Le Vourdalak (2023) de Adrien Beau

Premier long métrage de Adrien Beau des années après son court métrage "La Petite Sirène" (2009), retrouvant ainsi pour son projet son ami et acteur Hadrien Bouvier qui est cette fois son co-scénariste. Ce dernier est avant totu acteur apparu entre autre dans les films "Barrage" (2006) de Raphaël Jacoulot, "57000 km entre Nous" (2008) de Delphine Kreuter ou "Je m'appelle Hmmm..." (2014) de Agnès Troublé. Le film est l'adaptation du roman "La Famille Vourdalak : Fragments Inédits des Mémoires d'un Inconnu" (1884) de Alexis Konstantinovitch Tolstoï (à ne pas confondre avec ses homonymes Alexis Nikolaïevitch Tolstoï et les deux Léon Tolstoï). Cette oeuvre a déjà été portée sur grand écran avec les giallos italiens "Les Trois Visages de la Peur" (1963) de Mario Bava et "La Nuit des Diables" (1972) de Giorgio Ferroni, suivi des films soviétiques et russes "Semia Vourdalakov" (1990) de Gennadiy Klimov et Igor Shavlak, "Papa, Oumer Ded Moroz" (1991) de Evgueni Youfit, et "Vourdalak" (2017) de Sergei Ginzburg... 

Dans une province française au 18ème siècle, une famille vit dans l'angoisse d'un éventuel retour du père, le vieux Gorcha après avoir quitté la maison après une mise en garde : "Mes enfants, attendez-moi six jours. Si au terme de ces six jours je ne suis pas revenu, dites une prière à ma mémoire car je serai tué au combat... Mais si jamais, ce dont Dieu vous garde, je revenais après six jours révolus, je vous ordonne de ne point me laisser entrer, quoi que je puisse dire ou faire, car je ne serais plus qu'un maudit Vourdalak." Alors que e sixième jour arrive, le Marquis d'Urfé, noble émissaire du Roi de France demande refuge... Le Marquis est interprété par Kacey Mottet Klein vu dans "L'Evénement" (2021) de Audrey Diwan, "Tempête" (2022) de Christian Duguay et "Last Dance" (2022) de Delphine Lehericey. Citons ensuite la famille et les proches, Ariane Labed vue dans "Marie Madeleine" (2018) de Garth Davis, le dyptique "The Souvenir" (2019-2021) de Joanna Hogg et "Avant l'Effondrement" (2023) de Alice et Benoît Zeniter, Grégoire Colin vu dans "Revoir Paris" (2022) de Alice Winocour ou "Toi non Plus tu n'as Rien Vu" (2023) de Béatrice Pollet, Vassili Schneider (frère de Niels) vu dans "A Coeur Battant" (2019) de Keren Ben Rafael, "Notre-Dame Brûle" (2022) de Jean-Jacques Annaud et "Les Amandiers" (2022) de Valeria Bruni-Tedeschi, Claire Duburcq aperçue dans "1917" (2019) de Christopher Nolan, "After Blue (Paradis Sale)" (2021) de Bertrand Mandico et "Frère et Soeur" (2022) de Arnaud Desplechin, Gabriel Pavie jeune acteur révélé dans "La Vraie Famille" (2022) de Fabien Gorgeart, puis enfin Erwan Ribard vu dans "Tournée" (2010) et "Barbara" (2017) tous deux de et avec Mathieu Amalric et "Benedetta" (2021) de Paul Verhoeven... Clairement un film au budget tout mini qui fera tâche aujourd'hui, pas étonnant qu'il n'ait pas trouvé son public (moins de 3000 entrées France) tant il est une oeuvre hors du temps, voir anachronique, le style lié au genre en font un film qui aurait eu toute sa place il ya quelques décennies. L'histoire se situe dans un lieu aux décors minimalistes au point qu'on est plus ou moins en huis clos entre la maisonnée et la forêt environnante. 

Le jeu est théâtral, comme si les personnages étaient choqués, émotionnellement sans prise sur leur propre destin ce qui laisse perplexe au début mais qui finalement reste cohérent avec le contexte mortifère et anxiogène. Par là même, en 2024, on peut rester bloqué par des effets spéciaux d'un autre temps mais idem, c'est assez cohérent avec l'ambiance, le ton théâtral et le minimalisme qui ramène à un sous-genre qu'on peut voir comme un hommage à la série Z d'antan. Certe on frôle souvent le grotesque mais si on se laisse inviter à l'expérience le film n'est pas dénué d'une certaine magie, étrange et onirique, comme un rêve (ou plutôt un cauchemar !) qu'on pourrait avoir vécu une nuit d'un sommeil troublé. L'histoire renvoie évidemment à Dracula et/ou Nosferatu mais cette variation autour du mythe reste aussi originale que singulière. Adrien Beau signe un film atypique et audacieux face au cinéma trop formaté qui l'entoure et rien que ça est à saluer. Il offre un OFNI (Objet Filmé Non Identifié) imparfait mais il mérite un détour ne serait-ce que pour vivre autre chose que les soupes habituelles. Note indulgente d'encouragement

Note :                 

Vourdalak (2023) Adrien BeauVourdalak (2023) Adrien Beau

14/20