La Dernière Marche (1995) de Tim Robbins

Acteur connu surtout grâce aux films "The Player" (1992), "Shorts Cuts" (1993) et "Prêt-à-Porter" (1994) tous trois de Robert Altman, et surtout avec le succès mondial de "Les Evadés" (1994) de Frank Darabont qui a dû sans doute avoir son importance pour le choix de son projet en tant que réalisateur. Déjà passé derrière la caméra avec "Bob Roberts" (1992) il a cette fois pour projet d'adapter le livre autobiographique "Dead Man Walking" (1993) de la soeur Helen Prejean (Tout savoir ICI !), justement sorti alors qu'il tournait dans une prison, et qui rejoint politiquement son idéologie. En effet, Tim Robbins est aussi très actif politiquement, fervent démocrate avec son épouse, la star Susan Sarandon qu'il a connu sur le film "Duo à Trois" (1988) de Ron Shelton. Lui tenant particulièrement à coeur, il fait tourner sur ce film plusieurs membres de sa famille (parents, frères et soeurs dont David Robbins en tant que compositeur), et font appel à un ami démocrate, la star Sean Penn et accessoirement ami proche et ex-amant de Susan Sarandon. Notons que l'histoire se déroule en 1984 en Louisiane, et lors à l'époque le personnage principal a été exécuté par chaise électrique, pratique désormais inexistante puisque l'état a choisi l'injection létale en 1993, le réalisateur-scénariste a décidé de retranscrire cette modification. Précisons également que le titre en V.O. "Dead Man Talking" est un terme utilisé pour prévenir les effectifs quand le condamné quitte sa cellule vers son exécution. Le projet bénéficie d'un trio Robbins-Sarandon-Penn assez impliqué de par son message pour baisser leur cachet habituel ce qui permet un budget serré de "seulement" 11 millions de dollars. Le film est un succès engrangeant plus de 83 millions de dollars au box-office Monde. En prime la critique est bonne et le film est multiprimé dont un Ours d'argent à Berlin pour Sean Penn et un Oscar de la meilleure actrice pour Susan Sarandon... Matthew Poncelet est un condamné à mort pour un crime horrible, dont il nie son implication totale et actif reportant la faute sur son complice qui n'a été condamné que à la perpétuité. Isolé dans le couloir de la mort il écrit à une association et fait ainsi la connaissance de la soeur Helen Prejean. Cette dernière accepte de le rencontrer et malgré son appréhension devant un être remplit de haine elle accepte petit à petit de le visiter et de le soutenir. Une relation qui va devenir difficile mais elle va assumer son rôle surtout quand il va apprendre que la date de son exécution a été décidée...

