Mort d'une des dernière stars de l'Âge d'Or : Glynis Johns

La nécrologie 2024 commence inévitablement avec l'enfant de la balle et talent précoce Glynis Johns qui s'en est allé ce 04 janvier 2024 à l'âge de 100 ans.

Née en 1923 en Afrique du Sud, la jeune Glynis Margaret Payne Johns est la fille de l'acteur gallois Mervyn Johns et de la pianiste de concert unanimement reconnue Alyce Steel-Wareham. Issue d'une dynastie d'artistes renommés, elle suit sa famille qui voyage beaucoup, dans les pays du Commonwealth, Nouvelle-Zélande, Australie, Canada et Royaume-Uni essentiellement. Elle joue dans sa première pièce de théâtre dès ses 3 ans entamant ainsi la quatrième génération de sa famille à jouer sur scène, rejoint la London Ballet School à ses 5 ans, et dès ses 11 ans elle obtient son diplôme qui lui permet d'enseigner la danse ! Elle poursuite néanmoins ses études à la Clifton High School de Bristol, engrange 25 médailles d'or dans les compétitions de danse puis s'inscrit à la South Hampstead High School à Londres où elle rencontre entre autre sa camarade Angela Lansbury.

Avec déjà une solide expérience du théâtre, elle obtient son premier petit rôle au cinéma dans "South Riding" (1938) de Victor Saville, mais c'ets avec le second film qu'elle fait une performance remarquée sur grand écran, avec "49è Parallèle" (1941 - ci-dessous) de Michael Powell (écrit pas son compère Emeric Pressburger), film oscarisé du meilleur scénario tandis que la jeune actrice obtient la National Board of Review Awards 42 de la meilleure actrice. Michael Powell déclare alors que l'actrice sera bientôt "une des stars britanniques les plus recherchées".

Se produisant sur les planches en parallèle, elle continue à tourner pour le grand écran, un second rôle central dans le film d'espionnage "La Guerre dans l'Ombre" (1943) de Harold S. Bucquet avec Robert Donat, puis obtient son premier rôle principal dans le drame "L'Auberge Fantôme" (1944 - ci-dessous) de Basil Dearden où elle est la fille de son propre père Mervyn Jones, puis retrouve Robert Donat pour la comédie romantique "Le Verdict de l'Amour" (1945) de Alexandre Korda avant de retrouver ce réalisateur avec  un second rôle face à Paulette Goddard dans "Un Mari Idéal" (1947).

Elle joue le rôle titre de la sirène "Miranda" (1948) de Ken Annakin film qui est un énorme succès au box-office britannique, joue dans le film d'espionnage "Secret d'Etat" (1950) de Sidney Gilliat avec les stars Douglas Fairbanks Jr. et Jack Hawkins, retrouvant ce dernier pour un autre succès "Le Voyage Fantastique" (1951) de Henry Koster avec aussi James Stewart et Marlene Dietrich, puis joue dans la comédie "Trois Dames et un As" (1952 - ci-dessous) de Ronald Neame avec Alec Guinness.

Elle est alors élue par les exploitants de cinéma britannique comme la 10ème star du box-office la plus populaire en 1951 et 1952. 

Elle enchaîne avec plusieurs rôles principaux en princesse Mary Tudor dans "La Rose et l'Epée" (1953 - ci-dessous) de Ken Annakin avec Richard Todd qu'elle retrouve aussitôt après en tant qu'épouse de Rob Roy dans "Echec au Roi" (1953) de Harold French, elle est en prison dans "Filles sans Joie" (1954) de Jack Lee Thompson avant de retrouver le film en costumes mais en plus joyeux dans "Le Bouffon du Roi" (1955) de Melvin Frank et Norman Panama où elle partage l'affiche avec Angela Lansbury.

Elle est alors au sommet de sa carrière, sachant allié théâtre et cinéma.

Elle participe alors à la superproduction internationale "Le Tour du Monde en Quatre-Vingt Jours" (1957) de Michael Anderson avec entre autre David Niven, Marlene Dietrich, Peter Lorre, Shirley MacLaine, Fernandel ou Martine Carol pour un succès critique et public couronné par 5 Oscars dont le Meilleur Film.

Elle joue ensuite dans des seconds rôles dans les drames "Je Pleure mon Amour" (1958) de Lewis Allen avec Lana Turner et Sean Connery puis "L'Epopée sans l'Ombre" (1959) de Michael Anderson avec James Cagney et Don Murray, et retrouve un rôle principal pour le polar "The Spider's Web" (1960 - ci-dessous) de Godfrey Grayson.

