Vacances

Par Dukefleed
Moins futile qu'il n'y parait

Georges Cukor, un des maitres de l’âge d’or d’Hollywood, réalise une comédie romantique plus acide qu’il n’y parait a priori. Ce film est un anti « Pretty woman » ; il met de côté les valeurs de l’argent au profit des valeurs humaines. Un homme de milieu modeste tombe amoureux d’une femme de la haute bourgeoisie ; lui est sans le sou, mais n’est pas attiré par la richesse de sa future compagne. Il attend dans la vie de se réaliser et ceci passe par des rencontres, des expériences et pas uniquement par la réussite sociale et professionnelle. Le message est fort et bien loin de celui véhiculé par le film avec Roberts/Gere symbole des décennies bling-bling et fric. C’est une critique frontale de la classe supérieure à travers ce personnage discordant joué par un virevoltant Cary Grant, mais surtout par les trois enfants de la famille. La fille à épouser symbolise le carcan des conventions sociales familiales, Katherine Hepburn (la seconde fille) est celle qui remet en cause les valeurs familiales et se réfugie sans cesse dans le monde de l’enfance pour fuir, et surtout le fils Ned incapable d’échapper au moule dans lequel on l’enferme et qui le fait par l’alcool. L’homme modeste est un homme libre, les enfants de la bourgeoisie sont prisonniers et ont du mal à en sortir et à y résister. Toute créativité est tuée dans l’œuf chez eux ; tout ce qui n’a pas attrait à l’argent se révèle futile. Et c’est bien là que Katherine Hepburn et sa présence magnétique capte très vite l’histoire et la prend à son compte. La longue scène de la réception d’annonce des fiançailles est le point d’orgue du film. Les masques tombent, les bourgeois et les modestes vivent dans deux mondes différents ; et cette vérité éclate aux yeux de tous. Une fête parallèle dans les étages de la gigantesque demeure bourgeoise beaucoup plus festive que la réception officielle va sceller le sort de chacun. L’écriture est enlevée tout comme le jeu des acteurs et les personnages très travaillés.

Une très bonne surprise

Sorti en 1938

Ma note: 14/20