L'Adieu aux Armes (1957) de Charles Vidor

Seconde adaptation du célèbre roman éponyme (1929) de Ernest Hemingway après le très beau "L'Adieu aux Armes" (1932) de Frank Borzage avec Gary Cooper et Helen Hayes. Ce nouveau projet est avant tout l'oeuvre de David O. Selznick un des plus grands nababs de l'Âge d'Or de Hollywood, producteur entre autre de "Autant en Emporte le Vent" (1939) de Victor Fleming, "Rebecca" (1940) de Alfred Hitchcock ou "Le Troisième Homme" (1949) de Carol Reed. Le nabab était alors patron de la 20th Century Fox et est surtout obnubilé par la carrière de son épouse et muse, la star Jennifer Jones dont il façonne la carrière. Il dote la production d'un budget énorme de 4 100 000 millions de dollars, soit bien plus que les 2,8 millions de l'autre super production de l'époque "Le Pont de la Rivière Kwaï" (1957) de David Lean tout en rapportant deux fois moins au box-office ! La réalisation est confiée à Charles Vidor à qui on doit "La Reine de Broadway" (1944), le chef d'oeuvre "Gilda" (1946) ou "Le Cygne" (1956). Le scénario est lui confié à Ben Hecht, un des plus fameux scénaristes de l'Âge d'Or avec entre autre "Scarface" (1932) de Howard Hawks, "Les Hauts de Hurlevent" (1939) de William Wyler ou "Les Enchaînés" (1946) de Alfred Hitchcock... 1917, Première Guerre Mondiale, le jeune lieutenant Frédéric Henry sert à l'unité d'ambulance de l'armée italienne. Il rencontre l'infirmière britannique Catherine Bakley et en tombe amoureux mais il doit retourner sur le front. Blessé, il est hospitalisé et grâce à un ami officier Catherine est mutée dans son hôpital où leur amour s'épanoui. Mais l'infirmière en chef les surprend ce qui pousse le couple à fuir en Suisse... 

