Killers of the Flower Moon (2023) de Martin Scorcese

Depuis quelques années déjà les fans attendaient un film où Martin Scorcese réunirait ses deux acteurs fétiches dans un même film. Un voeu qui était devenu encore plus pressant après son dernier long métrage "The Irishman" (2019) qui était malheureusement siglé Netflix et qui n'avait pas connu de sortie en salles. Ce qui a failli être le cas de son nouveau projet, financé en partie par l'autre plateforme Apple TV+, mais qui a pu sortir en salles grâce à la pression de l'autre partenaire, la Paramount. Finalement, Scorcese a réussi à réunir ses deux stars pour une histoire vraie passionnante et tragique l'affaire des Meurtres des Indiens Osages (Tout savoir ICI !) entre 1918 et 1931, en adaptant un roman de fiction hyper documenté "Killers of the Flower Moon : the Osage Murders and the Birth of the FBI" (2017) de David Grann, auteur connu pour un autre roman porté à l'écran avec le très bon "The Lost City of Z" (2017) de James Gray. Rappelons que cette tragédie a déjà été transposé sur grand écran, dès "Tragedies of the Osage Hills" (1926) de James Young Deer, et de façon plus anecdotique dans "La Police Fédéral enquête" (1959) de Mervyn Le Roy. Ainsi Martin Scorcese revient pour une de ses rares fois le film historique, d'époque en costume après "Le Temps de l'Innocence" (1993), "Gangs of New-York" (2002) et "Silence" (2016). Le Producteur-réalisateur-scénariste co-signe le scénario avec le non moins talentueux Eric Roth connu pour quelques grands films de "Forrest Gump" (1994) de Robert Zemeckis à "Dune" (2020) de Denis Villeneuve en passant par "Révélations" (1999) de Michael Mann, "L'Etrange Histoire de Benjamin Button" (2008) de David Fincher ou "A Star is Born" (2018) de et avec Bradley Cooper. Cette production est dotée d'un budget colossal de 200 millions de dollars, soit le film le plus cher et de loin de Martin Scorcese après "Hugo Cabret" (2011) et ses 160 millions. Outre ses deux acteurs en têtes d'affiche, le cinéaste retrouve plusieurs fidèles collaborateurs dont le Directeur Photo Rodrigo Prieto, le compositeur Robbie Robertson ou la monteuse Thelma Schoonmaler (depuis "Raging Bull" en 1980 !). Mais il fait aussi appel pour la première fois à deux autres artistes, des pointures dans leur domaine la Chef costumière Jacqueline West et le Chef décorateur Jack Fisk qui se retrouvent d'ailleurs après "The Revenant" (2016) de Alejandro Gonzales Inarritu ce qui n'est sûrement pas anodin... Début du 20ème siècle, après une fin de la Conquête de l'Ouest tragique le destin a permis au peuple Osage de sortir la tête de l'eau. En effet, grâce au pétrole sortit de leur terre le peuple est devenu un des plus riches du monde. Malheureusement, cette nouvelle fortune attise les convoitises des Blancs qui intriguent pour leur soutirer un maximum de richesses, allant jusqu'au mariage plus ou moins arrangés, et bientôt en allant jusqu'au meurtre... 