Elle joue ensuite dans la fresque d'aventure "Horizons sans Frontières" (1960) de Fred Zinnemann avec Robert Mitchum et Deborah Kerr qu'elle retrouve après "Le Verdict de l'Amour" (1945), l'actrice est alors nommé à l'Oscar du meilleur second féminin. Elle tient le haut de l'affiche du film "Le Cabinet du Docteur Caligari" (1962) de Roger Kay, suivi du drame au féminin "Les Liaisons Coupables" (1962 - ci-dessous deuxième en partant de la gauche) de George Cukor avec Shelley Winters, Jane Fonda et Claire Bloom pour lequel elle est nommée pour le Golden Globes 63 de la meilleure actrice.

Elle est ensuite la maman des enfants Banks dont la nounou n'est autre que "Mary Poppins" (1964) de Robert Stevenson dont le rôle titre et la star reste Julie Andrews. Le succès est mondial pour ce film Disney resté dans toutes les mémoires. Pour ce film l'actrice sera nommée Disney Legend en 1988.

Mais étonnamment, alors qu'elle était il y a peu encore au sommet et malgré le succès phénoménal de "Mary Poppins" (1964) l'actrice va s'éloigner du grand écran. Elle tourne bien dans la comédie "Chère Brigitte" (1965) de Henry Koster avec James Stewart et Brigitte Bardot dans son propre rôle mais elle va ensuite disparaître du grand écran, continuant à apparaître de temps à autre à la télévision mais elle va surtout se focaliser sur le théâtre.

Donc outre le petit écran et les planches, l'actrice ne revient au cinéma que des années plus tard avec "Au Bois Lactée" (1972) de Andrew Sinclair avec le duo star Richard Burton et Liz Taylor, puis elle participe à la production Hammer "Le Caveau de la Terreur" (1973 - ci-dessous) de Roy Ward Baker avant de délaisser à nouveau le Septième Art.

La coupure est encore plus longue, elle revient avec comme partenaire Isabella Rosselini dans "Zelly and Me" (1988) de Tina Rathborne, puis revient encore des années plus tard en jouant les grand-mères dans les comédies "The Ref" (1994) de Ted Demme avec Judy Davis et Kevin Spacey, puis "L'Amour à Tout Prix" (1995 - ci-dessous en tenue bleue) de Jon Turtletaub avec Sandra Bullock et Bill Pullman avant de tourner son dernier film dans une énième comédie "Superstar" (1999) de Bruce McCulloch avant d'arrêter sa carrière avec le passage du siècle.

Glynis Johns épouse l'acteur Anthony Forwood en 1942, ils auront un fils Gareth (1945-2007) avant d'obtenir le divorce en 1948 après un long procès l'époux niant l'adultère, ironie du sort, Forwood était l'amant et et deviendra le compagnon de Dirk Bogarde et ce jusqu'à la mort de ce dernier en 1988. Elle rencontre ensuite le producteur Antony Darnborough en 1951 suite à quoi leur mariage est annoncé avant qu'il soit annulé ce qui n'empêchera pas qu'ils resteront amis. Elle épouse ensuite en 1952 David Ramsay Foster, officier de la Royal Navy avant de divorcer en 1956, l'époux (et futur PDG de Colgate-Palmolive) ne contestant pas son adultère. Elle épouse en quatrième noce l'homme d'affaire Cecil Peter Lamont Henderson en 1960 mais elle divorcera aussi dès 1962 encore une fois pour adultère que l'époux ne contestera pas non plus. Elle épouse une ultime fois en 1964 un second offcier de la Royal Navy et écrivain Elliott Arnold, pour un ultime divorce en 1973...

Après ce dernier mariage, l'actrice déclarera lors d'une interview sur un éventuel 5ème mariage: "Je marcherais très doucement dans ce domaine. Très doucement. Je ne le précipiterais certainement plus dans quoi que ce soit, et je devrais avoir énormément de points communs avec tous ceux que j'envisagerais de me marier la prochaine. Pourquoi tant de mariages ? C'était du conservatisme absolu de ma part. J'ai été élevé dans le sentiment que si vous vouliez avoir une liaison avec un homme, eh bien, vous l'épousiez. J'ai des amis qui, s'ils avaient suivi cette règle et auraient déjà collecté énormément de morceaux de papier."

Glynis Johns aura traversé plus de six décennies de cinéma, encore plus de théâtre, et si seul semble rester son petit rôle dans "Mary Poppins" (1964) il ne faut pas oublier qu'elle aura été une actrice de premier ordre durant une quinzaine d'années entre la fin des années 40 et le début des années 60.

Après la mort de Olivia De Havilland en 2020, elle est une des toutes dernières stars de l'Âge d'Or, et depuis de Betty White en 2021 elle était la doyenne des Disney Legend.

Glynis Johns est morte ce jeudi 04 janvier 2024 à Los Angeles à l'âge tout rond et respectable de 100 ans.