Le lieutenant américain est interprété par Rock Hudson vu dans "Les Affameurs" (1952) de Anthony Mann, "Ecrit sur du Vent" (1956) de Douglas Sirk ou plus tard "Le Sport favori de l'Homme" (1964) de Howard Hawks. L'infirmière britannique est donc incarné par Jennifer Jones star de "Duel au Soleil" (1946) de King  Vidor, "Madame Bovary" (1949) de Vincente Minnelli ou "Plus Fort que le Diable" (1953) de John Huston, et retrouve après "Station Terminus" (1953) de Vittorio de Sica, réalisateur italien et partenaire vu parfois dans ses propres films comme "L'Or de Naples" (1954) ou pour d'autres comme "Madame de..." (1953) de Max Ophüls ou "Nous nous Sommes tant Aimés" (1974) de Ettore Scola, il retrouve "Les Week-Ends de Néron" (1956) de Steno son compatriote Alain Sordi qui retrouve de son côté après "Le Cheikh Blanc" (1952) et "Les Vitelloni" (1953) tous deux de Federico Fellini l'acteur Leopoldo Trieste vu plus tard dans "Divorce à l'Italienne" (1961) de Pietro Germi ou "Le Nom de la Rose" (1986) de Jean-Jacques Annaud, n'oublions pas un autre "Vitelloni" avec Franco Interlenghi vu dans "La Comtesse aux Pieds Nus" (1954) de J.L. Mankiewicz ou "En Cas de Malheur" (1958) de Claude Autant-Lara. Citons ensuite Mercedes McCambridge qui retrouve Rock Hudson après "Géant" (1956) de George Stevens et vue dans "Johnny Guitar" (1954) de Nicholas Ray, "La Soif du Mal" (1958) de et avec Orson Welles ou "Soudain l'Été Dernier" (1959) de J.L. Mankiewicz, Georges Bréhat vu entre autre dans "Attila le Fléau de Dieu" (1954) de Pietro Francisi ou "Un Américain bien Tranquille" (1958) de J.L. Mankiewicz et retrouve après "Guerre et Paix" (1956) de King Vidor son partenaire Oskar Homolka vu dans "Agent Secret" (1936) de Alfred Hitchcock, "Boule de Feu" (1941) de Howard Hawks ou "Sept Ans de Réflexion" (1955) de Billy Wilder, Elaine Stritch vu dans "Terre sans Pardon" (1957) de Rudolph Maté, "La Nuit de la Peur" (1975) de Peter Collison ou "September" (1987) de Woody Allen, Kurt Kasznar vu dans "La Ruelle du Péché" (1952) de Raoul Walsh et "Vaquero" (1953) de John Farrow et retrouve "Les 55 Jours de Pékin" (1963) de Nicholas Ray l'acteur José Nieto vu dans "Salomon et la Reine de Saba" (1959) de King Vidor ou "Le Docteur Jivago" (1965) de David Lean, Victor Francen vu dans "J'Accuse" (1938) de Abel Gance ou "La Fin du Jour" (1939) de Julien Duvivier et retrouve Charles Vidor après "Tamara de Tahiti" (1942), Bud Spencer encore inconnu avant de tourner 17 films avec son acolyte Terence Hill dont "On l'appelle Trinita" (1970) de Enzo Barboni, Johanna Hofer vue dans "La Chair" (1949) de Josef Von Baky, "L'Aigle Noir" (1959) de William Dieterle ou "Possession" (1981) de Andrzej Zulawski, puis enfin Sam Levene vu dans "les Tueurs" (1946) de Robert Siodmak, "Feux Croisés" (1947) de Edward Dmytryk ou "La Femme Modèle" (1957) de Vincente Minnelli... Le film s'éloigne en core plus du roman original que le film de Borzage, en arasant encore un peu plus le contexte de la guerre pour se focaliser un peu plus sur la romance. Rappelons que le roman dépeint les horreurs de la guerre mais n'est pas pour autant un roman pacifiste, Hemingway rappelle que la guerre est inévitable car logique dans notre monde absurde et cruel. Le film résume la guerre à l'exode des populations sans trop montrer les horreurs inhérents à la guerre, puis à un semblant de procès comme justice expéditive et aveugle. Sur un film d'une durée de 2h30 (plus d'une heure de plus que la version 1932) c'est peu. 

Photo de Jennifer Jones - L'Adieu aux armes : Photo Rock Hudson, Jennifer  Jones, Charles Vidor - Photo 25 sur 31 - AlloCiné

En effet, l'histoire préfère la romance jusqu'à en faire un mélo dont la romance est un peu mièvre, digne d'une amourette adolescente (minaudage forcé, amour furtif et secret, instant gêné...) ce qui ne colle pas au départ avec les deux principaux intéressés. Lui est un soldat dans les affres de la guerre, tandis que Jennifer Jones dont on perçoit malheureusement les stigmates de la chirurgie esthétique, incarne une femme d'abord libre et indépendante, puis se transforme soudainement en vieille fille amourachée. Une romance à grand renfort d'une musique trop ronflante. Quelques passages manquent un peu de finesse comme un médecin qui confond le genou et la cheville (faut pas pousser !), tandis qu'on peut se demander comment le couple survit en Suisse sans ressource. Pourtant les acteurs sont adorables et nous font passer la pilule, le charme à l'italienne fonctionne à plein, on sourit parfois souvent malgré nous et le dernier acte offre sa dose d'émotion. Le film n'est pas à la hauteur des ambitions de Selznick, résultat le film est un des gros échecs du producteur, et par ricochet de sa muse Jennifer Jones, ce qui va sonner le chant du cygne pour le couple phare qui correspond aussi un peu à la fin de l'Âge d'Or. Le manque d'équilibre entre mélo romanesque et pamphlet anti-guerre reste le gros défaut du film.

Note :    

 L'Adieu Armes (1957) Charles VidorL'Adieu Armes (1957) Charles Vidor

11/20