Les anneaux d'or

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Les anneaux d’or » de Mitchell Leisen.

« Je dois me battre pour une cause bien plus importante que ce manteau »

À Londres, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le colonel Denistoun, des services secrets de Sa Majesté, reçoit une boîte contenant une paire d’anneaux en or. Dans un avion pour l’Allemagne, il raconte à Reynolds, un ancien correspondant de guerre, son périple de 1939. Une enquête avec un jeune officier sur un gaz asphyxiant l’a amené à la plus belle rencontre de sa vie…

« Je peux te dire que rentreras sain et sauf dans ton pays. Que tu seras célèbre. Et que tu n’auras jamais faim. Excepté dans ton cœur. »

Muse du grand Josef Von Sternberg qui en fit une star absolue et une icône féminine du cinéma hollywoodien des années 30, Marlene Dietrich voit sa carrière décliner progressivement au milieu des années 40. Si elle joue encore dans des films populaires mais de moindre envergure (« La maison des sept péchés », « Les écumeurs », « La fièvre de l’or noir »), elle disparait quelques mois des écrans alors qu’elle participe à l’effort de guerre en donnant des galas pour soutenir le moral des troupes américaines sur le front européen. Elle revient au cinéma après la guerre en France, où elle tourne « Martin Roumagnac » (George Lacombe, 1946) en compagnie de Jean Gabin avec qui elle vit alors une passion tumultueuse. Mais celle-ci prenant finalement fin, elle rentre en Amérique au cours des mois suivants, où les propositions se font plus rares. C’est ainsi qu’elle choisit finalement de faire son retour sur les écrans américains avec « Les anneaux d’or » (1947), adaptation du roman « La tzigane et le colonel » (1945) de la romancière hongroise Jolan Földes, dont la réalisation est confiée à Mitchell Leisen. Un cinéaste qu’elle connait et qui l’a dirigée cinq ans plus tôt dans la comédie dramatique « Madame veut un bébé » (1942).

« Un jour tu retireras tes anneaux et tu en trouveras les vestiges dans ton cœur »

Le contexte oppressant de la Seconde guerre mondiale a généré une paranoïa collective dont le cinéma a tiré avantageusement profit en développant des films d’espionnage sur fond de nazisme, de complots et d’agents infiltrés jusqu’au cœur du monde libre. A ce jeu-là, c’est de loin Fritz Lang (« Chasse à l’homme », « Espions sur la Tamise ») et Alfred Hitchcock (« Agent secret », « Correspondant 17 ») qui se sont montrés les plus convaincants. Pour autant, la capitulation de l’Allemagne ne met pas fin au genre. Hollywood joue encore à se faire peur en imaginant ce qui aurait pu advenir du monde si les nazis s’étaient emparés des secrets de l’arme atomique (« Les enchainés », « Cape et poignard ») ou en traquant les nazis qui tenteraient de se fondre dans la masse en s’inventant une nouvelle identité (« Le criminel », « Le troisième homme »). « Les anneaux d’or » s’inscrit ainsi tout à fait dans cette mouvance en nous racontant, le long d’un long flashback, l’aventure d’un officier des services secrets anglais envoyé en Allemagne juste avant le début de la Seconde guerre mondiale pour récupérer la formule d’une arme chimique secrète. Mais sa mission s’avérant être plus compliquée que prévue, il ne pourra compter que sur l’aide d’une gitane. A l’évidence, Mitchell Leisen n’a pas ici l’ambition de faire un film d’espionnage nerveux et crédible, comme ses collègues Lang ou Hitchcock avant lui. Son intrigue rocambolesque ne servant finalement que de prétexte à l’improbable romance entre cet officier anglais d’apparence guindée et cette bohémienne exubérante qui constitue le vrai cœur du film. Cette dernière donne d’ailleurs lieu à son lot de scènes particulièrement savoureuses, centrées notamment sur le choc des cultures. Et ce d’autant plus que Marlene Dietrich en fait volontairement des tonnes, rendant son personnage de femme indépendante et forte particulièrement attachant. Mais derrière la comédie, le cinéaste sait aussi se faire plus grave en évoquant, en creux et avec une certaine pudeur, le sort des populations roms et l’ostracisme dont ils font l’objet de la part du régime nazi. Rarement évoqué alors au cinéma, celui-ci est ici montré, au détour de quelques scènes, de façon presque impressionniste (l’arrivée de la carriole en ville, puis des roms venant lire la bonne aventure à une réception nazie). Sans doute les amateurs de « vrais » films d’espionnage n’y trouveront pas tout à fait leur compte. Les autres se laisseront porter par ce film aussi étonnant que charmant qui, hormis une scène finale un peu hors sujet, réussit à maintenir un bel équilibre entre comédie, comédie romantique et drame.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français et anglais sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation par Nachiketas Wignesan (2023, 30 min.), d’un portrait de Marlene Dietrich par Xavier Leherpeur (2017, 13 min.) et d’une bande-annonce d’époque.

Édité par Éléphant Films, « Les anneaux d’or » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD seul depuis le 29 août 2023. Il est disponible en édition blu-ray seul depuis le 12 décembre 2023.

Le site Internet d’Éléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici.