Thèmes : les croyances

Le monde de la littérature possède une riche et vibrante Histoire, tissée non seulement d'intrigue, de personnages et de divers lieux et contextes, mais aussi des motifs complexes de la croyance humaine. Des mythes anciens des dieux et des héros aux récits introspectifs des temps modernes, l'autrice et l'auteur ont utilisé les croyances comme un outil puissant pour élaborer leurs personnages, faire avancer les intrigues et aborder la complexe condition humaine.

En son cœur, la littérature insuffle la vie aux personnages par le biais de leurs convictions profondes. Dans Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee, la croyance inébranlable de Scout en la justice et la compassion la pousse à affronter les préjugés raciaux. De même, dans Les Enfants de minuit de Salman Rushdie, le lien magique de Saleem avec les événements historiques est intimement lié à sa croyance en l'interdépendance des expériences humaines.

Ces personnages révèlent comment leur vie est façonnée par la voix intérieure de leurs croyances, une voix peut-être insuffisamment étouffée, soulignant le rôle fondamental que jouent ces convictions dans la définition de notre identité. À travers le prisme de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur et Les enfants de minuit, nous pouvons voir comment les convictions de personnages comme Scout et Saleem n'alimentent pas seulement leurs odyssées personnelles, mais offrent également un commentaire profond sur la société dans son ensemble.

Cette approche du développement des personnages et des thèmes n'est pas propre à ces romans ; il s'agit d'une riche veine qui traverse une grande partie de la littérature, offrant des aperçus sur la moralité, l'identité et l'évolution de la société. Dans Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, le parcours de Scout est étayé par sa croyance naissante en la justice et la compassion, nourrie par son père, Atticus Finch.
Ce système de croyance est un dispositif narratif essentiel que Harper Lee utilise pour explorer l'injustice raciale et l'intégrité morale dans le Sud ségrégationniste. L'innocence de Scout et ses tentatives pour comprendre les complexités du monde adulte qui l'entoure constituent un contraste puissant avec les préjugés enracinés qu'elle rencontre. Sa foi en la justice devient une perspective à travers laquelle le lecteur et la lectrice examinent les injustices de sa société, faisant de ce récit non seulement une histoire personnelle de passage à l'âge adulte, mais aussi un commentaire critique sur les normes sociétales de l'époque.

Saleem, le protagoniste des Enfants de minuit de Rushdie, considère que toutes les expériences humaines sont tissées ensemble, comme en témoigne sa connexion télépathique avec d'autres enfants de minuit nés au moment de l'indépendance de l'Inde. Les destins croisés des personnages deviennent un microcosme des luttes post-coloniales de l'Inde, telles qu'elles ont été imaginées par Rushdie.
Le récit de Saleem crée des liens entre l'histoire personnelle et l'histoire nationale, suggérant que les destins individuels sont inséparables des forces historiques et sociétales. Cette perspective invite la lectrice ou le lecteur à considérer les façons dont les histoires personnelles et collectives sont entrelacées, et comment les croyances individuelles peuvent refléter des conflits et des changements sociétaux plus larges.

Les croyances : élan narratif

En narration, les croyances constituent une force motrice profonde qui non seulement déterminent les motivations et les actions des personnages, mais qui projette également le récit vers son inévitable point culminant et sa résolution. Ce jeu dynamique de croyances, souvent contradictoires et évolutives, n'est pas seulement un dispositif narratif, mais un miroir reflétant la nature complexe des convictions humaines et leur impact sur le monde.

Frankenstein de Mary Shelley, nous constatons que la croyance de Victor Frankenstein n'est pas une simple foi dans le progrès scientifique ; il s'agit d'un orgueil démesuré profondément ancré qui l'aveugle quant aux implications éthiques et morales de ses actes. Sa croyance en sa capacité à vaincre la mort et à créer la vie à partir du néant (ce en quoi Mary Shelley n'avait pas tort) est enracinée dans l'obsession de l'époque des Lumières pour la raison humaine et le progrès scientifique. Cependant, Shelley utilise cette croyance pour mettre en garde contre l'ambition incontrôlée et les dangers de se prendre pour Dieu.

