Répulsion (1966) de Roman Polanski

Second long métrage du réalisateur polonais Roman Polanski après "Le Couteau dans l'Eau" (1962). Alors que le cinéaste avait déjà en tête un projet plus personnel avec le futur "Cul-de-Sac" (1966) il s'aperçoit qu'il a des difficultés à le financer il choisit alors un autre projet commercialement plus "grand public" ce qui lui permet un budget "confortable" de 95000 livre sterling pour une production en langue anglaise. Polanski co-signe son scénario avec le français Gérard Brach qui tournera encore 8 films avec le réalisateur jusqu'à "Lunes de Fiel" (1992), le scénariste écrira aussi régulièrement pour Jean-Jacques Annaud avec 5 films entre "La Guerre du Feu" (1981) et "Sa Majesté Minor" (2007). Le duo écrit aussi avec le dialoguiste David Stone qui venait d'écrire sur "Au 7ème Coup" (1964) de Cy Enfield avant de travailler pour la télévision. Par la suite, le cinéaste formera une trilogie horrifique avec comme point central un appartement, suivrons donc "Rosemary's Baby" (1968) et "Le Locataire" (1976) toujours co-écrit par Gérard Brach. Le film est interdit au moins de 16 ans à sa sortie en salles... Une jeune manucure, Carole travaille et vit à Londres en co-location avec sa soeur aînée Hélène. Carole est introvertie et semble avoir des problèmes relationnels avec les hommes. Elle repousse Colin qui la courtise tandis qu'elle ne fait aucun effort pour accepter Michael l'amant de sa soeur. Quand sa soeur part en séjour en amoureux, Carole sombre petit à petit dans une névrose qui la mène à la schizophrénie...

Répulsion (1966) de Roman Polanski

Carole est incarnée par Catherine Deneuve alors en pleine ascension avec entre autre "Les Parapluies de Cherbourg" (1964) de Jacques Demy et "La Chasse à l'Homme" (1964) de Edouard Molinaro avant de confirmer son statut avec "Les Demoiselles de Rochefort" (1967) de Demy ou "Belle de Jour" (1967) de Luis Bunuel. Sa soeur est interprétée par Yvonne Furneaux vue notamment dans "Le Vagabond des Mers" (1953) de William Keighley, "Femmes entre Elles" (1955) de Michelangelo Antonioni, "La Dolce Vita" (1960) de Federico Fellini ou "Le Comte de Monte Cristo" (1961) de Claude Autant-Lara. Citons ensuite John Fraser vu notamment dans "Le Cid" (1961) de Anthony Mann ou plus tard "Isadora" (1968) de Rachel Reisz, il retrouve à la même période que "Opération Crossbow" (1965) de Michael Anderson son partenaire Patrick Wymark vu dans "Les Criminels" (1960) de Joseph Losey, "Quand les Aigles Attaquent" (1968) de Brian G. Hutton ou "La Bataille d'Angleterre" (1969) de Guy Hamilton et retrouvera ensuite dans "Danger, PLanète Inconnue" (1969) de Robert Parrish l'acteur Ian Hendry vu dans "La Colline des Hommes Perdus" (1965) de Sidney Lumet, "La Loi du Milieu" (1971) de Mike Hodges ou "Profession : Reporter" (1975) de Michelangelo Antonioni, Helen Fraser vue avant dans "Billy le Menteur" (1963) de John Schlesinger et qui connaîtra un regain de popularité avec la série TV "Les Condamnées" (1999-2006), James Villiers remarquée dans "Eva" (1962) et "Les Damnés" (1962) tous deux de Joseph Losey vu plus tard dans "Rien que pour vos Yeux" (1981) de John Glen ou "Aux Sources du Nil" (1990) de Bob Rafelson, et enfin Mike Pratt vu ensuite dans "L'Homme de Kiev" (1968) de John Frankenheimer ou "La Cible Hurlante" (1972) de Douglas Hickox... Le rythme est dès le départ un peu lancinant, pour constater que c'est raccord avec l'apathie de Carole/Deneuve. C'est particulièrement judicieux à un détail près, Carole est dès le début solitaire et introvertie pour ne pas dire mutique et coincée sans qu'on sache ou qu'on apprenne pourquoi elle l'est autant et depuis toujours finalement (a priori). 

Répulsion (1966) de Roman Polanski

On savoure ensuite les petits détails semés durant la première partie qui montre toute la frustration de cette jeune femme qui vient visiblement d'une aversion des hommes et sans nul doute par ricochet d'une appréhension voir du dégoût pour ce qui touche au sexe. Sur ce point Polanski a su être malin en jouant avec le spectateur sur l'érotisme sous-jacent , Catherine Deneuve étant la plupart du temps nuisette d'où on devine uniquement, subrepticement et subtilement le téton comme un mirage à peine visible. L'actrice incarne une Carole comme une beauté diaphane qui hante le film comme une âme en peine aussi dangereuse pour les autres que pour elle-même. Malgré les fulgurances gores (pour l'époque) le film reste un thriller psychologique malin et pertinent, d'un réalisme vraisemblable dans l'évolution du personnage. Une partie parfaitement maitrisée par le réalisateur tout en osant une partie parallèle onirique dont les candélabres et murs "vivants" renvoient à une version cauchemardesque et funeste de "La Belle et la Belle" (1946) de Jean Cocteau. En conclusion un drame fantastique fascinant et prenant avec une Catherine Deneuve éblouissante et une dimension psychologique particulièrement convaincante. Un grand film.

Note :                 

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17/20