Le ravissement

Le ravissementLa folie du geste

L’intelligence du titre à double entrée, dont on ne peut révéler la subtilité sans défleurer les ressorts d’un scénario écrit avec finesse, cache une très belle surprise. Lydia et Salomé, jeunes femmes et meilleures amies, vivent une amitié sous forme de « yin yang ». Vases communicants, quand l’une va, l’autre va moins bien. Donc quand Salomé est enceinte, Lydia en mal d’amour s’implique pleinement dans la grossesse de son amie ; toujours à bonne distance, elle est sage-femme. Lydia en parallèle, une nuit, rencontre Milos, chauffeur de bus pour une relation d’un soir. Après avoir attendue plus, elle lâche l’affaire, jusqu’à ce qu’elle retombe sur lui quelques mois plus tard et c’est là que tout bascule. Pourquoi ment-elle à ce moment-là ? Qu’attend-elle de ce mensonge ? Ce mensonge est le point de bascule du film. Encore que…. Lydia est un personnage insondable, énigmatique, aux failles perceptibles mais non dites. Hafsia Herzi donne une âme et une épaisseur à cette jeune femme complexe ; un regard, un mouvement, des paupières lourdes d’un vécu que l’on ignore. Ses intentions sont toujours indéchiffrables. Ce personnage permet à Iris Kaltenback dont c’est le premier film de mettre en scène avec une grande maitrise un thriller intime autour de la maternité.

Une énigme réside par contre dans son scénario ; pourquoi Lydia s’acharne à créer une relation avec Milos « le coup d’un soir » plusieurs mois après leur nuit ensemble ? Et donc pourquoi pousse-elle le curseur si loin ensuite ? Mais cette histoire entre eux deux permet une très jolie réplique d’un Milos ignorant la vérité sur le mensonge de sa compagne : « Si Esmée n’avait pas été là, je n’aurais peut-être pas pris le temps de te rencontrer. ». La  fin aussi révèle une belle surprise ; surtout loin d’un drame absolu qui aurait plombé le propos ; une rédemption tout en douceur.

Sur France Culture : « "Le Ravissement" reste une expérience surprenante et un film d'une justesse inouïe parce qu'il décrit – presque comme on l'imagine –, la complexité de l'âme humaine et confirme qu'un mot, une phrase ou encore un regard peut constituer un point de bascule. »

Premier film très prometteur

Sorti en 2023

Ma note: 14/20