Larry brooks & la notion de concept

Story Engineering de Larry Brooks explore un aspect fondamental de la narration, à savoir le concept. Brooks distingue le concept des simples idées ou thèmes, le positionnant comme une compétence essentielle que l'autrice et l'auteur doivent maîtriser pour créer des récits de qualité.

Un concept est plus qu'une simple prémisse ou une idée ; c'est la tournure ou la perspective unique qui élève une idée de base en un fondement narratif convaincant. Contrairement à une idée, qui peut être vague ou générale, un concept introduit un contexte ou une question spécifique qui fait avancer l'histoire, offrant ainsi une base plus large pour le développement narratif. Contrairement à une idée, qui peut être aussi éphémère que la brume, un concept est le squelette sur lequel une histoire accroche sa chair.

Il ne s'agit pas simplement d'une pensée, mais d'une question, porteuse de possibilités, qui demande à être explorée. Par exemple, considérez la différence entre l'idée imprécise de la peur et le concept d'une petite ville du Maine, assiégée par un mal ancien tous les vingt-sept ans (inspirée de Stephen King). Ce concept n'est pas seulement une notion, c'est un contexte qui comporte des éléments spécifiques : des lieux, des visages et le compte à rebours de la fatalité. Cette spécificité fait plus que planter le décor ; elle invite le lecteur/spectateur à pénétrer dans un monde où l'ordinaire est mis à nu pour révéler l'extraordinaire qui s'y cache.

Un concept nous invite à pénétrer dans un univers qui a ses propres règles, en posant cette simple question : Et si.. Et pour continuer à nous inspirer de Stephen King : Et si un cimetière d'animaux pouvait ramener les morts, mais pas tels qu'ils étaient ? Et si un brouillard pouvait engloutir une ville, amenant avec lui des créatures d'une autre dimension ? Ces questions ne sont pas vaines. Ce sont des portes d'entrée dans des récits qui nous obligent à tourner la page, à explorer les couloirs sombres de la psyché humaine et les monstres qui y habitent, au sens propre comme au sens figuré.

Un concept offre une plate-forme plus large pour le développement narratif, car il fixe des limites et des défis. Il oblige l'auteur et l'autrice à se frayer un chemin dans un labyrinthe de choix, chacun d'eux ayant ses propres conséquences. C'est cette traversée, semée d'embûches et de promesses, qui transforme une simple histoire en une saga qui résonne de vérités universelles telles que la peur, l'amour et l'indomptabilité de l'esprit humain.
C'est le terreau dans lequel les personnages grandissent, révélant leurs vertus et leurs vices, leur héroïsme et leur folie.

Et si..

Larry Brooks insiste sur le fait qu'un concept doit être capable d'inspirer une interrogation de type Et si.., ouvrant ainsi la voie à une narration qui explore cette question en profondeur. Cette approche fait passer le concept du statut de simple toile de fond à celui d'élément dynamique influençant l'ensemble de l'intrigue.

Un concept fort ne se contente pas d'intriguer, il sert aussi de fil conducteur au développement des personnages, à la progression de l'intrigue et à l'exploration thématique. La distinction entre concept, idée, prémisse et thème est importante dans l'explication de Brooks. Il précise qu'une idée peut être à l'origine d'une histoire, mais que c'est le concept qui donne à celle-ci son angle unique et son attrait.
La prémisse s'appuie sur le concept en incorporant des personnages et une direction narrative plus définie, tandis que le thème approfondit les messages latents ou les questions morales que l'histoire cherche à explorer.

En définissant le concept de cette manière, Larry Brooks pose les bases pour comprendre son rôle essentiel dans la narration. Il affirme que la maîtrise du concept est indispensable pour l'autrice et l'auteur, car elle ne guide pas seulement la structure narrative, mais garantit également que le récit trouve un écho auprès du lecteur/spectateur en présentant des idées familières d'une manière nouvelle et intrigante.

Le concept est ce qui différencie une histoire, lui donnant une identité et un but distincts dans le vaste paysage de l'écriture narrative. Il est un phare dans la vaste mer, souvent houleuse, de l'écriture narrative. C'est ce qui distingue une histoire, en lui donnant non seulement une identité distincte, mais aussi une âme. Considérez un instant l'univers tentaculaire des récits, romans, scénarios : chacun est un monde en soi, grouillant de vie, avec des personnages qui respirent et se battent à l'intérieur de leurs limites.
Pourtant, sans concept, ces histoires dérivent sans but, perdues parmi d'innombrables autres dans l'étendue infinie de l'imagination. C'est le concept qui donne à une histoire un but, un battement de cœur qui pulse à travers ses pages, convaincant et captivant. Imaginez un monde où les voitures ont leur propre vie(Christine), non pas en tant que compagnons bénins du cheminement de l'humanité, mais en tant qu'êtres doués de sentiments et d'intentions malveillantes. Ou imaginez un hôtel isolé dans les montagnes du Colorado (Shining), dont les murs mêmes murmurent des secrets de folie et de meurtre.

Il ne s'agit pas seulement de lieux ou d'intrigues ; ce sont des concepts qui créent un espace unique pour une histoire, invitant le lecteur/spectateur à pénétrer dans un royaume où l'impossible devient possible. Un concept ne se contente pas de différencier, il transforme. Il prend l'argile brute de la créativité et la façonne en quelque chose de reconnaissable, mais entièrement nouveau. Il pousse l'auteur et l'autrice à dépasser les limites du connu, à explorer les profondeurs de la peur, les sommets de l'espoir et les zones d'ombre qui se trouvent entre les deux.

Avec un concept fort, une histoire peut mettre en lumière les vérités que nous n'osons pas affronter à la lumière du jour, et elle peut donner une voix aux murmures qui nous hantent dans l'obscurité.

Définitions

Brooks fait la distinction entre une idée, un concept et une prémisse, soulignant que si de nombreuses histoires commencent par une idée, toutes les idées ne se transforment pas en concepts sans développement ultérieur. Selon Larry Brooks, un concept a le pouvoir de poser des questions ou de présenter des situations qui, par nature, demandent à être explorées et résolues, faisant ainsi avancer le récit. C'est cette évolution d'une simple idée vers un concept qui fournit une plate-forme pour le déroulement d'une histoire, ce qui suggère que le concept est un critère déterminant pour le succès potentiel et l'originalité d'un récit.

Un bon concept doit être original, intrigant et capable de soutenir un récit entier. C'est le germe à partir duquel l'intrigue, les personnages, les thèmes et les conflits se développent, en fournissant une idée centrale qui guide le développement du récit.

Un concept doit être suffisamment fort pour supporter le poids de la narration et offrir suffisamment de profondeur et de complexité pour intéresser la lectrice et le lecteur et les maintenir investis dans l'histoire. Pour évaluer la force de votre concept, Brooks suggère de vous poser quelques questions :

  • Votre concept offre-t-il quelque chose de nouveau ou apporte-t-il une perspective nouvelle à des thèmes familiers ?
  • Est-il suffisamment engageant et intéressant pour attirer l'attention du lecteur/spectateur ?
  • Propose-t-il des conflits, des défis et des enjeux qui maintiendront l'attention de ce lecteur ou de cette lectrice ?
  • Peut-il durer le temps de votre histoire, en offrant de nombreuses possibilités de développement de l'intrigue, de l'évolution des personnages et de l'exploration thématique ?

Et si vous souhaitez participer au devenir de Scenar Mag, vos dons seraient plus qu'indispensables. Merci