L'Air de la Mer rend Libre (2023) de Nadir Moknèche

Nouveau film du franco-algérien Nadir Monèche connu pour des films comme "Le Harem de Madame Osmane" (2000) ou "Délice Paloma" (2007). Réalisateur-scénariste il co-écrit son scénario avec le débutant Michael Barnes et avec Naïla Guiguet scénariste des films "La Croisade" (2021) et "L'Innocent" (2022) tous deux de et avec Louis Garrel ainsi que du récent "Le Retour" (2023) de Catherine Corsini... À Rennes aujourd'hui, Saïd habite encore chez ses parents et vit une relation amoureuse secrète avec Vincent. Incapable d'affronter sa famille il accepte un mariage arrangé avec Hadjira. Elle aussi s'avère résignée à obéir après une histoire d'amour malheureuse et des démêlés avec la justice. Piégés tous les deux, ils font bonne figure pour les noces et s'unissent malgré eux. Ils vont apprendre à se connaître au sein d'un foyer qui est comme une prison et malgré leur secret... 

L'Air de la Mer rend Libre (2023) de Nadir Moknèche

Lui est interprété par Youssouf Abi-Ayad, acteur méconnu mais a déjà tourné plusieurs courts métrages essentiellement dans des thématiques LGQBT et quelques longs comme le film inédit et encore inconnu "The French Boys 4" (2022) de David Chausse, Patrick Fabre et Simon Frenay. Elle est incarnée par Kenza Fortas révélée dans "Shéhérazade" (2018) de Jean-Bernard Marlin, vue ensuite dans "BAC Nord" (2021) de Cédric Jimenez, "Overdose" (2022) de Olivier Marchal et "Une Nuit" (2023) de et avec Alex Lutz. Citons ensuite les familles avec Saadia Bentaïeb omniprésente des derniers mois avec "L'Homme Debout" (2023) de Florence Vignon, "Toni en Famille" (2023) de Nathan Ambrosioni , "Anatomie d'une Chute" (2023) de Justine Triet et également encore en salles "Le Règne Animal" (2023) de Thomas Cailley, Zinedine Soualem vu dans "Divertimento" (2023) de Marie-Castille Mention-Schaar, "Sous le Tapis" (2023) de Camille Japy et "Umami" (2023) de Slony Sow, Lubna Azabal vue récemment dans "Pour la France" (2023) de Rachid Hami et "Le Bleu du Caftan" (2023) de Maryam Touzani mais surtout actrice fidèle du réalisateur Nadir Moknèche après "Viva Laldjérie" (2004), "Goodbye Morocco" (2012) et "Lola Pater" (2017), Zahia Dehar ex-escort girl médiatique (ne revenons pas là-dessus) aperçue dans "Joséphine s'arrondit" (2016) de et avec Marilou Berry et révélée avant tout dans "Une Fille Facile" (2019)  de Rebecca Zlotowski, Arturo Giusi Périer apparu dans les excellents films  "Le Tigre et le Président" (2022) de Jean-Marc Peyrefitte, "Une Jeune Fille qui va Bien" (2022) de Sandrine Bonnaire ou "Mascarade" (2022) de Nicolas Bedos, Mehdi Boudina aperçu dans "Sauvage" (2018) de Camille Vidal-Naquet et "Comment je suis devenu Super-Héros" (2021) de Douglas Attal, Karina Testa vue entre autre dans "Frontière(s)" (2007) de Xavier Gens, "Switch" (2011) de Frédéric Scoendoerffer ou "Les Rascals" (2023) de Jimmy Laporal-Trésor, et Vincent Heneine essentiellement apparu à la télévision malgré les films "L'Ordre et la Morale" (2011) de Mathieu Kassovitz ou "L'Odyssée" (2016) de Jérôme Salle... Le film débute aussitôt par le mariage, un mariage où on sent le et les malaises, les non-dits, les gênes pour au final que tous fassent bonne figure. Mais on constate aussi que la famille n'est nullement extrèmiste, ou même intolérante et/ou mal intégrée, au contraire cette famille organise un mariage arrangée presque par accident en témoigne les frères et soeurs aînés qui ont pu faire leur choix. C'est là toute l'intelligence de Nadir Monèche, éviter les clichés inhérents aux familles maghrébines et/ou à leur lien avec le mariage arrangé.

L'Air de la Mer rend Libre (2023) de Nadir Moknèche

Mais a contrario, le cinéaste tombe exactement dans le contraire avec la représentation de l'homosexualité, faisant du jeune homme gay une sorte de érotomane ouvert à toutes les pratiques, des pratiques par ailleurs qui n'ont rien d'exceptionnellement gay. Toutes les parties gay s'avèrent une collection de caricatures aussi inutiles que maladroites. Le plus intéressant reste ce parallèle entre elle et lui, deux prisonniers de ce qu'ils sont, et de ce qu'ils représentent pour leur famille, des parias qu'il faut sauver et remettre dans le droit chemin. En cela l'Islam montre les mêmes travers que nos familles chrétiennes d'il y a pas encre si longtemps. Les convenances, la mariage, les apparences, les enfants... etc... L'autre bonne idée est d'avoir éviter de placer l'histoire dans un contexte de cité ou d'un ville trop "musulmane" comme c'est souvent le cas, Marseille, région parisienne ou le Nord, pour une fois on est en Bretagne, et Rennes offre une particularité séduisante qui évite d'autres poncifs sur les secteurs "habituels". Le chapitrage n'est pas très probant, il aurait alors fallu traité plus à fond les autres personnages alors qu'on reste focalisé sur le couple ; il ne suffit pas de découper le récit par des encarts pour créer des chapitres. Cette histoire de couple est avant tout celui d'une famille engoncé dans un Islam bancal et hypocrite (soudain elle prend le voile et la prière, on sait qu'il est gay mais on ferme les yeux,...), forcément à cheval entre religion et tradition et une société chrétienne plus libertaire. En conclusion, une histoire contemporaine qui oscille entre des parties pleine d'acuité et maladresses narratives mais ça reste un regard singulier et intéressant.

Note :                 

L'Air rend Libre (2023) Nadir MoknècheL'Air rend Libre (2023) Nadir Moknèche

12/20