Les Rois de la Piste (2024) de Thierry Klifa

Ex-critique cinéma passé derrière la caméra avec "Une Vie à t'Attendre" (2004), a confirmé avec "Le Héros de la Famille" (2006), "Les Yeux de sa Mère" (2011) et "Tout nous Sépare" (2017) le réalisateur-scénariste Thierry Klifa revient avec toujours une histoire de famille mais en virant un peu plus vers la comédie pure : "J'avais envie d'une histoire qui soit joyeuse, féroce, inattendue, solaire, furieusement tournée vers la vie et mélancolique à la fois, avec de l'amour, de l'amitié, de grandes engueulades et des grandes réconciliations. Parler de la famille dans ce qu'elle de plus réjouissant et... de plus toxique aussi. De cette place qu'on vous attribue à la naissance à celle qu'on prend soi-même pour exister vraiment, en tout cas celle qu'on se choisit pour échapper à un certain déterminisme." Le cinéaste avoue plusieurs références comme les réalisateurs Jean-Paul Rappeneau, Philippe De Broc, Jonathan Demme, Blake Edwards, James L. Brooks, Ernst Lubitsh ou Pierre Salvadori, et en profite justement pour emprunter à ce dernier son scénariste, Benoît Graffin fidèle de Salvadori depuis "Après Vous..." (2003) jusqu'au récent "La Petite Bande" (2022)... Rachel, sorte deMa Dalton, a élevé ses fils Sam et Jérémie, et son petit-fils, Nathan, dans le culte de l’arnaque. De plans foireux en petits larcins, cette sympathique famille de bras cassés court toujours après le gros coup. Chance ou fatalité, lors d’un cambriolage, ils volent sans en connaitre sa valeur, une toile de Tamara de Lempicka. Céleste, une détective rusée et charmeuse, et Gauthier, son fidèle acolyte, se lancent à leur poursuite..

La cheffe de famille est incarnée par Fanny Ardant vue dernièrement dans "The Palace" (2023) de Roman Polanski, "Complètement Cramé" (2023) de Gilles Legardinier et "Ma France à Moi" (2023) de Benoît Cohen, parmi les autres membres de la famille sont joués par Mathieu Kassovitz vu dernièrement dans l'excellent "L'Astonaute" (2022) de et avec Nicolas Giraud et "Visions" (2023) de Yann Gozlan et retrouve après "Les Choses Humaines" (2021) de Yvan Attal son partenaire et fils de ce dernier Ben Attal qui a essentiellement tourné pour son père depuis "Ma Femme est une Actrice" (2001) et exception faite du très réussi "Une Jeune Fille qui va Bien" (2022) de Sandrine Kiberlain, Laetitia Dosch vue dans "Libre Garance !" (2022) de Lisa Diaz, "Reprise en Main" (2022) de Gilles Perret et "Acide" (2023) de Just Philippot, Nicolas Duvauchelle vu récemment dans "Hawaii" (2023) de Melissa Drigeard et "Un Hiver en Eté" (2023) de Laetitia Masson et qui retrouve son réalisateur après "Les Yeux de sa Mère" (2011) et "Tout nous Sépare" (2017), à l'instar pour ce dernier film de l'acteur Sébastien Houbani vu notamment dans "Noces" (2016) de Stephan Streker, "Vaurien" (2020) de Peter Dourountzis et "Je Verrais toujours vos Visages" (2023) de Jeanne Herry, Michel Vuillermoz vu dans "L'Abbé Pierre : une Vie de Combats" (2023) de Frédéric Tellier, "Bernadette" (2023) de Léa Domenech et "Inestimable" (2023) de Eric Fraticelli, Zbeida Belhajamor remarquée dans "Une Histoire d'Amour et de Désir" (2021) de Leyla Bouzid, puis enfin Olivier Broche vu dans "En Corps" (2022) de Cédric Klapisch, "Mon Crime" (2023) de François Ozon et "Ma langue au Chat" (2023) de Cécile Telerman... Un prologue nous plonge dans un casse en famille qui paraît millimétré, et quand tout se passe mal on se dit que c'est la malchance ou pas vraiment (une recette est une recette !). Puis le coup de l'ellipse qui rebat les cartes pour une famille déconstruite mais dans laquelle personne n'ets capable de se passer des autres. On constate que le premier problème du film est le rythme. Ca oscille constamment entre l'accélération feintée et le ton monocorde qui crée un décalage inconfortable avec un récit qui est pourtant semé de rebondissements plus ou moins importants. S'il s'en revendique Thierry Klifa n'est pas à la cheville de Jean-Paul Rappeneau.

Le scénario est bien ficelé même si c'est avec de la corde, le jeu du chat et de la souris est toujours assez réjouissant, le relationnel difficile mais plein d'amour de la famille ajoute le sel nécessaire et surtout le suspense est efficace ; en effet on s'attend logiquement au twist mais pas forcément par quel personnage. Les personnages sont pour la plupart bien croqués, et en grande majorité les acteurs sont bons, bons voir bien inspirés et au diapason. Ardant joue encore la diva mais elle reste lumineuse, Kassovitz est très bon même si parfois son personnage est un peu trop dans le chien battu alors même que sa mère rappelle qu'il était un "bonhomme" ce qu'on a bien du mal à croire, Duvauchelle s'en sort la tête haute malgré un rôle difficile car casse-gueule mais il offre toute l'émotion qui contre-balance la légèreté ambiante, par contre le fils Attal est toujours aussi fade et sans relief, par là même la seconde intrigue amoureuse est inutile et le personnage féminin l'est tout autant malheureusement pour la jeune comédienne. Très beau duo Vuillermoz-Dosch tout en fantaisie et même de tendresse. L'histoire de ce gang familial mené par une Ma Dalton aussi paumée que ses fils est assez amusante pour passer un relatif bon moment, des sourires, quelques jolies scènes (face à face Ardant-Dosch piquant notamment), des disputes qui ne manquent pas de peps ni de drôlerie, pour un divertissement honnête à défaut de se démarquer des musts du genre.

Note :                 

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12/20