Fair Play (2023) de Chloe Domont

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après plusieurs courts-métrages comme "Lullaby" (2009), "Haze" (2014) et surtout "All Good Things" (2017) qui raconte l'histoire d'amour de ses parents qui se sont rencontrés à une réunion des Alcooliques Anonymes, puis quelques années à se faire la main sur plusieurs séries TV la cinéaste Chloe Domont signe son premier long métrage qui a été présenté au Festival du film de Sundance 2023. Le film a malheureusement connu une sortie en salles limitée pour une diffusion plus importante sur la plateforme Netflix... Emily et Luke sont amoureux mais se fiance en secret car ils travaillent dans la même société de fonds spéculatifs et préfèrent attendre un peu pour ne pas que l'annonce puisse freiner leur promotion. Alors que les rumeurs annoncent Luke comme nouveau manager c'est à la surprise générale Emily qui est promue. Si au départ tout s'annonce à merveille, bientôt Luke commence être obnubilé par sa propre ambition, mettant même en doutant de sa fiancée... 

Emily est incarnée par Phoebe Dynevor qui écume les séries TV depuis plusieurs années comme "Waterloo Road" (2009-2010), "Younger" (2017-2021) ou surtout "La Chronique des Bridgerton" (2020-...), Luke est interprété par Alden Ehrenreich vu dans "Solo : a Star Wars Story" (2018) de Ron Howard, "Crazy Bear" (2023) de Elizabeth Banks, "Oppenheimer" (2023) de Christopher Nolan, et retrouve après "Ave, César !" (2016) des frères Coen son partenaire Patrick Fischler vu dans "Mulholland Drive" (2001) de David Lynch, "Red State" (2011) de Kevin Smith ou "Under the Silver Lake" (2018) de David Robert Mitchell. Le patron est incarné par Eddie Marsan vu ces derniers mois dans "The Contractor" (2022) de Tarik Saleh, "Operation Fortune : Ruse de Guerre" (2022) de Guy Ritchie ou "Vesper Chronicles" (2022) de Kristina Buozyte. Citons encore les collègues joués par Rich Sommer remarqué dans la série TV "Mad Men" (2007-2014) et vu dans "La Méthode Williams" (2021) de Reinaldo Marcus Green, puis Sebastian de Souza vu dans les séries TV  "Skins" (2011-2012) ou "The Borgias" (2012-2013) ou plus récemment au cinéma dans "Ophélie" (2018) de Claire McCarthy. Et enfin n'oublions pas la maman de Emily jouée par Geraldine Somerville connue pour la saga "Harry Potter" (2011-2011) mais aussi pour les films "Gosford Park" (2001) de Robert Altman, "My Week with Marylin" (2011) de Simon Curtis ou "The Riot Club" (2014) de Lone Scherfig... La promo du film tente de nous vendre le film comme un thriller érotique sur fond de lutte de pouvoir mais très vite on s'aperçoit que le film est bien moins primaire, l'érotisme reste assez sage et la lutte de pouvoir s'avère bien plus probant et assez complexe pour mêler ambition et féminisme. On est plus près d'un "Wall Street" (1987) de Oliver Stone que d'un "Cinquante Nuances de Grey" (2015) de Sam Taylor-Johnson. 

Ainsi, deux jeunes loups amoureux ne rêvent que de se marier, mais rêvent encore plus de monter les échelons dans la haute finance de Wall Street, au point que leur liaison doit rester secrète afin de ne pas fragiliser leur position. Un jeune couple qui a semble-t-il tout pour réussir, talent, charme, ambition et jeunesse mais seulement une fausse rumeur va révéler certaines vérités difficiles à entendre ou à comprendre. Mais surtout d'autres rumeurs ou insinuations peuvent devenir des poisons insidieux et ce même si on s'aime et, finalement, devenir le subalterne de sa fiancée peut s'avérer pas si simple. Niveau érotisme on savoure quelques instants fugaces, le charme d'une jolie et sophistiquée Phoebe Dynevor tout en évitant le nu gratuit ou le scabreux facile, mais ATTENTION SPOILERS !... on reste perplexe sur 2-3 instants appuyés sur les menstruations, alors on se dit qu'il y aura forcément une raison plus tard mais non. Sinon on apprécie aussi la scène de quick sex avant qu'elle ne devienne un viol imposant ainsi soudainement une réflexion féministe sur le consentement... FIN SPOILERS !... On savoure aussi la performance de l'excellent Eddie Marsan en manitou de la finance qui n'est pas sans rappeler un certain Gordon Gekko alias Michael Douglas dans "Wall Street" (1987), en moins flamboyant assurément mais pas moins impitoyable. On aime moins l'esthétique générale, trop aseptisé ou trop terne. La fin est un peu abrupte mais le film reste malin et pertinent dans la façon d'aborder ses sujets. 

Note :                 

14/20