Sans jamais nous connaitre

Sans jamais nous connaitreEtrange récit entre morts et vivants

Voilà un mélodrame à la tonalité très particulière !!! Sous des accents d’énième film sur l’homosexualité, ce film va se révéler bien plus complexe ; pour cela il faudra passer une première demi-heure assez convenue et déjà vu. Là, le film va devenir fantastique, va se décentrer de la relation amoureuse gay sans surprise pour nous amener dans une fantasmagorie autour de l’identité et de l’acceptation de soi. Le personnage principal, seul et très isolé, entreprend d’écrire un scénario sur ses parents disparus quand il avait 12 ans, 40 aujourd’hui. Ça sonne à la porte et son voisin, le seul, car son gigantesque immeuble ne compte que 2 habitants, se présente à lui, tente de le séduire et repart gros jean comme devant. Observez bien cette scène (tenue vestimentaire, bouteille, musique en fond sonore, paroles dites par le voisin), tout fera écho à une scène finale déchirante et permettra de mieux comprendre l’heure trente du milieu. Scène finale déchirante limite larmoyante et sur dramatique. Ces deux vont se retrouver et vivre une histoire d’amour avec en parallèle les visites du personnage principal auprès de ses parents. Et c’est bien ceci un thème majeur du film ; il retrouve ses parents au même âge que lui aujourd’hui ; ils ne se connaissent pas vraiment et vont pouvoir échanger sur son homosexualité, son enfance, les non-dits,… Toutes ces rencontres sont magnifiquement écrites et très émouvantes ; un joli film de fantômes. Pour les retrouver, il prend le bus, le train ; une transition vers les esprits ; il retrouve clarté, lumière. De retour chez lui, il vit son histoire d’amour naissante dans des ambiances sombres, plutôt nocturnes. Et si ces 90 minutes de film n’étaient qu’un songe, un rêve, la rédaction de son scénario ; l’histoire de sa propre acceptation, une renaissance. Ce film joue de boucles temporelles, de rêves dans les rêves, pour mieux nous perdre ou peut-être pour mieux nous happer. Décidemment les films 2024 sont aussi désarçonnant qu’ils sont clivant. C’est un voyage intérieur dans lequel on entre ou pas ; pour ma part, ce traitement novateur de l’homosexualité m’a transporté et ému.

Un grand film sur le deuil, l’amour, l’homosexualité et la solitude.

Sorti en 2024

Ma note: 15/20