La croyance initiale de Victor fait avancer le récit, déclenchant une chaîne d'événements qui culminent dans la tragédie. Sa création, la Créature, devient l'incarnation des conséquences des croyances de Victor, remettant en question non seulement ses convictions, mais aussi les croyances de la société en matière de beauté, d'acceptation et d'humanité. L'évolution de la relation entre le créateur et la création, motivée par leurs croyances contradictoires, ajoute de la complexité au récit, faisant de Frankenstein une exploration intemporelle des dangers de l'hubris et de la recherche d'appartenance.

Dans L'Autre Moitié du soleil de Chimamanda Ngozi Adichie, la guerre civile nigériane constitue la toile de fond sur laquelle sont peintes les croyances contrastées des personnages. Ces croyances, façonnées par des expériences personnelles, des idéologies politiques et des antécédents culturels, poussent les personnages à des actions qui entremêlent leurs destins et reflètent la période tumultueuse de l'histoire du Nigeria.


Adichie utilise magistralement ces diverses croyances pour alimenter les tensions, forger des alliances et, en fin de compte, tisser un récit qui traite autant de la résilience de l'esprit humain que de la nature destructrice de la guerre.

L'évolution de ces croyances, souvent face à la perte et à la trahison, enrichit le récit et en fait un commentaire profond sur l'amour, la loyauté et la quête d'identité dans un monde fracturé. Frankenstein et L'Autre Moitié du soleil illustrent tous deux la façon dont le choc et l'évolution des croyances ne sont pas de simples embellissements narratifs, mais des éléments essentiels qui font progresser l'intrigue. Ces croyances, qu'elles conduisent à une chute tragique ou à la reconnaissance douloureuse de la réalité, facilitent le changement, poussant les personnages accompagnés de la lectrice et du lecteur à réfléchir aux conséquences de leurs convictions.

En plongeant dans la complexité des croyances humaines, les auteurs créent non seulement des récits captivants, mais invitent également la lectrice et le lecteur à explorer l'impact profond de ces croyances sur le monde qui nous entoure. La fiction nous offre une occasion unique d'examiner les forces qui déterminent nos actions, les conflits qui définissent notre époque et les croyances qui peuvent soit nous diviser, soit nous rassembler dans la compréhension et l'empathie.

Une critique sociétale

Poursuivant notre examen de la façon dont la littérature sert de surface de réflexion pour les croyances sociétales, approfondissons les nuances de la façon dont l'autrice et l'auteur utilisent les systèmes de croyance dans leurs récits pour encourager le discours critique et provoquer le changement.

de George Orwell est une œuvre fondamentale qui transcende la simple narration pour devenir un conte sur les effets pernicieux du totalitarisme sur l'esprit humain. Orwell construit méticuleusement un monde où l'idéologie du Parti n'est pas seulement un aspect de la vie, mais le cadre même sur lequel la société est construite.
Le concept de double pensée (connaître et ne pas connaître, un concept inventé par Orwell), c'est-à-dire la capacité d'entretenir simultanément deux croyances contradictoires, illustre de manière effrayante la dissonance cognitive nécessaire pour survivre sous un tel régime. L'exploration par Orwell de la croyance dans ce contexte dystopique est un rappel brutal du pouvoir de l'idéologie à déconstruire la réalité (du moins à briser le lien entre l'individu et la réalité, jugé dangereux selon le Parti) et du danger inhérent à une société qui sacrifie la vérité au nom de la conformité.

Orwell invite le lecteur/spectateur à réfléchir à la valeur de l'autonomie et à l'importance de se prémunir contre l'érosion des libertés individuelles face à des systèmes oppressifs.
de Toni Morrison, en revanche, plonge dans les croyances personnelles et collectives qui entourent le traumatisme de l'esclavage. Morrison ne se contente pas de raconter les horreurs de l'esclavage ; elle en explore les cicatrices psychologiques, tissant un récit qui porte autant sur les souvenirs obsédants du passé que sur la lutte pour se forger une nouvelle identité au lendemain de cette déshumanisation.

À travers les expériences des personnages, Morrison confronte les systèmes de croyance qui ont justifié de telles atrocités et l'impact permanent de ces croyances sur les générations suivantes. Ce roman est un puissant témoignage de la résilience de l'esprit humain, qui pousse la lectrice et le lecteur à affronter des vérités gênantes sur l'Histoire et les effets persistants du racisme systémique.
Le récit de Morrison est un appel à la reconnaissance et à la cicatrisation de ces injustices passées, soulignant le rôle des croyances dans la perpétuation du mal comme dans l'encouragement à la réconciliation.

