Le Déserteur (2024) de Dani Rosenberg

Retour du réalisateur israélien Dani Rosenberg après des films comme "Susya" (2011), "Uri Zohar - le Retour" (2018) ou "La Mort du Cinéma et de mon Père aussi" (2020). Sans être un film plus ou moins autobiographique le cinéaste avoue que son héros est une "incarnation de ses sentiments par rapport à son pays" comme il l'explique : "Il réagit exactement de la manière dont je réagirais, moi, si j'avais du courage. Cette anomalie de la vie israélienne et de ma génération - la volonté de fuir à tout prix notre existence sanglante - a guidé mon projet dès le départ. Je me suis rendu compte qu'en essayant d'écrire quelque chose sur l'amour, j'ai fini par parler de la solitude. Je voulais évoquer un relation entre un jeune homme et une jeune femme, mais la violence a pris le dessus. Shlomi veut tourner le dos à la vie militaire pour trouver refuge à Tel-Aviv, mais la réalité finit par le rattraper jusqu'à l'engloutir. Tel-Aviv est considérée comme une ville européenne, une "bulle" de normalité dans le chaos du Proche-Orient, mais c'est une illusion. Je voulais faire sentir que derrière l'hédonisme de cette ville, dernière cette boulimie du quotidien, se  cache une grande angoisse, comme si l'on était conscient de vivre dans un organisme déjà en train de pourrir." Le film a été en grande partie tourné dans la bande de Gaza du côté israélien, mais rappelons que le tournage s'est déroulé avant l'attaque terroriste du 07 octobre 2023. Dani Rosenberg co-écrit son scénario avec Amir Kliger qui est son premier scénario. Précisons que les producteurs derrière ce film étaient déjà derrière des films comme "Les Citronniers" (2008) de Eran Riklis, "Lebanon" (2010) de Samuel Maoz ou "Rabies" (2010) et "Big Bad Wolves" (2014) tous deux de Nabot Papushado et Aharon Keshales... 

Shlomi, jeune soldat israélien de 18 ans, déserte soudainement pour rejoindre sa petite amie à Tel-Aviv. Errant dans la ville à la fois paranoïaque et insouciante, il apprend que l'armée est à sa recherche mais pas pour désertion mais parce qu'elle est convaincue qu'il a dû être kidnappé... Shlomi est incarné par Ido Tako aperçu dans quelques courts métrages ou séries TV et remarqué dans le film collectif "Boys on Film 23 : Dangerous to Know" (2023), sa petite amie est jouée par Mika Reiss qui a depuis ce premier rôle jouée dans la série TV "Bat HaShoter" (2024). Citons ensuite Efrat Ben Zur vue dans "Ewa" (2017) de Haim Tabakman, Tiki Dayan vue dans "Le Chat de Madame Moskowitch" (2009) de Jorge Gurvich, "Canailles Connection" (2013) de Reshef Levi ou "Street Smart" (2022) de Erez Tadmor, puis enfin Shmulik Cohen vu dans "Sumô" (2010) de Sharon Maymon et Erez Tadmor... Le film démarre vite, avec un soldat qui hésite, attend, puis qui fuit comme un dératé une zone de combat. Quelques minutes qui imposent deux constats qui vont se vérifier ensuite : d'abord une mise en scène rythmée et un récit toujours en mouvement pour traduire une course frénétique et un personnage nerveux et stressé, mais ensuite aussi un scénario parsemé d'invraisemblances plus ou moins stupides, de la part du personnage lui-même ou du réalisateur-scénariste.

ATTENTION SPOILERS !... Shlomi fuit en courant sans aucune précaution ni discrétion ce qui est soit suicidaire soit simplement crétin, les soldats qui vérifient le domicile doivent être sourds puisqu'ils n'entendent ni la douche ni Shlomi qui se jette au sol, ils doivent être aussi aveugles quand Shlomi quitte la maison précipitamment en repartant sur le côté plutôt que de continuer en arrière, chose bête qu'il refera plus tard dans l'histoire et par chance il y aura encore des aveugles, et que dire de son fusil d'assaut qu'il laises à des inconnus en bord de plage sans que ça interroge personne, d'ailleurs Shlomi l'a pratiquement toujours avec lui et ça ne gêne personne ?! Et la fin nullement crédible où comment le cinéaste a oublié que son personnage a croisé plusieurs personnes qui rêvent de le reconnaître et de le dénoncer... FIN SPOILERS !... Une collection d'incohérences qui gâchent une histoire au potentiel certain. La plus grosse bêtise repose sur l'armée qui croit à un enlèvement alors que le B.A.BA du processus d'un rapt par la Hamas reste la revendication, ce qu'il y a jamais. Même sur le fond le film râte sa cible, voir est même mensonger sur le propose, car Shlomi fuit juste pour revoir sa petite amie comme un ado immature. Jamais il n'est question de sa peur ou de son expérience du front, et donc d'une dimension psychologique et/ou politique et donc, NON ce n'est pas "une ode à un jeunesse qui se bat contre des idéaux qui ne sont pas les siens." En conclusion, le film est sur le fond quasiment hors sujet, sur la forme il sauve les meubles en signant une sorte de thriller haletant même si ça reste malgré tout décevant, plombé par beaucoup trop d'invraisemblances. Dommage... 

Note :                 

Déserteur (2024) Dani RosenbergDéserteur (2024) Dani Rosenberg

09/20