Killers of the Flower Moon (2023) de Martin Scorcese

Scorcese offre donc les deux rôles principaux à ses deux acteurs favoris, Robert De Niro qui retrouve donc son réalisateur pour la 9ème fois depuis "Mean Street" (1973) et juste après "The Irishman" (2019), et il retrouve aussi son partenaire, des années après ses débuts avec les films "Blessures Secrètes" (1993) de Michael Caton-Jones et "Simples Secrets" (1996) de Jerry Zaks, Leonardo Di Caprio devenu par la suite un acteur essentiel pour Scorcese avec son 6ème film avec Scorcese depuis "Gangs of New-York" (2002) et après le précédent "Le Loup de Wall Street" (2013). Après "The Irishman" (2019) on retrouve aussi Jesse Plemons dans le rôle de l'agent du F.B.I. Tom White vu entre autre dans "Hostiles" (2017) de Scott Cooper ou "The Power of the Dog" (2021) de Jane Campion, puis Gary Basaraba qui était déjà dans "La Dernière Tentation du Christ" (1988) de Martin Scorcese avant "The Irishman", les deux acteurs retrouvent aussi respectivement après "The Homesman" (2014) de et avec Tommy Lee Jones et "Mr. Wolff" (2016) de Gavon O'Connor leur partenaire John Lithgow vu plus récemment dans "Miss Sloane" (2016) de John Madden ou "Scandale" (2019) de Jay Roach, n'oublions pas Barry Corbin qui jouait également dans "The Homesman" (2014) et Scott Sheperd qui était dans "Hostiles" (2017), et qui retrouve aussi après "Fist Cow" (2019) de Kelly Reichardt l'actrice amérindienne Lily Gladstone vue dans "Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines)" (2012) de Arnaud Desplechin et "Certaines Femmes" (2016) de Kelly Reichardt. Citons encore Brendan Fraser has been qui fait doucement son retour après "No Sudden More" (2021) de Steven Soderbergh et "The Whale" (2023) de Darren Aronofsky, Tantoo Cardinal vue auparavant dans "Danse avec les Loups" (1990) de et avec Kevin Costner, "Légendes d'Automne" (1994) de Edward Zwick ou "Maïna" (2013) de Michel Poulette, Pat Hearly vu dans "Magnolia" (1999) de Paul Thomas Anderson, "Compliance" (2012) de Craig Zobel et "Pentagon Papers" (2017) de Steven Spielberg, Sturgill Simpson vu dans "The Dead Don't Die" (2019) de Jim Jarmush, "Queen and Slim" (2019) de Melina Matsoukas et "The Hunt" (2020) de Craig Zobel, Steve Eastin vu dans "Les Ailes de l'Enfer" (1997) de Simon West ou "In the Air" (2009) de Jason Reitman retrouvant Di Caprio après "Arrête-Moi si tu Peux" (2002) de Steven Spielberg, William Belleau aperçu dans "Diablo" (2016) de Lawrence Roeck ou "Impardonnable" (2021) de Nora Fingscheidt, puis Jack White, membre du groupe rock "The White Stripes" vu dans "Coffe and Cigarettes" (2003) de Jim Jarmush et "Retour à Cold Mountain" (2003) de Anthony Minghella et qui retrouve Scorcese après le documentaire "Shine a Light" (2008)... Le film débute avec pas mal d'images d'archives (réelles et imaginées) pour contextualiser les faits, puis pour nous immerger plus facilement dans une époque et un univers en pleine Années Folles, Scorcese se focalisant sur une période entre 1921 et 1929. La première chose qu'il faut noter c'est que Scorcese reste très fidèle au déroulement des faits le film est donc historiquement passionnant. Pour appuyer son approche des faits, Scorcese compose un casting avec une majorité de Natifs américains pour incarner leur peuple Osage. 

Mais l'idée de génie du cinéaste est d'avoir modifié la ligne directrice du roman, en effet dans le roman le personnage principal est l'agent du FBI Tom White (joué par Jesse Plemons dans le film), mais Scorcese a préféré choisir comme premier rôle celui de Ernest Burkhart (joué par Di Caprio). C'est un choix aussi malin et judicieux, d'abord parce que l'intérêt psychologique de ce personnage est bien plus riche et complexe qu'un flic sans lien avec les Osages, puis l'autre intérêt est préciser par Scorcese lui-même : "Pourquoi faire un film sur Tom White quand il s'agit de l'histoire des Osages ? (...) Le livre fonctionne mais le risque était que le film soit l'énième histoire d'un sauveur blanc, un agent du FBI qui débarque et résout les problèmes... " C'est le gros point fort du film, outre une mise en scène qui oscille constamment entre les scènes intimistes et les plans larges sur les ranchs, les champs de puits de pétrole ou la petite ville de Fairfax. Mais la durée du film est tout de même de 3h26, le réalisateur ne peut empêcher quelques passages à vide ou légères longueurs, tandis qu'on s'étonne que le frère Bryan Bukhart/Scott Sheperd ne soit pas impliqué durant le film. Di Caprio et De Niro sont une fois de plus épatants, mais c'est Lily Gladstone qui s'avère l'âme du film, et l'icône des Osages. Néanmoins, Scorcese signe une fresque criminelle aussi fascinante et tragique qu'effroyable, où la soif de l'or noir a ouvert la voie à des massacres qu'on peut considérer comme un relent des guerres indiennes. Un grand film.

Note :                 

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17/20