Ronin (1998) de John Frankenheimer

Projet proposé par la United Artist à John Frankenheimer, réalisateur expérimenté sur une trentaine de longs métrages de "Mon Père, cet Etranger" (1957) à "Piège Fatal" (2000), sans doute parce qu'il reste un très bon artisan, et surtout parce qu'il connaît bien la France et notamment Paris, d'abord pour y avoir vécu plusieurs années et après y avoir tourné déjà quatre précédents films avec "Le Train" (1964), "Grand Prix" (1966), "L'Impossible Objet" (1973) et "French Connection 2" (1975). L'histoire est celle d'un inconnu, John David Zeik qui se serait inspiré du roman "Shogun" (1975) de James Clavell, qu'il a associé à une image qu'il a pu voir des années après en observant la silhouette de cinq policiers armés face au soleil sur la Promenade des Anglais à Nice. Mais quand le projet estlancé la production engage David Mamet, scénariste connu pour "Le Facteur sonne Toujours deux Fois" (1981) de Bob Rafelson, "Les Incorruptibles" (1987) de Brian De Palma ou "Des Hommes d'Influences" (1997) de Barry Levinson, d'abord pour étoffer le personnage prévu pour Robert De Niro qui jouait justement dans ces deux films sus-nommés, puis rajouter une intrigue amoureuse. Finalement David Mamet réécrit une bonne partie du scénario à tel point qu'il était prévu un générique avec "Histoire de J.D. Zeik, scénario de David Mamet". Mais Zeik contredit cet idée, attaque en justice et obtient que les crédits du scénario reviennent conjointement à David Mamet et lui-même. Mamet est à son tour en désaccord et renie le film en demandant que son travail soit crédité sous le pseudo de Richard Weisz. Le film est doté d'un budget de 55 millions de dollars, dont une bonne partie pour les cachets de stars, et si les critiques restent mitigées le film est un petit échec n'engrangeant que 70 millions au dollars au box-office Monde. Rappelons que le tournage a été légèrement perturbé par une convocation de Robert De Niro pour être entendu pour une affaire de réseau de prostitution... Plusieurs hommes qui ne se connaissent pas se retrouvent en un lieu de rendez-vous secret en plein Paris où une femme les invite à la suivre. Ils sont tous des mercenaires engagés par un mystérieux commanditaires pour une mission qui semble a priori banale. Sam est particulièrement pointilleux et soupçonneux sur les tenants et aboutissants de cette mission, la tension grimpe alors que les préparatifs sont en cours... 

La femme qui gère le groupe est interprétée par Natasha McElhone qui est alors à son sommet après "Surviving Picasso" (1996) de James Ivory, "Ennemis Rapprochés" (1997) de Alan J. Pakula et surtout "The Truman Show" (1998) de Peter Weir. Le groupe de mercenaires est composé de Robert De Niro qui est alors au bout de deux décennies exceptionnelles se terminant avec "Casino" (1995) de Martin Scorcese, "Heat" (1995) de Michael Mann, "Copland" (1997) de James Mangold ou "Jackie Brown" (1997) de Quentin Tarantino, Jean Reno star de "Léon" (1994) de Luc Besson qui a déjà tourné dans des productions hollywoodiennes avec "Mission Impossible" (1996) de Brian De Palma et "Godzilla" (1997) de Roland Emmerich, Stellan Skarsgard remarqué dans "Breaking the Waves" (1996) de Lars Von Trier et vu dans "Insomnia" (1997) de Erik Skjoldbjaerg ou "Amistad" (1997) de Steven Spielberg, Jan Triska vu entre autre dans "Larry Flint" (1996) de Milos Forman ou "Un Elève Doué" (1998) de Bryan Singer, Skipp Sudduth aperçu dans "Money Train" (1995) de Joseph Ruben, "Clockers" (1995) de Spike Lee ou "Studio 54" (1998) de Mark Christopher, Sean Bean vu dans "The Field" (1990) de Jim Sheridan, "Jeux de Guerre" (1992) de Phillip Noyce et dans le 007 "GoldenEye" (1995) de Martin Campbell, citons ensuite Feodor Atkine qui retrouve après "Chacal" (1972) de Fred Zinnemann et "Enigma" (1982) de Jeannot Zwarc son partenaire Michael Lonsdale qui a lui aussi joué dans un 007 avec "Moonraker" (1979) de Lewis Gilbert à l'instar de Jonathan Pryce juste avant avec "Demain ne Meurt jamais" (1997) de Roger Spottiswoode et retrouve Robert De Niro après "Brazil" (1985) de Terry Gilliam. N'oublions pas un petit rôle pour Katarina Witt, patineuse sur glace vedette qui avait déjà participé à un film avec "Jerry Maguire" (1996) de Cameron Crowe... Frankenheimer voulait un pur film d'action ambitieux d'un point de vue technique et notamment soigner les courses poursuites comme il a pu le faire sur "French Connection 2" (1975). Entre autre le réalisateur ne voulait pas de trucages ni tricher sur la vitesse des véhicules. Le réalisateur réussit parfaitement cette partie du film qui reste particulièrement efficace. Le côté international des personnages comme du casting  renvoie au genre du film d'espionnage sur fond de Guerre Froide, ce qui n'est ici pas le sujet mais le climax inhérent au genre est très similaire.

Mais dès les premières minutes du film la collection d'invraisemblances débutent, maladresses ou simples bêtises ne vont plus s'arrêter. On peut citer un Sam/DeNiro hyper condescendant envers tous ses partenaires et devin de surcroît, au point qu'il semble le seul véritable pro surtout quand Vincent/Reno pose des questions aussi naïves que stupides comme "Tu as déjà fait ça toi ? Tu as déjà tuer un homme ?" alors qu'ils sont tous censés être des pros. D'autres scènes sonnent complètement faux comme le baiser bidon ou la résurrection de la fin. Le scénario est d'une ineptie assez rare à ce niveau (acteurs bankables, réalisateur expérimenté, budget solide...) et ne surnage que grâce à quelques séquences d'action qui font le job. La postérité va aussi placer ce film comme charnière dans la carrière de la star Robert De Niro puisque ce film est le premier film médiocre de l'acteur, le premier aussi d'une longue liste pour les vingt prochaines années. Un film qui reste une drôle de curiosité.

Note :                 

Ronin (1998) John Frankenheimer

09/20