Les algues vertes

Par Dukefleed
Une dénonciation plus que du cinéma

L’humanité n’est pas foutue. Certains ont encore des convictions fortes, placent le bien commun au-dessus de leurs sorts personnels quitte à se mettre en danger. Et comme « La fille de Brest » qui contait le combat d’Irène Franchon contre les Laboratoires Servier ; Pierre Jolivet met en image le combat d’Inès Leraud pour dénoncer un scandale agro-alimentaire en Bretagne et ses algues vertes tueuses. C’est dire que le combat mérite d’être mené contre tout type d’industrie ; Pierre Jolivet a subi des pressions durant le tournage mais rien en comparaison d’Inès Leraud et les menaces de mort et intimidations dont elle a été victime. Ce film est donc un énième plaidoyer pour les lanceurs d’alerte, mais aussi le journalisme indépendant et « France Inter ». Le ton de la radio est présent tout le long du film, il y est même rendu hommage à Daniel Mermet avec cette citation au combien éloquente : « Les journalistes nationaux ne savent rien mais peuvent tout dire ; les journalistes locaux savent tout mais ne peuvent rien dire ». Au travers de cette phrase, on voie bien que localement les interdépendances, intérêts convergents et craintes multiples agissent comme une omerta généralisée. Tout le monde sait mais tout le monde se tait ; on doit sauver le modèle économique en place même si certains doivent y laisser leurs peaux. Donc les rapports d’autopsie disparaissent, les éprouvettes s’égarent,… Le film est bien entendu militant, mais jamais manichéen et toujours efficace et incarné ; c’est du cinéma engagé. Ces films dossier n’évitent pas un propos didactique. Mêler l’intime et les affaires publiques ne se fait aussi pas toujours sans quelques maladresses non plus.

Mais ils portent toujours un message fort d’espérance sur la lutte menée contre tous les Goliath quel qu’ils soient.

Sorti en 2023

Ma note: 13/20