir et non l'égale de Zineb, et surtout la dimension mystique et/ou onirique se résume au final qui ne fonctionne pas bien car arrive sans que le récit ait évolué sur le sujet. Yasmine Benkiran signe un film inabouti et bancal, comme un devoir qui n'aurait pas été relu et relu, particulièrement dommage vu le potentiel certain de l'histoire.

Note :                 

Reines (2024) Yasmine Benkiran

08/20