Captives (2024) de Arnaud des Pallières

A ne pas confondre avec "Captives" (2015) de Atom Egoyan. Ce projet serait d'abord une idée de Jonathan Blumental, producteur entre autre de "La Promesse de l'Aube" (2017) de Eric Barbier ou "Le Prince Oublié" (2019) de Michel Hazanavicius, qui aurait proposé début 2019 à Arnaud des Pallières et Christelle Berthevas, respectivement réalisateur et scénariste des films "Michael Kohlhaas" (2013) et "Orpheline" (2016) de réfléchir sur une histoire du "bal des folles" de la Salpêtrière. Le producteur serait intéressé par cette histoire pour des raisons personnelles, Arnaud des Pallières précise : "Cette histoire était pour nous une totale découverte (c'était un an avant la parution du roman de Victoria Mas, qui a contribué à la faire connaître) mais nous avons immédiatement senti l'occasion d'un film sur la condition des femmes... Et pas seulement au XIXe siècle. En commençant nos recherches, nous nous sommes vite enthousiasmés à l'éventualité d'un film exclusivement féminin." Les auteurs affirment qu'ils avaient écrit une première version du scénario avant la sortie du roman de Victoria Mas, qui sera justement adapté avec le film "Le Bal des Folles" (2022) de et avec Mélanie Laurent. Précisons que le producteur a joint le réalisateur et sa scénariste en janvier 2019, que le roman est sorti en aout 2019, ce qui fait pas un an et qui fait de drôles de coïncidences... Paris en 1894, Qui est Fanni qui prétend s'être laissée enfermer volontairement à l'hôpital de la Salpêtrière ? Cherchant sa mère parmi la multitude des femmes convaincues de folie, Fanni découvre une réalité de l'asile toute autre de ce qu'elle imaginait, ainsi que l'amitié inattendue de compagnes d'infortune. Le dernier grand bal de la Salpêtrière, dit le Bal des Folles se prépare. Politiques, artistes ou mondains sont attendus... 

Fanni est incarnée par Mélanie Thierry vue récemment dans "L'Etabli" (2023) de Mathias Gokalp et "Soudain Seuls" (2023) de Thomas Bidegain. Citons les employées jouées par Josiane Balasko vue ces derniers mois dans "Des Mains en Or" (2023) de Isabelle Mergault, puis Marina Foïs vue dans "La Syndicaliste" (2023) de Jean-Paul Salomé. Parmi les "captives" citons Carole Bouquet vue dans "Les Fantasmes" (2021) des frères Foenkinos ou "Tempête" (2022) de Christian Carion, Dominique Frot (soeur de Catherine) vue ces derniers mois dans "L'Homme Parfait" (2022) de Xavier Durringer, "Les Pires" (2022) de Lise Akoka et Romane Guéret et "Noël Joyeux" (2023) de Clément Michel, Elina Lowensöhn qui a débutée dans "La Liste de Schindler" (1993) de Steven Spielberg et surtout vue ces dernières années dans les films de Bertrand Mandico dont le tout récent et râté "Conann" (2023), Solène Rigot qui retrouve son réalisateur après "Orpheline" (2016) et vue depuis dans "Docteur ?" (2019) de Tristan Séguéla ou "Chère Léa" (2021) de Jérôme Bonnell, Lucie Zhang vue dans "Les Olympiades" (2021) de Jacques Audiard et "Un Métier Sérieux" (2023) de Thomas Lilti, Yolande Moreau vue dernièrement dans "Le Principal" (2023) de Chad Chenouga et "La Fiancée du Poète" (2023) d'elle-même, et retrouve après "Mammuth" (2010) et "Le Grand Soir" (2012) tous deux du duo Delépine-Kervern et "Henri" (2013) d'elle-même sa partenaire Miss Ming, autrice entre autre de "Feuilles, Pluie, Sel" (2014) ou de "L'Arche" (2019) devenue aussi actrice notamment vue plus récemment dans "L'Hermine" (2015) de Christian Vincent ou "Effacer l'Historique" (2020) de Delépine-Kervern... Ce film prend un chemin plus direct que son prédécesseur "Le Bal des Folles" (2021) de et avec Mélanie Laurent, en effet ce dernier était un peu parasité par une dimension mystique mal venu alors que des Pallières s'inscrit plus dans une dimension naturiste. Malgré tout, il place son histoire en 1894 alors qu'il fait intervenir Hersilie Rouy (Tout savoir ICI !) alias Carole Bouquet ce qui est aussi inexact qu'absurde. Dommage...

Si on a aimé le film de Mélanie Laurent, ici on sent que le réalisateur a voulu plus un soin plus appuyé sur les sens, on ressent beaucoup plus la crasse, la sueur, les odeurs, les troubles aussi plus ou moins véridiques ou assumées des résidentes. Le film démontre également la machine infernale du système des asiles, entre la super puissance des médecins et la corruption, qui amène aussi les surveillantes à garder leurs victimes afin qu'aucune ne puisse finalement parler. Par contre, bourgeoise installée on comprend mal pourquoi elle n'a prévenue personne de son internement volontaire ?! C'est stupide et naïf, voir même, en poussant un peu, sans doute symptomatique d'un trouble psychique (jouons les avocats du diable !). Pas très vraisemblables. Mais le scénario autrement est assez intéressant, bien mené même si cela repose essentiellement à la qualité des personnages, leur caractère et leur interaction, tous merveilleusement incarné par des actrices fabuleuses dont une Marina Foïs en psychopathe effrayante, une Josiane Balasko joliment complexe, une Mélanie Thierry émouvante sans oublier des seconds rôles comme une impressionnante Dominique Frot ou une Solène Rigot méconnaissable. La partie du bal est trop longue, sans doute aussi à cause d'un soucis de rythme et de réelle tension. Un bon film donc mais pas assez à l'enjeu mal intégré (pourquoi n'avoir averti personne) et pas assez captivant (manque de suspense). 

Note :                 

Captives (2024) Arnaud PallièresCaptives (2024) Arnaud Pallières

13/20