La Dernière Marche (1995) de Tim Robbins

La soeur Helen Prejean est incarnée par Susan Sarandon actrice de films comme "The Rocky Horror Picture Show" (1975) de Jim Sharman, "Les Prédateurs" (1983) de Tony Scott, "Thelma et Louise" (1991) de Ridley Scott ou "Les Quatre Filles du Docteur March" (1994) de Gillian Armstrong. Le condamné à mort est incarné par Sean Penn acteur caméléon flic dans "Colors" (1988) de Dennis Hopper, GI dans "Outrages" (1989) ou avocat véreux dans "L'Impasse" (1993) tous deux de Brian De Palma. Parmi les proches de la soeur citons sa maman alias Lois Smith qui a débuté dans "A l'Est d'Eden" (1955) de Elia Kazan, et vue peu de temps avant ce projet dans "Beignets de Tomates Vertes" (1991) de Jon Avnet ou "Chute Libre" (1993) de Joel Schumacher, Robert Prosky vu dans "Le Solitaire" (1981) de Michael Mann, "Horizons Lointains" (1992) de Ron Howard ou "Mme Doubtfire" (1993) de Chris Columbus, Margo Martingale remarquée juste avant dans "La Firme" (1993) det "Sabrina" (1995) tous deux de Sydney Pollack avant de confirmer son statut de second rôle dans de nombreux autres films. Parmi les parents des victimes citons Raymond J. Barry vu dans "L'Année du Dragon" (1985) de Michael Cimino ou "Né un 4 Juillet" (1989) de Oliver Stone, Celia Weston révélée dans "Le Carrefour des Innocents" (1989) de Hugh Hudson et vue plus tard dans "Loin du Paradis" (2002) de Todd Haynes ou "Le Village" (2004) de M. Night Shyamalan, puis R. Lee Ermey sergent culte de "Full Metal Jacket" (1987) de Stanley Kubrick vu ensuite dans "Mississippi Burning" (1988) de Alan Parker ou "Leavong Las Vegas" (1995) de Mike Figgis. Citons ensuite Scott Wilson révélé dans les chefs d'oeuvres "Dans la Chaleur de la Nuit" (1967) de Norman Jewison et "De Sang Froid" (1967) de Richard Brooks et remarqué encore récemment dans "Hostiles" (2017) de Scott Cooper, Barton Heyman vu dans "L'Exorciste" (1973) ou "La Chasse" (1980) tous deux de William Friedkin, Nesbitt Blaisdell vue juste après dans "Addicted to Love" (1997) de Griffin Dunne et "In and Out" (1997) de Frank Oz, Larry Pine aperçue dans "La Folie aux Trousses" (1982) de Sidney Poitier et "Vanya 42e Rue" (1994) de Louis Malle, puis enfin n'oublions pas Jack Black aperçu dans "Demolition Man" (1993) de Marco Brambilla ou "Waterworld" (1995) de et avec Kevin Costner mais encore la star comique de "Rock Academy" (2003) de Richard Linklater ou "Tonnerre sous les Tropiques" (2008) de et avec Ben Stiller... Le film sort à une époque où le genre a un regain d'intérêt, le sujet étant en effet brûlant aux Etats-Unis alors que l'ADN permet de rouvrir de dossiers et donc de relancer le débat. Ainsi on peut citer sur la même période les films "Juste Cause" (1995) de Arne Glimcher, "Dernière Danse" (1996) de Bruce Beresford, "Le Droit du Tuer ?" (1996) de Joel Schumacher voir même "La Ligne Verte" (1999) de Frank Darabont. Le sujet est un débat interminable, et en connaissant les opinions de Tim Robbins (et de Susan Sarandon et de Sean Penn) on se doute d'emblée que le film va être une histoire dirigée avec une morale qui se veut "humaniste" quoiqu'il arrive bien aidé par un matériau d'origine signée d'une religieuse. Bref sur le propos et le message on s'attend évidemment à un message de "tolérance", de pardon et donc contre la peine de mort.

La Dernière Marche (1995) de Tim Robbins

Pourtant, on doit saluer un effort du cinéaste pour ne pas être manichéen, ou du moins il ne se facilite pas les choses en nous montrant un condamné absolument abject et ce, même s'il s'avère innocent (on le saura plus tard). Une caricature de raclure de bidet qui s'adoucit juste parce que la solitude pèse, puis parce qu'il se doit de faire une effort (énorme pour lui !) s'il ne veut pas que la religieuse stoppe ses visites. Une religieuse qui n'est pas habituée à ses visites pénitentiaires acceptent une mission sans vraiment savoir pourquoi, mais aider son prochain semble suffire. Le plus intéressant n'est pourtant pas les dialogues entre elle et le condamné, mais plutôt la réaction et le lien entre la religieuse et les parents des victimes, ce sont ces scènes qui apportent l'émotion et la réflexion. En ce qui concerne ce Matthew Poncelet/Penn on se moque bien des "nuances" qu'il apporte pour s'innocenter, il est si peu humain qu'il reste d'une antipathie (et c'est peu de le dire) affligeante et pitoyable malgré une performance démente de l'acteur... ATTENTION SPOILERS !... il n'est pas innocent, il cherche juste à éviter la chaise jalousant son complice, son ego prend le dessus, la fin est juste symptomatique de son hypocrisie et de sa lâcheté, seule la venue de la mort lui arrache quelques semblants d'humanité... FIN SPOILERS !... Les flash-backs sur le crime (un calvaire...) n'étaient peut-être pas spécialement utiles, il s'avèrent mal placés dans le récit, dans un ton délavé il est étonnant qu'ils apparaissent alors qu'on a avant ou après un gros plan sur le religieuse qui suggère donc qu'elle peut imaginer le déroulement des faits. C'est impossible et donc cette construction narrative est aussi maladroite que malaisante. Un tel film, normalement anti-peine capitale, s'avère un peu bancal sur son message au vu du but à atteindre selon Tim Robbins. On peut se dire que le film amène au débat, sur tout les acteurs sont impressionnants avec quelques passages particulièrement marquants comme le rendez-vous avec les parents de la jeune femme ou le retour suite au malaise. 

Note :  

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11/20