Munch (2023) de Henrik Martin Dahlsbakken

Production norvégienne sur un des artistes norvégiens le plus connu, le peintre Edvard Münch (Tout savoir ICI !). Le réalisateur norvégien Henrik Martin Dahlsbakken auquel on doit notamment "Descente Mortelle" (2016) ou "Forbannelsen" (2022) explique : "Le fait qu'aucun cinéaste norvégien n'ait réalisé de long métrage sur Munch me laissait perplexe, alors j'ai commencé à travailler sur ce film." ajoutant, "Le nouveau musée Munch d'Oslo est un énorme succès et sa production artistique trouve un écho dans le monde entier. Je pense que c'est dû à sa représentation authentique et sans filtre de la condition humaine, de nos sentiments les plus profonds, de nos désirs, de nos besoins. Son oeuvre est brute, réelle et intemporelle." Niveau documentation le cinéaste a pu piocher dans les journaux intimes, lettres et notes personnelles du peintre, en collaborant avec le Musée Munch de Oslo. Le réalisateur-scénariste a construit son scénario en quatre chapitre, et a donc choisi respectivement 4 scénaristes, tous débutants dans l'exercice, Mattis Herman Nyquist et Gine Cornelia Pedersen tous deux également acteurs du film, puis Fredrik Hoyer et Eivind Saether... Le jeune Edvard Munch se rend à Berlin où la révélation de son génie se heurte aux réticences de l'arrière-garde. On le retrouve des années plus tard à Copenhague en proie aux doutes et en lutte contre ses propres démons. Au crépuscule de sa vie, l'artiste consacre ses derniers moments à préserver son oeuvre de la mainmise des nazis qui occupent la Norvège... 

Le peintre Edvard Munch est donc incarné par quatre acteurs différents à quatre étapes différentes de sa vie. A 21 ans, par l'acteur Alfred Ekker Strande qui retrouve son réalisateur après "Forbannelsen" (2022), à 29 ans par le scénariste Mattis Herman Nyquist, acteur vu des séries TV dont "Nobel" (2016) ou "Livstid" (2020), à 45 ans par Ola G. Furuseth vu entre autre dans les films "Un 22 Juillet" (2020) de Paul Greengrass et "Battle : Freestyle" (2022) de Ingvild Soderlind, puis à 80 ans par l'actrice Anne Krigsvoll vue entre autre dans "Oye for Oye" (1985) de Gianni Lepre, "Misery Harbour" (1999) de Nils Gaup, "Uro" (2006) de Stefan Faldbakken et retrouvant le réalisateur après "Rett Vest" (2017). Citons ensuite Anders Baasmo Chtistiansen vu dans "Arn, Chevalier du Temple" (2007) de Peter Flinth, "Refroidis" (2014) de Hans Petter Molland ou "The North Sea" (2022) de John Andreas Andersen, Lisa Carlehed vue dans "The Tunnel" (2020) de Pal Oie et "Les Enquêtes du Department V : l'Effet Papillon" (2022) de Martin Zandvliet, Jesper Christensen acteur remarqué à l'international dans "Casino Royale" (2006) de Martin Campbell, "Quantum of Solace" (2008) de Marc Forster et "Spectre" (2015) de Sam Mendes, Gine Cornelia Pedersen co-scénariste essentiellement vue auaparavant dans des séries TV dont "Meilleurs Espoirs" (2015-2019), Per Frisch vu dans "Un Chic Type" (2011) de Hans Petter Moland ou "Mortal" (2020) de André Ovredal, puis enfin Ida Elise Broch vue dans la série TV "Home for Christmas" (2019-2020)... Le biopic d'artiste-peintre a déjà offert quelques bons films comme "La Vie Passionnée de Vincent Van Gogh" (1956) de Vincente Minnelli, "My Left Foot" (1990) de Jim Sheridan, "Pollock" (2001) de et avec Ed Harris, "Ivre de Femmes et de Peinture" (2002) de Kim Ki-Duk, "Frida" (2003) de Julie Taymor, "Séraphine" (2008) de Martin Provost, "Renoir" (2013) de Gilles Bourdos, "Mr Turner" (2014) de Mike Leigh, "Caravage" (2022) de Michele Placido, "Hokuzai" (2023) de Hajime Hashimoto et un certain "Edvard Munch, la Danse de la Vie" (2005) de Peter Watkins qui est un biopic austère, réaliste et classique ce qui permet d'affirmer que ce nouveau projet de Henrik Martin Dahlsbakken choisit un style et une mise en scène qui renvoie plutôt à "I'm Not There" (2007) de Todd Haynes un biopic singulier sur Bob Dylan à travers plusieurs époques de sa vie et incarné par différents acteurs. Ainsi Munch est un biopic à la construction narrative tout aussi originale, découpée en autre période précise de sa vie, en quatre mise en scène légèrement différente et incarné par quatre acteurs différents.

Le concept n'est donc pas si nouveau ni si singulier, bien que le réalisateur ose mélangé les époques dans un récit non linéaire mais qui reste lisible de par le style visuel, en couleur ou en Noir et Blanc et par le choix des acteurs dont le physique si différent peu symboliser aussi des étapes marquées par la vie. Visuellement c'est donc beau et attrayant, on est même assez fasciné par le jeu des acteurs surtout à l'étape du crépuscule de sa vie. Par contre, si on sait que l'artiste a connu (comme quasi tous les peintres au cours de leur existence) plusieurs périodes artistiques différentes, ces quatre dates chapitrées ne sont pas très probants sur ce point, l'art est finalement secondaire dans le récit qui s'attarde par exemple sur une déception amoureuse ou sur la pression nazie. Mais surtout on a bien du mal à comprendre le segment "29 ans" complètement anachronique et dont on ne comprend jamais l'approche. Le cinéaste signe un biopic à la construction visuelle et narrative peu orthodoxe et donc forcément intéressant, mais la logique historico-artistique ne convainc pas forcément avec des longueurs ou des décalages ("29 ans") qui laissent perplexe et les influences géo-politiques trop occultées. Un film un peu bancal mais assez différent sur un peintre malgré tout assez méconnu qui offre donc une expérience à voir et à conseiller.

Note :                 

Munch (2023) Henrik Martin DahlsbakkenMunch (2023) Henrik Martin Dahlsbakken

13/20