Le crime de la semaine

Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le crime de la semaine » de Jack Arnold.

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« Chaque détail a son importance. Surtout pour moi. »

Henry Hayes et Don Newell travaillent tous les deux sur l’émission de télévision « le Crime de la semaine ». Don entretient une liaison extra-conjugale avec la troublante Paula Rainer, qu’il retrouve assassiné. Hayes, considéré comme un génie méticuleux est soupçonné par Don…

« Ton problème, c’est de croire que tu as toutes les répliques alors que tu ne connais même pas les questions ! »

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Diplômé de la prestigieuse American Academy of dramatic Arts (qui forma entre autres Kirk Douglas, Lauren Bacall, Edward G. Robinson ou encore Spencer Tracy), Jack Arnold entame d’abord une carrière de comédien sur les planches. Mais là Seconde guerre mondiale va lui ouvrir de nouvelles perspectives: au hasard d’une affectation de quelques mois au service cinématographique des armées au cours de laquelle il participe à la réalisation de plusieurs films de propagande, il se prend au jeu et se découvre une passion qui lui fera changer de vocation une fois de retour à la vie civile. S’initiant à la réalisation par le biais du documentaire (il est nommé à l’Oscar pour son documentaire « With this hands » en 1950), il est rapidement repéré par le Studio Universal qui l’embauche comme réalisateur pour ses séries B. S'il s'imposera au cours des années 50 comme le maître des films fantastiques aux effets spéciaux innovants et soignés (« Le météore de la nuit », « L’étrange créature du lac noir », « Tarantula ! », « L’homme qui rétrécie »), il touchera aussi a d'autres genres, et notamment au film noir (« Le salaire du diable », « Faux monnayeurs »). C'est d'ailleurs dans ce registre qu'il débute en dirigeant notamment « Le crime de la semaine » (son troisième long-métrage) en 1952, qu’il réalise en trois dimensions. 

« Nous connaissions tous Paula Rainer. C’est même toi qui l’a envoyé à mon bureau. Personne ne pourrait te reprocher d’avoir voulu la connaitre un peu mieux ! »

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Adaptation du roman « Vous l’aurez voulu » de Max Ehrlich, le film s’ouvre par une scène magistrale de meurtre, très crue, qui se termine en pied-de-nez puisqu’il s’agit en fait du tournage d’une scène d’un téléfilm. Un moyen pour le réalisateur de nous piéger et de nous immerger dans ce que ce sera son film : une plongée dans l’univers de la télévision. Et il arrive des fois que la réalité rejoigne la fiction. Notamment lorsqu’une starlette ayant participé au programme « Le crime de la semaine » est retrouvée mystérieusement assassinée. Alors même qu’elle fréquentait plusieurs auteurs du programme. Plus que l’intrigue policière elle-même (plutôt bien ficelée d’ailleurs), le film vaut surtout pour ce qu’il ce montre des dessous de la télévision. D’abord d’un point de vue documentaire (la conception d’un programme, de sa création à son tournage avec le plateau, la cabine de régie, les sponsors…). Mais plus encore du point de vue des coulisses où le cinéaste montre un univers impitoyable, fait de concurrences, de rivalités et de pressions pour atteindre des résultats. Une vision cynique à souhait, mais qui s’inscrit assez bien dans une certaine tendance hollywoodienne à dénoncer la réalité peu glamour qui se cache derrière l’industrie du rêve (« Eve », « La comtesse aux pieds nus », « Boulevard du Crépuscule »). Et qui donne toute sa saveur, particulièrement sombre et nerveuse (les irruptions très menaçantes du personnage de Hayes dans la vie de Newell, que ce soit chez lui ou sur une route à flan de falaise), à ce film qui manie au demeurant avec beaucoup de finesse les archétypes du genre (la femme fatale, le lâche manipulateur) autant que les façons de contourner le code de censure (on y parle quand même ouvertement d’adultère). Ajoutons à cela un casting très solide (Edward G. Robinson, John Forsythe, Richard Denning), et on obtient un petit thriller policier particulièrement réussi et plaisant.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français et anglais sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée par Eddy Moine (2023, 11 min.), de « Jack Arnold, géant de la peur » par Jean-Pierre Dionnet (2017, 7 min.), ainsi que des Bandes-annonces de la collection.

Édité par Éléphant Films, « Le crime de la semaine » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD depuis le 11 juillet 2023. Il est également disponible en édition blu-ray seul depuis le 14 novembre 2023.

Le site Internet d’Éléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici.