L'innocence

Par Dukefleed
Kore-Eda, c'est toujours très bien

Un de mes cinéastes préférés du moment, Kore Eda, et pourquoi ? Car il construit une œuvre sur la famille, les liens filiaux ; et qu’à chaque film, il apporte une nouvelle pierre à l’édifice. A chaque fois on pense qu’il a fait le tour de la question mais il déniche un nouvel angle, une nouvelle problématique.

Ce film, Prix du scénario à Cannes, sur l’enfance et la violence à l’école ; est un film en trompe l’œil et en fausses pistes qui traite en fait d’un sujet tabou au Japon qu’il convient de conserver secret tant il fait le sel de la dernière heure de ce film. Plus le film avance, plus la grâce et l’émotion affleurent ; car il se concentre de plus en plus sur les enfants. En avançant, on comprend que le véritable sujet n’était pas celui que l’on croyait ; on est baladé. Au-delà du thème, c’est aussi un film de dispositif : une même réalité vue différemment que l’on soit la mère, l’enfant ou le professeur ; c’est le seul bémol, cette première partie est quelque fois brouillonne. Aussi Kore Eda en quelques plans parvient si facilement à caractériser un personnage, créer du préjugé et nous montrer qu’en fait on s’est tous biens plantés. Le ouïe dire et non dire tiennent une place prépondérante dans ce film et démontre comment la rumeur peut faire des ravages et détruit tout sur son  passage. Et quand on attend de ce suspense que le cinéaste nous livre la vérité sur cette histoire de violence scolaire, il prend scénaristiquement un chemin de traverse pour son dernier tiers ; chemin qu’il traite avec énormément de délicatesse sans en faire un sujet de société ou un film dossier. C’est aussi un film sur le mensonge, comment dès le plus jeune âge on doit apprendre à cacher sa vraie nature pour vivre tranquillement et paisiblement. Quel artiste et quel cinéaste de l’enfance ce Kore Eda !!!

Et la fin est d’une poésie incroyable tout en symbolisme nippon autour d’un chemin dans la nature. La fin pourrait être larmoyante et tragique, Kore Eda en fait un espoir, son ouverture est magique.

Je suis sorti de la salle en me disant, il faut que je le revois ; c’est un film qui infusera dans votre esprit. C’est un film qui durant 2h10 fait travailler le spectateur ; il vous mettra en perpétuel réflexion, c’est jouissif.

Sorti en 2023

Ma note: 17/20