Tant 1984 que Beloved illustrent l'impact profond que la littérature peut avoir sur la conscience collective de la société. En présentant les systèmes de croyance non pas comme des concepts abstraits, mais comme des expériences vécues qui façonnent et sont façonnées par les normes sociétales, ces œuvres encouragent le lecteur/spectateur à s'engager dans une réflexion critique.
Elles offrent un espace de dialogue sur les croyances souvent non examinées qui influencent nos perceptions et nos actions. Grâce à ces récits, la littérature peut remettre en question les normes dominantes, inspirer l'empathie et motiver un changement sociétal. Ainsi, l'exploration des croyances dans la littérature n'est pas seulement un miroir reflétant les problèmes sociétaux, mais aussi un phare guidant vers une société plus introspective et plus juste.

Une recherche de sens

En développant le thème de la quête existentielle de l'individu à travers la littérature, nous trouvons une riche trame narrative qui examine l'interaction complexe entre les convictions individuelles et les normes sociales dominantes. Ce thème n'est pas simplement un arrière-plan, mais une force motrice qui propulse les personnages dans des situations qui remettent en question leur compréhension d'eux-mêmes et du monde qui les entoure. Crime et châtiment de Fiodor Dostoïevski est une exploration profonde de la tourmente psychologique qui s'ensuit lorsque les convictions idéologiques d'un individu se heurtent à des absolus moraux.
Raskolnikov, le protagoniste du roman, incarne cette lutte existentielle par sa croyance en une sorte de théorie du surhomme qui postule que certains individus ont le droit de transcender la morale conventionnelle pour atteindre des objectifs sociétaux plus importants. Cette croyance le pousse à commettre un meurtre, sous le couvert d'une logique utilitaire perverse (Machiavel pense néanmoins que la perversité peut parfois mener au bien).

Cependant, Dostoïevski illustre magistralement le conflit interne et la désintégration des justifications de Raskolnikov, alors qu'il est aux prises avec la culpabilité, l'isolement et le besoin inhérent de rédemption spirituelle. À travers ce récit, Dostoïevski plonge au cœur de la psyché humaine pour remettre en question les fondements mêmes de la moralité, de la justice et de la rédemption, offrant au lecteur et à la lectrice un regard sur l'interaction complexe entre les croyances individuelles et l'éthique sociétale.

Fugitives de Alice Munro, quant à lui, propose une exploration nuancée de la liberté personnelle et de la quête d'une identité propre dans le cadre des contraintes imposées par les attentes de la société. La décision de Carla de quitter sa famille est une affirmation audacieuse de son autonomie, motivée par une croyance profonde en la nécessité de tracer son propre chemin pour découvrir sa véritable identité.

La narration de Munro est à la fois subtile et puissante, capturant les moments et les choix éphémères qui, cumulés, composent la vie d'une personne. À travers son récit, Munro invite la lectrice et le lecteur à réfléchir à la nature de la liberté, au courage qu'il faut pour la poursuivre, et à l'inévitable solitude et au doute qui accompagnent une telle quête.
Son œuvre brosse un tableau poignant de la condition humaine, où l'aspiration à la liberté se heurte au désir profond d'appartenance, mettant en lumière la relation complexe entre les croyances personnelles et les normes sociétales.

Crime et châtiment et Fugitives illustrent la capacité de la littérature à sonder les profondeurs de la condition humaine, en explorant les dilemmes existentiels qui découlent de notre quête de sens. Ces récits mettent en lumière la manière dont nos croyances, qu'elles concernent la moralité, la justice, la liberté ou le soi, déterminent nos actions et définissent notre vie.
Ils nous rappellent que la recherche d'un but n'est pas un voyage solitaire, mais qu'elle est inextricablement liée à la société dans laquelle nous vivons. En explorant les systèmes de croyance individuels aux prises avec les valeurs sociétales, ces œuvres offrent non seulement un aperçu de la quête intemporelle de sens et de but de l'homme, mais aussi une réflexion sur le pouvoir transformateur de l'examen de conscience et sur le potentiel de rédemption et de découverte de soi.