Osterman Week-End (1983) de Sam Peckinpah

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Ne sachant pas encore que ce film sera le dernier du réalisateur Sam Peckinpah, ce nouveau projet est alors vu comme une tentative de relancer la carrière du réalisateur de quelques chefs d'oeuvres comme "Major Dundee" (1965), "La Horde Sauvage" (1969) ou "Guet-Apens" (1972) mais qui a malheureusement connu un échec cuisant avec "Le Convoi" (1978). Le cinéaste est moralement au plus mal mais ses addictions à l'alcool et à la cocaïne le marginalise de plus en plus jusqu'à une crise cardiaque au printemps 1979. Affaibli il est contraint d'abandonner un projet titré "The Door in the Jungle" et doit renoncer à participer en tant qu réalisateur 2nde équipe sur "La Porte du Paradis" (1980) de Michael Cimino. Finalement, son salut (si on peut dire !) vient de son agent, qui convainc les producteurs Peter S. Davis et William N. Panzer (bientôt derrière la franchise "Highlander" à partir de 1986) de lui confier la direction de leur projet en cours, à savoir l'adaptation du roman "Le Week-End Osterman" (1983) de Robert Ludlum, écrivain surtout connu pour sa saga Jason Bourne" (1980-1991) qui sera porté avec succès sur grand écran des années plus tard. Mais les producteurs ne sont pas confiants et imposent des conditions drastiques, ainsi Peckinpah a interdcition de modifier le scénario, n'a pas son mot à dire pour le casting ni pour le choix du monteur, on lui accorde seulement de retrouver John Coquillon son Directeur photo de ses précédents films "Les Chiens de Paille" (1971), "Pat Garrett et Billy le Kid" (1973) et "Croix de Fer" (1977). Le scanério est signé de l'inconnu Ian Masters et de Alan Sharp scénariste des westerns "L'Homme sans Frontière" (1971) de et avec Peter Fonda, "Fureur Apache" (1972) de Robert Aldrich et "Un Colt pour une Corde" (1974) de Ted Kotcheff. Sam Peckinpah ne sait pas encore que ce sera son dernier film, d'autant plus dur que cet ultime film connaîtra un échec critique et public...

Un présentateur vedette de show télévisé est joint par la CIA qui l'avise que ses meilleurs amis sont en fait impliqués dans des activités illicites pour le bénéfice du KGB. Bien qu'ayant des doutes sur la véracité des preuves fournies il accepte d'aider la CIA lors d'un week-end  pour confondre ses amis... Le présentateur est incarné par l'acteur néerlandais Rutger Hauer, alors acteur fétiche de Paul Verhoeven qui perce alors à Hollywood avec "Les Faucons de la Nuit" (1981) de Bruce Malmuth et surtout "Blade Runner" (1982) de Ridley Scott. Son épouse est interprétée par Meg Foster vue plus tard dans "La Forêt d'Emeraude" (1985) de John Boorman ou "Invasion Los Angeles" (1988) de John Carpenter. Les amis sont joués par Craig T. Nelson qui tourne entre "Polertgeist" (1982) de Tobe Hooper et "La Déchirure" (1984) de Roland Joffé, Chris Sarandon vu dans "Un Après-Midi de Chien" (1975) de Sidney Lumet ou "Princess Bride" (1987) de Rob Reiner, puis Dennis Hopper icône de "Easy Rider" (1969) de et avec Peter Fonda, vu aussi dans "L'Ami Américain" (1977) de Wim Wenders ou "Apocalypse Now" (1979) de Francis Ford Coppola, tandis que son épouse est jouée par Helen Shaver vue notamment dans "Amityville" (1979) de Stuart Rosenberg et "La Couleur de l'Argent" (1986) de Martin Scorcese. Côté CIA citons John Hurt alors au sommet après "Midnight Express" (1978) de Alan Parker, "Alien, le Huitième Passager" (1979) de Ridley Scott, "Elephant Man" (1980) de David Lynch et "La Porte du Paradis" (1980) de Cimino, puis Burt Lancaster monstre sacré en fin de carrière après avoir débuté dans "Les Tueurs" (1946) de Robert Siodmak et qui retrouve Dennis Hopper après "Réglement de Compte à OK Corral" (1957) de John Sturges. Et enfin n'oublions pas Jan Triska vu juste avant dans "Ragtime" (1981) de Milos Forman et "Reds" (1981) de et avec Warren Beatty...

On se retrouve vite dans un film d'espionnage qui suit le cahier des charges de son époque, sur fond de Guerre Froide donc forcément et surtout sur fond de paranoïa et de taupes. Le soucis et l'enquête mise en place semble au départ logique ou séduisante, aussi bien par la réunion du début que par les actions-réactions des amis avec un climax pesant comme il se doit. Mais trop vite se dévoile un des personnages, pour un twist navrant qui détruit en 2 secondes tout la pan espionnage pour une simple vengeance de série B. Le montage est catastrophique, avec des ellipses et/ou coupes mal venues, l'évolution de l'intrigue est aussi parasitée par des séquences ridicules ou décalées comme la séquence météo improbable ou la mini arbalète de compétition qui sont plus dignes d'une comédie parodique que d'un thriller d'espionnage. Par là même on peut tiquer sur quelques passages à l'érotisme maladroit ou superflu. Pourtant, le casting est solide avec des acteurs qui y croient, à l'exception de Hauer qui ne semble pas comprendre ce qui se passe, on salue surtout le jeu de  Craig T. Nelson et Chris Sarandon. La tension monte d'un cran mais il est alors trop tard, le twist nous a déjà tuer le film. On ne peut que penser à Sam Peckinpah qui n'a pas eu les coudées franches, forcément privées d'une liberté nécessaire, on ne peut que se dire que le film aurait été beaucoup plus réussi. Dommage... 

Note :                 

10/20